Les Verts ont subi les attaques adverses à Montpellier, mais ils ont bien défendu. Et à la fin ils ont de nouveau gagné, ce qui reste le plus important dans le sprint final.
"Victoire laborieuse" - c'est comme ça que le coach stéphanois décrit le résultat qui voit son équipe se hisser à la 5e place du classement. Ça n'a pas été facile, c'est sûr, mais c'était un choix tactique ("on avait décide de se mettre un peu plus bas car on savait que Montpellier allait pousser"). Et avec une ouverture du score précoce et un Ruffier toujours très bon en dernier rempart, ça a été un choix payant. Mais avant de regarder l'opposition tactique entre les deux équipes, quelques statistiques sont particulièrement intéressantes.
Les chiffres ne sont pas tendres avec les Verts. Pas moins de 25 tirs subis (certes, très souvent de loin, sans aucune conviction) et une possession surprenante. Si elle a été équilibrée lors de la 1MT (50%), l'ASSE a eu seulement 29% de possession en 2MT. De la part d'une équipe qui tourne à une moyenne de 50% (bien plus les derniers mois), c'est presque choquant. C'était probablement délibéré, Montpellier n'étant pas habitué à avoir le ballon et l'ASSE préférant le jeu en contre. On le voit d'ailleurs dans le choix d'abuser des dégagements de Ruffier (87% de ses passes, contre seulement 60%), malgré le très faible rendement (25% réussis, contre 40% en moyenne). Et quand on rajoute le faible pourcentage des passes réussies par Cabella en 2MT (71% contre une moyenne de 82%), on comprend mieux que les Stéphanois n'ont rien construit et ont subi attaque après attaque.
Les chiffres ne sont pas tendres avec les Verts. Pas moins de 25 tirs subis (certes, très souvent de loin, sans aucune conviction) et une possession surprenante. Si elle a été équilibrée lors de la 1MT (50%), l'ASSE a eu seulement 29% de possession en 2MT. De la part d'une équipe qui tourne à une moyenne de 50% (bien plus les derniers mois), c'est presque choquant. C'était probablement délibéré, Montpellier n'étant pas habitué à avoir le ballon et l'ASSE préférant le jeu en contre. On le voit d'ailleurs dans le choix d'abuser des dégagements de Ruffier (87% de ses passes, contre seulement 60%), malgré le très faible rendement (25% réussis, contre 40% en moyenne). Et quand on rajoute le faible pourcentage des passes réussies par Cabella en 2MT (71% contre une moyenne de 82%), on comprend mieux que les Stéphanois n'ont rien construit et ont subi attaque après attaque.
1MT : contre un 3-5-2
Si on analyse le match d'un point de vue tactique, Montpellier a démarré la partie dans son désormais classique 3-5-2 : non seulement les Verts ont su le bloquer, mais ils ont aussi appuyé là où ça fait mal pour ouvrir le score.
Les deux systèmes en place sont visibles dès le début du match :
On peut ainsi voir le 4-4-2 défensif de l'ASSE et les 3 défenseurs centraux, 3 milieux axiaux et 2 milieux latéraux (les "pistons") de Montpellier. Leurs 2 avant-centres se placent dans la défense, occupant 3 défenseurs : c'est Gabriel Silva qui a le rôle d'aider ses centraux, donc Debuchy est en charge du milieu gauche. Ce qui laisse donc le milieu droit à la charge de KMP. Le ballon est passé entre les défenseurs et la sentinelle adverse, sans solutions :
Le bloc stéphanois est bien en place : les couloirs sont couverts par Debuchy et KMP et le triangle au milieu de Montpellier est en infériorité numérique. Pour les adversaires, la seule possibilité de construire une attaque est de faire monter un ou deux de leurs défenseurs, ce qu'ils ne veulent pas faire pour ne pas se découvrir.
Cette attaque ne donne rien qu'un long ballon balancé vers les attaquants, sans autres options. Et une minute plus tard, une autre attaque de Montpellier :
Un des avant-centres essaye de créer un décalage en s'excentrant sur la gauche, mais Debuchy et KTC ont suivi. Il essaye donc de changer de côté, mais KMP a bien suivi son adversaire direct (Gabriel Silva aidant toujours dans l'axe) et intercepte la passe. Le ballon arrive à M'Vila, qui ne déclenche pas un contre, mais préfère temporiser pour construire proprement :
Avec Selnaes et Cabella, le ballon arrive à droite à Debuchy, pendant que KMP se replace en attaque...
