J’ai fait allemand deuxième langue. Il m’en reste quelques moments que mon égo se plaît à considérer comme glorieux, un peu d’insolence en cours pour faire sourire la classe, un 17 venu de nulle part au bac ; d’autres nettement plus oubliables, au hasard un échange scolaire à Münich guère utile pour travailler la Langue (sans surprise) et la langue (hélas).


 Il m’en reste quelques bribes encore, pour sortir un jeu de mots de derrière les fagots qui peine mal à masquer mon indicible putain-de-bordel-d’enculé-d’arbitre-de-merde courroux.

J’ai toujours, été Platinien comme d’autres sont Platoniciens. Intellectuellement l’un m’était manifestement plus accessible que l’autre, et mon ego (encore lui !) s’accommodera facilement de ne pas m’attarder sur mes relations tumultueuses avec la philosophie. Au passage, tout cela est bien dommage, car être un peu plus philosophe et un peu moins supporter m’eut probablement été d’un grand secours hier soir pour soigner ce fameux courroux.
Platinien jusqu’au bout du oui michel ! de novembre 81 j’ai donc toujours eu une oreille plus que bienveillante pour ses théories, en particulier celle concernant la vidéo et le foot.
Vidéo killed the radio star et Demis Roussos, dont le physique de radio semble évident à tous, peut en témoigner. Enfin il pourrait puisqu’aux dernières nouvelles il n’est plus en état de faire une grecque dans les gradins du Karaïskaki qu’illuminèrent de leur ferveur il y a 10 ans magic, green et autres fous furieux de notre bon peuple vert.

Après les radio stars c’est autour de la passion dans le ballon rond, et n’en déplaise à Jean Pierre François il n’y aucun point commun si ce n’est donc l’identité du tueur.
Platoche l’avait prophétisé, pointant du doigt à la fois le fait que l’esprit du foot, son essence, serait remis en cause, mais aussi que la justice, l’équité n’en sortiraient pas grandies.
Notre passion s’étiole oui, à chaque but qu’on n’ose plus célébrer guettant l’intervention d’un vidéaste foireux planqué derrière sa cabine. Comment aimer encore ce sport qui se prive de ce qui fait son plus grand charme. Quel plus grand plaisir, aux confins de l'orgasme, qu’une explosion de joie sur un but de son équipe ? Avant le VAR bien entendu. Car désormais, il faut attendre. De longues minutes. Dans le pire des cas, notre plaisir, on le ravale avec cette terrible impression de se sentir bête d’avoir cru aussi fort au bonheur. Dans le meilleur des cas, le bonheur est dilué, et n’a plus de goût, un peu comme le vin que ma grand-mère s’acharnait à couper avec de l’eau. Un peu comme comme une autorisation administrative qu'il faudrait obtenir avant de jouïr. Coïtus Interruptus ? Coïtus detritus ajouterais-je si j'étais sûr ne pas en avoir perdu mon latin.
Un foot sans décharge d’adrénaline, un foot dénaturé, un foot de pisse vinaigre et de peine à jouir, voilà ce que le VAR nous propose.

Depuis hier nous avons également la preuve que, non content de dénaturer un match (14 minutes d’arrêt de jeu lors de cet insupportable Bordeaux-Sainté), il n’en corrige aucune injustice. Et c’est à vomir. Les tenants de l’assistance vidéo nous ont de tout temps servi l’argument imparable du caractère insupportablement faillible du jugement humain. Mais qu’a-t-on fait sinon déplacer ce jugement faillible du terrain à une cabine ?
Qui pour croire que le guignol derrière son écran ce mercredi soir, qui a le pouvoir d’alerter (ou pas) Turpin lorsqu’il considère qu’il a commis une erreur manifeste serait moins faillible ou plus honnête que lui ?
Choisir d’appeler ou non Turpin est en soi une décision arbitraire plus qu’arbitrale. Même prise à la vue d’images et de multiples ralentis, c’est dans 80% des cas une décision discutable, fruit de l’interprétation d’un seul cerveau humain qui peut être influencé par tout ce qu’on peut imaginer, la qualité de la nuit qu’il a passée, la qualité de l’accueil du club hôte, un vieux contentieux avec une des deux équipes, ou au hasard une pression politique pour favoriser le gerbant axe PLM. 

Hier trois décisions au moins rentrent dans la catégorie arbitraire. Le pénal qu’aucun Bordelais n’a osé réclamer tant la main est aussi peu nette que volontaire, sans le VAR n’eut probablement jamais été sifflé. Et il n’est pas besoin de sondage pour affirmer que la justice ne s’en serait pas moins bien portée. La faute sur Khazri est légère, mais sifflable. Le VAR n’est pas intervenu et c’est discutable. La justice n’y a rien gagné. Lorsqu’il décide enfin d’annuler un carton rouge après deux ou trois minutes d’hésitation, Turpin, appelé par le VAR décide donc de ne pas sanctionner un geste d’humeur qui, certes n’était pas très violent, mais pourtant bien réel. Et qui aurait au passage été évité si Turpin avait sanctionné plus tôt le tirage de maillot de Selnaes, et pas attendu que Sankharé se fasse justice lui-même.
Trois situations, trois décisions discutables. Et le sentiment que la justice eut été mieux servie ce soir- là sans le VAR. Car outre le fait que sur chacune des trois actions, la décision ne semble pas particulièrement plus juste, les trois ont été prises à l’avantage des Bordelais.

Und ich frage mich, VARum ?