Avant la rencontre de Coupe de France entre Boulogne et Sainté, Nicolas Marin a bien voulu se prêter au jeu de l'interview. Il fait montre d'un amour inconditionnel pour les Verts et nous bluffe par sa mémoire !


Nous avons appris avec peine ta blessure récente. Comment est-elle survenue ?
C'était la veille du match contre le Red star. Il restait cinq minutes dans l'ultime confrontation de l'entraînement du jour. J'ai reçu un ballon d'un partenaire, j'ai voulu dribbler et je me suis pris un coup dans le genou, celui où je m'étais fait les ligaments cet été. Il a tourné. J'ai vraiment eu peur, mais ce n'est finalement qu'une entorse. J'en ai donc que pour 15 jours. Malheureusement, je vais sans doute rater la rencontre contre Sainté. J'en suis vraiment peiné, j'aurai tellement aimé être de la partie pour jouer contre mon club de cœur. Mais c'est le football, c'est comme ça ! Cela dit, je compte bien aller à la rencontre des supporters stéphanois, s'ils se souviennent de moi ! Je serais ravi de les retrouver à la fin du match, par exemple.

Tu es déjà retourné, par ailleurs, à GG, dans sa nouvelle configuration ?
Non, j'étais à l'étranger ces dernières saisons. Je n'ai pas encore pu m'y rendre ! Mais je compte bien le faire. Je veux emmener mon fils aîné, Lucas, au stade !

C'est un supporter des Verts, ton fils ?
Oui ! Il a suivi mon parcours à l'époque. Tout ses copains lui ont un jour demandé « alors, ton père il a joué à Sainté ? » Il a su répondre. Evidemment, je lui ai tout raconté. Je lui dit, d'ailleurs, que mon premier but en professionnel, contre l'Estac, avait eu lieu pour sa première fois au stade !

Et il joue au foot, comme son père ?
Il est dans un club, oui. Il a joué contre Lyon ce week-end avec son équipe. Il m'a dit « c'est un peu mon derby » ! Ils ont perdu 5 à 2, mais il a mis les deux buts ! Il m'a un peu vengé.

Comment on trouve la force de retrouver le terrain, après une rupture des ligaments croisés à 34 ans ?
C'est l'amour du foot, tout simplement. Beaucoup de gens m'ont dit: « t'es fou de vouloir revenir à tout prix !» Je suis assez fier de mon retour, je n'ai mis que cinq mois et quelques jours pour retrouver le terrain. Les mêmes personnes m'ont félicité d'avoir retrouvé, si vite, la pelouse. Après, c'est vrai que c'est particulièrement dur. Je vais avoir 35 ans l'été prochain et je voulais, cette saison, revenir en France, à Boulogne, où le président m'a fait confiance malgré mon âge. J'ai été absent une bonne partie de la saison et quand je reviens, je me re-blesse. Je n'ai pas eu de chance cette année ! Mais je ne vais pas me plaindre, jusque-là je n'avais jamais connu de blessures sérieuses.

Tu penses continuer encore longtemps ?
Si je peux oui ! Je pense conserver une bonne hygiène de vie, donc tant que je pourrai, je continuerai. Mais si je vois que je n'ai plus d'opportunités, j'arrêterai. C'est la vie d'un footballeur que de mettre un terme à sa carrière.

Ton contrat court jusqu’à quand ?
J'avais une année de contrat plus deux options de reconduction automatique d'un an. La première si je jouais vingt matchs et la seconde en cas de montée en Ligue 2.

Justement, la saison de Boulogne est plutôt réussie (4e). Penses-tu que l’équipe est capable de rejoindre la Ligue 2 en fin de saison ? Vous êtes sur une excellente dynamique avec une seule défaite depuis fin octobre…
L'équipe est très cohérente, elle joue vraiment bien au ballon, on s'entend tous bien et l'état d'esprit est irréprochable. Ce qu'il faudrait c'est que tous les joueurs en prennent pleinement conscience et se persuadent qu'il y a un coup à jouer. Quand je vois les trois équipes au-dessus de nous, je pense que l'on n'a pas grand chose à leur envier. Si on arrive à s'en convaincre, on peut jouer vraiment la montée. On a d'ailleurs un beau match à jouer contre Strasbourg (6e) ce week-end.

Vous avez un entraîneur assez jeune (40 ans), quelles sont ses caractéristiques ?
C'est un entraîneur très minutieux, à la Gourcuff un peu. Il aime le jeu placé, c'est un fin tacticien qui connaît très bien le football. Il a fait une montée avec Vannes, il a de l'expérience. Avec ce qu'on produit avec lui, en terme de football, on peut vraiment aller en Ligue 2.

