Un Bordeaux sans aucune saveur - rageant de ne pas gagner un match tellement dominé !


On va commencer par ce qui restera de ce match : la grève des ultras. Que chacun en juge la pertinence à sa manière, mais le résultat a été spectaculaire : entendre un gardien donner ses consignes aux défenseurs comme en district, ça en ferait presque froid dans le dos. Il est plus qu'urgent de ne pas tomber dans le piège de l'affrontement ultras/reste du club ; l'ennemi est ailleurs.

Revenons au jeu. Les compositions d'équipe reflètent à merveille ce qui était attendu :

Image

A Sainté, on cherche la gagne avec la meilleure équipe possible - Hamouma, plus frais, étant préféré à Mollo. A Bordeaux, compte tenu des blessés et de la demi-finale à venir, Gillot aligne une équipe expérimentale : seuls 4 ou 5 joueurs peuvent être considérés comme des titulaires habituels ; Planus et Plasil sont d'ailleurs laissés sur le banc. Le duo de récupérateurs Biyogo-Poko / Traoré est une invention du soir, tandis que la ligne d'attaque Saivet/Rolan/Faubert n'a pas dû s'observer beaucoup en rencontre officielle.


Individuelle au milieu

On sait depuis 2012 que Gillot n'a pas peur des choix tactiques originaux. Après une prise de poste difficile fin 2011, l'ancien technicien sochalien n'a pas eu peur de réintroduire la défense à 5, qui avait disparu en France. Dans le Chaudron, c'est le Guy Roux des années 90 qui a dû savourer : ressusciter le marquage individuel intégral au milieu de terrain, on s'attendrait presque à voir revenir Sabri Lamouchi et Moussa Saïb. Si à cela, vous ajoutez des ailiers très bas même quand les latéraux adverses ne montent pas, vous avez une équipe qui est là d'abord pour ne pas prendre de but. En première mi-temps, les Verts n'auront en effet qu'une seule occasion de contre, et encore : à la 39', un corner repoussé se transforme en contre bordelais, lui-même stoppé par Hamouma revenu défendre dans sa surface et auteur d'une ouverture lumineuse immédiate pour Aubame - qui n'a malheureusement pas le coup de rein nécessaire pour éviter le retour de Sané.

Voilà la principale explication de l'absence de rythme globale de cette première période. On assistera à deux périodes de poussées vertes (autour de la 15' et de la 30'), réhaussées de quelques fulgurances isolées. L'entrée de Plasil à la 38' à la place d'Obraniak blessé va stabiliser Bordeaux, qui finira mieux la mi-temps, mais avec un seul éventuel bout d'embryon possible de situation pouvant mener à une hypothétique occasion de frappe à la 37'.


Réponse en trois points

Pourtant, les stéphanois vont identifier (et mettre en oeuvre) 3 solutions différentes pour passer outre le bloc aquitain :
1) Quoi de mieux que de rendre un marquage individuel inopérant que de dézoner ? : Cohade va particulièrement se montrer au début de match (avant de baisser de pied), avant que Guilavogui ne prenne le relais (quand Obraniak a joué sur une jambe entre la 22' et la 38')
2) L'apport des défenseurs : les 4 vont s'y lancer à un moment donné - pas tous avec la même réussite - y compris Bayal (au passage, superbe ouverture pour Cohade à la 3') et Zouma
3) L'apport du surnombre dans l'axe par Hamouma : c'est ce qui va créer les plus grosses opportunités, pour lui ou pour ses coéquipiers : 13', 32', 35' pour les plus marquantes

Qu'est-ce qui a manqué pour marquer ? Jamais le terme "émoussé" n'aura été si bien adapté à l'ASSE cette saison : la lame est certes encore solide, mais le tranchant n'est plus assez aigu. C'est exactement ça : le bloc défensif a été très solide et bien en jambes, mais l'attaque s'est révélée défaillante. Combien de centres contrés, de passes ratées dans la zone de vérité, de conclusions gâchées ? Brandao (a-t-il gagné ne serait-ce qu'un duel ?) et Aubame sont exténués, ça se voit ; Hamouma, très actif, a par contre eu beaucoup de déchet et manqué de réussite - ah, ce duel perdu contre Carrasso à la 35'...


Carrasso fait le job

En début de deuxième période, on note un changement tactique de chaque côté : Bordeaux tente de jouer plus haut ; le milieu stéphanois tourne sa pointe vers devant. Les deux éléments conjugués (plus d'espace et la sécurité d'un Lemoine plus bas) permettent à Guilavogui de se mettre en évidence ; c'est lui qui sonnera la charge, comme lors de cette action individuelle à la 50' - mais Carrasso sera impeccable, comme tout au long de la période. Il y aura 3 phases de poussée (autour de la 60', autour de la 70', entre la 80' et la 85'), mais la conjonction manque de lucidité offensive / bonne forme de Carrasso suffit à sauver un Bordeaux toujours aussi inoffensif. Les différents remplacements ne changent pas la donne.

Il y a une dernière chose qui risque de rester de ce match : les ratés répétés de PEA - comme contre Lyon. C'est certain que voir un joueur de cette qualité manquer autant de réalisme à ce moment-là de la saison, avec les enjeux que l'on sait, a de quoi rendre fou. Mais n'oublions pas qu'Aubame a déjà joué l'équivalent de 40 matches entiers avec l'ASSE cette saison, sans compter le poids de la sélection nationale, qui l'a notamment empêché d'avoir des vacances pendant 2 ans. Il faut bien que ça se paye à un moment. Il n'empêche que même diminué, à l'image de l'équipe, PEA s'est battu jusqu'au bout pour obtenir une victoire...qui devient impérative à Lorient.