... du même côté que Hamouma, où il est trouvé par la passe lobbée de Debuchy. Sur cette image on peut voir comment les trois éléments offensifs des Verts (Hamouma, Beric, KMP) se placent en duels 1-contre-1 avec les trois défenseurs adverses. KMP préfère revenir en arrière avec Selnaes...
... qui demande à M'Vila d'envoyer le jeu côté gauche. Tout le monde coulisse vers ce côté, ce qui laisse Cabella et Debuchy libres à droite. Le centre du latéral stéphanois au deuxième poteau est repoussé en touche par la défense et Gabriel Silva effectue la remise en jeu :
M'Vila reçoit le ballon et on peut observer un alignement 3-contre-3 entre les milieux axiaux des deux équipes. Sauf que Cabella fait un appel entre les lignes et reçoit la belle passe de M'Vila, pendant que pour Montpellier le milieu latéral sort sur Gabriel Silva...
... ce qui laisse sa défense centrale en infériorité numérique. Beric, KMP et Hamouma sont de nouveau placés dans l'axe. Et comme Cabella a passé la ligne des milieux, un défenseur central doit sortir : un autre marque Beric et le 3e se retrouve seul avec KMP et Hamouma. Le premier participe à l'un-deux avec Cabella et le deuxième est donc libre dans l'axe pour recevoir la passe et ouvrir le score. Le milieu latéral gauche de Montpellier a été naïf sur cette action, mais s'il avait serré dans l'axe, Debuchy aurait été seul au deuxième poteau...
Rien que sur cette double attaque stéphanoise, on voit que les Verts savaient comment mettre à la faute la défense adverse, en obligeant les défenseurs à se trouver dans des duels individuels, où l'avantage technique était du côté de l'ASSE...
2MT : contre un 3-4-3
L'ASSE n'a pas continué à pousser, laissant Montpellier casser ses attaques dans le bloc stéphanois. Et comme ils avaient du mal à créer des décalages, leur staff a procédé à un ajustement tactique assez tôt en 2e période : dès la 55e, le latéral gauche a été remplacé par un joueur avec un profil plus attaquant, qui a souvent abandonné son couloir à un milieu central qui s'excentrait. Par exemple :
Le 4-4-2 défensif stéphanois est toujours là, tout comme les 2 avant-centres dans la défense. Si le piston droit est dans son couloir, sous la responsabilité de KMP (Gabriel Silva toujours dans l'axe), le piston gauche entre dans l'axe, obligeant Debuchy de serrer aussi. C'est donc un milieu central qui s'excentre à gauche, en "piston" et il doit être pris par Bamba (entré à la place de Hamouma, monté en avant-centre à la place de Beric, sorti).
On peut clairement parler d'une réorganisation tactique pour Montpellier, qui passe de 3-5-2 à 3-4-3 et pour mieux comprendre pourquoi on a souffert suite à ce changement, on regarde un autre exemple :
Le jeu est envoyé de la défense centrale à droite, au milieu latéral pris par KMP. Le bloc stéphanois est bien en place est on peut très bien voir les trois défenseurs KTC-Subotic-Silva bien serrés autour des deux attaquants et Debuchy qui se fait amener dans l'axe par le milieu latéral gauche. Un appui sur un avant-centre, une passe en retrait à un milieu axial qui organise le jeu...
... et le décalage est créé dans le couloir gauche, où le milieu central devenu piston est libre dans le dos de Bamba. C'est donc Debuchy qui doit sortir le bloquer, laissant ses coéquipiers en déséquilibre dans la surface, en 4-contre-4. Ce genre d'attaque a été répété à de nombreuses reprises en 2MT, Bamba ayant du mal à bloquer son couloir, mais la défense stéphanoise a été héroïque, repoussant tous les ballons - dans cet exemple, c'est Debuchy qui contre le centre, concédant le corner.
Conclusions
Les Verts ont été très bien tactiquement en première période : ils ont su déséquilibrer leurs adversaires et bien bloquer leurs attaques une fois le score ouvert. En seconde période, par contre, les Stéphanois ont souffert, le changement tactique de Montpellier a été pertinent. Et finalement le choix d'abandonner le ballon et de défendre bas a été payant, malgré les nombreux contres mal exploités. 13 matchs sans défaite, 5e victoire en 6 matchs (plus un nul contre Paris), 3 victoires consécutives, l'ASSE est en train de réussir un incroyable sprint final, se plaçant déjà à la cinquième place à trois journées de la fin du championnat.
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