Votre effectif compte dans ses rangs deux autres anciens Verts, Jody Viviani et Stephen Vincent. Suivez-vous tous les trois les rencontres de l’ASSE et parlez-vous souvent du club ?
Je connaissais Jody Viviani depuis un bout de temps. On avait le même agent. Il est arrivé à Sainté quand je suis parti, c'est là qu'on avait fait connaissance et puis on s'est retrouvé ensemble en Grèce. Nous sommes devenus très amis. Quand le tirage pour la coupe de France a donné la confrontation contre Sainté, on s'est appelé directement et nous étions très contents ! Stephen, je le connaissais lui, de mon passage à l'ASSE où il était, quand j'évoluais en équipe première, au centre de formation. Pour tous les trois, c'est un joli clin d'oeil !

Doit-on se méfier d’un joueur en particulier, du côté de Boulogne ?
Haha ! (rires) Oui, il y en a. Mais je ne veux pas faire injure aux autres. Il y a une bonne petite équipe qui joue bien et s'entend bien aussi. Le collectif a bien pris et je ne veux en ressortir personne en particulier. Notre système de jeu est bien huilé aussi ; collectivement on est au point.

Pour le prochain match, on s'inquiète de l'état de la pelouse. Que peux-tu nous en dire ?
En général, elle est de très bonne qualité. En revanche, c'est vrai que lorsqu'il pleut, la pelouse a du mal à se désengorger de l'eau accumulée, le drainage n'est pas terrible.

Ca peut vous arranger non ?
Je sais pas. On aime bien jouer au ballon, on a une équipe qui aime ça, nous ne rentrons pas dedans comme ça se fait parfois en National. Après, notre objectif c'est clairement la montée. La coupe de France, c'est vraiment du bonus, l'occasion de faire un exploit comme Grenoble contre Marseille, par exemple. Et puis, pour les jeunes, c'est une très bonne expérience.

Un petit prono ?
Non, no comment (rires) !

Qu’évoque, pour toi, l’ASSE aujourd’hui ?
En deux ans, j'ai vécu énormément de choses. Je ne peux sortir qu'une seule image ! Je pense à mon premier but devant mon fils qui vient pour la première fois de sa vie au stade, je pense au but de Bridonneau contre Châteauroux avec cette ambiance exceptionnelle à Geoffroy-Guichard, je pense aux cérémonies à l’hôtel de ville. J'ai vécu tellement de beaux moments ! Et puis, j'ai rencontré énormément de gens qui m'ont touché. Pour reprendre une formule de Julien Sablé, que j'ai eu au téléphone il y a trois jours, j'ai le cœur vert ! Même mon père, il m'a dit qu'il avait vécu parmi ses plus belles émotions. Je me souviens aussi, après mon doublé contre Auxerre, que j'avais reçu une lettre d'une supportrice enceinte. Son mari et elle [ndp2 : les potonautes Fofie et Almanzor] me disaient qu'ils allaient appeler leur enfant Nicolas  ! Ce sont des choses géniales qui marquent à vie. Une autre anecdote : à Centre Deux, une supportrice se met à pleurer en me voyant. Ce sont des images dont je me souviendrai toute ma vie. Ça a été très fort.

Tu as toujours continué à suivre la L1 et Sainté  ? Que penses-tu de leur saison en cours ?
Je suis le football français, et tout particulièrement les Verts, c'est vrai. La première partie de saison fut excellente, depuis janvier c'est plus compliqué avec quatre défaites et deux nuls. Ils sont dans une spirale négative. Mais ça n'enlève rien à cette équipe qui fait partie, pour moi, des cinq meilleures de France. Ils ont un très bon entraîneur, des joueurs confirmés. C'est une belle équipe.

Toi qui es né à Marseille, as-tu suivi particulièrement le match de dimanche soir ?
Je l'ai suivi oui ! Mais j'attendais mon fils, alors j'ai suivi jusqu'à 1-2, j'étais content de voir qu'Erding a égalisé. La première mi-temps a été pas mal du tout. Et puis l'entrée de Batshuayi a tout changé. C'était très agréable à regarder comme match.

Vous méfierez-vous d'un joueur en particulier ?
C'est collectivement que c'est fort !

Toi qui es un ailier, tu apprécies plutôt Hamouma, Gradel ?
Hamouma j'adore ! Je l'aime beaucoup. Il n'est pas reconnu à sa juste valeur. Gradel aussi est très bon, il a d'ailleurs fait un superbe match contre Marseille. Et puis, vous avez aussi Cristiano Ronaldo à gauche aussi non ? (Rires) Il me fait rire, Mollo.

Un entraîneur et un joueur t’ont-ils marqué durant ta carrière ?
Antonetti, c'était le summum ! Un grand tacticien, un grand meneur d'homme, c'était quelqu'un qui avait des « couilles », qui savait comment motiver avant un match. Je ne vais pas faire injure à d'autres entraîneurs, mais quand j'en vois certains qui ont entraîné l'OM ou d'autres clubs... Je pense qu'Antonetti aurait mérité d'entraîner un club du top 3, c'est un manque de respect que de ne lui avoir jamais proposé.

Tu ressortirais un joueur, aussi, qui t'aurais particulièrement marqué ?
En meneur d'homme, je dirai Julien Sablé. Il m'a pris sous son aile à mon arrivé à Sainté. Ça m'a beaucoup aidé. Je le connaissais déjà de Marseille, mais en dehors et sur le terrain, il a été un coéquipier parfait. Il mouillait bien le maillot aussi ! Après, je ne peux pas ne pas parler de Feindouno, il avait des qualités pour aller très haut. Je pense qu'il s'est reposé sur ses qualités intrinsèques, il n'a pas forcé. Ça a été un beau joueur, mais pour moi, il aurait du aller beaucoup plus haut. Mais si tu n'es pas sérieux dans la vie de tous les jours, ça ne peut pas marcher.

Avec qui es-tu resté en contact, à part Julien Sablé ?
Bafé, jusqu'à ce qu'il parte. Je me faisais la réflexion l'autre jour : tous les joueurs de l'équipe de la montée ont arrêté ; il n'y a qu'Hérita (Illunga) et moi qui jouons toujours.

Tu as connu Bernard David à Auxerre. Tu peux nous en dire un mot ?
On avait une relation particulière. Quand j'étais à Auxerre, c'était mon mentor ! Je l'ai connu quand il était directeur du Centre de formation et que j'évoluais en pro là-bas. Il a cru en moi et pour ça je lui fait un petit clin d'oeil. Il m'a toujours soutenu et poussé pour que je crois en mes qualités. Vous avez fait un très bon choix en le recrutant. C'est un excellent formateur. Il a d'ailleurs été l'un des plus jeunes à son poste en France, c'est dire ses qualités. Il est très à l'écoute, c'est un fin psychologue. Quand je redescendais en CFA après m'être entraîné la semaine avec les pros, il me disait qu'il fallait que je prenne ce temps de jeu comme une opportunité de me montrer, que c'était dans mon intérêt de jouer le plus possible. C'est aussi un très bon meneur d'hommes.

Et toi, quand tu jouais à Sainté, tu pariais sur l’émergence de certains joueurs ?
C'est toujours facile de dire après. Cela dit, trois joueurs m'avaient impressionné, trois jeunes qui évoluaient avec nous : Loïc Perrin, Bafé Gomis et Lawrence Qwaye. Antonetti ne s'était pas trompé d'ailleurs, il avait rapidement fait confiance aux deux premiers. Je me souviens d'un match contre Créteil, il avait donné sa chance à Bafé puisque Lilian Compan était blessé et Bafé avait marqué !

Ton choix est plutôt étonnant pour Lawrence Qwaye !
Je me souviens d'un joli pion contre Gueugnon, où on avait gagné 2-0 ! Après, c'est vrai qu'il est vite parti au Quatar, pays pour lequel il a été naturalisé. Mais il y fait une belle carrière quand même !

Que gardes-tu de tes différentes expériences à l'étranger ?
J'ai bien voyagé, découvert d'autres manières de concevoir le football. Je sais que certains me diront que j'étais un « mercenaire » mais c'est ce que je voulais faire. Mon seul regret, et je l'ai toujours dit, c'est d'être parti trop tôt de Sainté. Mais sur le reste, aucun regret. Ni la Grèce, ni la Suisse, ni l'Angleterre, ni Dubaï. Après, c'est vrai que j'ai été un peu égoïste vis-à-vis de ma famille, mais je voulais vraiment voyager. Je ne garde que de bons souvenirs. D'ailleurs, je pense que certains championnats ne sont pas reconnus à leur juste valeur, comme le suisse ou le grec. Il faut voir le niveau affiché en champion's league par des clubs comme Bâle ou l'Olympiakos, c'est plus qu'honorable ; je ne dis pas que j'ai joué dans de grandes équipes à l'étranger, mais il faut reconnaître le niveau des meilleurs d'entre-elles. Un truc qui m'aurait plu, en revanche, c'est de jouer en Premier League. Mais si ça ne s'est pas fait, c'est que je n'ai pas été assez bon.

Penses-tu à l’après, quand tu auras terminé ta carrière ? Tu as déjà des projets de reconversion ?
J'aimerais bien rester dans le football. Mais je n'ai rien arrêté comme idée pour l'instant. Savoir où quoi ou comment, c'est encore un peu vague. En revanche, si Bernard David m'appelle...

Merci à Nicolas Marin pour son amabilité et sa disponibilité.