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Nicolas Marin ne laisse que rarement indifférent. Idole des plus jeunes (il suscitait, dans sa période stéphanoise, l’une des plus fortes ventes de maillots), adulé par la gent féminine, il réussit même la performance d’inspirer, par sa verve un beau soir de septembre 2004, quelques mères en mal d’inspiration !
Il n’y a guère que quelques amateurs de football qui trouvaient à redire sur ses performances sur le terrain...
Nicolas est né le 29 août 1980 à Marseille. Il commence à pratiquer le football à l’age de 6 ans dans un petit club de quartier de la cité phocéenne et intègre ensuite le club des Cayolles, cher à Jean Tigana, puis celui du Burel FC, réputé pour son sens de la formation. Il y reste jusqu’à l’age de 14 ans, respirant le plaisir d’une pratique du foot sans pression et l'amour de sa ville: "Quand je vivrai à Marseille, j’essayerai de rester dans le sport, peut-être dans l’encadrement avec la ville. Sinon, on verra bien… Marseille, c’est ma ville, ça représente tout pour moi. Chaque fois que je retourne à Marseille, j’allume un cierge à Notre-Dame-de-la-Garde. Je lui confie mes joies, mes peines. Elle est toujours avec moi, dans ma tête".
A Marseille, cet attaquant véloce se fait déjà remarquer. Il participe ainsi aux sélections inter-districts, avec Julien Sablé notamment, lui aussi natif de la ville. C’est lors de l’un de ces matches que l’œil vif d’un recruteur auxerrois le repère. Après avoir visité les installations du club bourguignon, il n’hésite pas et intègre le prestigieux centre de formation de Guy Roux.
Nicolas Marin face à Deguerville lors d'un Auxerre-Bastia en 2002
Et les choses commencent plutôt bien pour lui. Il remporte, dès sa première année, le titre de champion de France de -15 ans. Il gravit peu à peu les échelons et passe un vrai cap au contact du coach de CFA2 (Auxerre ayant la particularité d’avoir trois équipes seniors, fait unique sur le territoire), Claude Barret, qui lui demande façon Mémé de muscler son jeu. Il arrête alors ses études en BEP comptabilité pour se consacrer au football à 100%.
En mai 2000, il signe son premier contrat pro avec l’AJA. Mais Nicolas Marin végète en CFA, il ne jouera son premier match professionnel qu’en janvier 2002, pour un Auxerre-Bastia. Il rentre alors à la mi-temps mais ressort à un quart d’heure de la fin, Guy Roux lui préférant un joueur plus défensif pour protéger le score (1-0). Nicolas vit très mal ce moment là. Il fait alors des allers retours entre la CFA et le banc, sans jouer beaucoup. Il ne foulera les pelouses de Ligue 1 que la saison suivante (2002-03) pour une cuisante défaite 3-0 à Lyon. Guy Roux l’alignera tout de même épisodiquement en Coupe de France et en Coupe de la Ligue.
Les dirigeants stéphanois avaient déjà l’œil sur Nicolas Marin depuis quelques mois. Sentant le bon coup alors que lui se morfond dans l'Yonne, ils lui proposent un contrat de deux ans avec un peu plus de garanties de jouer. Ne croulant pas sous les offres, Marin se retrouve donc tout naturellement dans l’effectif d’une maison verte en pleine reconstruction à l’orée de la saison 2003-04. Et il ne va pas trahir la confiance que les Verts ont placé en lui.
Superbe but de Marin face à Lens en 2005
Cet attaquant (ou ailier droit) au petit gabarit (1,71 m pour 70 Kg) est pour sa première saison, l’un des chouchou du Chaudron. Capable de dribbler en moins de trois mètres deux défenseurs, un arbitre, un juge de touche, un poteau de corner et accessoirement un panneau publicitaire, Nicolas fait montre de toutes ses qualités, en plus de quelques défauts criants. Sa qualité de dribble et son explosivité ne peuvent cacher son manque de discernement dans le geste final, tant devant le but qu’au moment de centrer. Il a par ailleurs, et notamment à ses débuts, encore du mal à gérer ses efforts de façon linéaire, occasionnant régulièrement des fins de matches sur les rotules, ce qui oblige alors son entraîneur à le remplacer avant le terme.
Pour autant, il joue 39 matches cette saison-là dans l’équipe championne de France de Ligue 2, et inscrit 7 buts. L'ASSE décroche le titre de champion de L2 en grande partie grâce à lui mais Antonetti ne le ménage pas, avec des coups de gueule à son encontre restés célèbres. Toutefois, il voit en lui un vrai potentiel que n'avaient pas su déceler les dirigeants auxerrois. Malgré ses lacunes, Marin conserve la confiance du staff stéphanois pour la remontée en L1. Tout roule pour lui: "La montée en L1 avec Saint-Etienne, ça été le plus beau moment de ma carrière".
Nicolas Marin lors d'un match contre Strasbourg en 2005
Car Antonetti parti, Baup l'imite en le faisant jouer régulièrement la saison suivante, tout du moins en début de saison. Pour son retour dans l'élite, Nicolas Marin apparaît 29 fois sur la pelouse, mais ne marque que 4 petits buts. Sa fin de saison est difficile et il semble que Nicolas plafonne dans sa progression. Son point d’orgue se situe le 22 septembre 2004, pour la réception… d’Auxerre. Revanchard, Marin, qui n’est plus d’eau douce, réalise un beau doublé et laisse exploser sa joie un point rageur devant un Guy Roux médusé. Il marque également, un peu par chance, lors d’un magnifique derby perdu 3-2 à Geoffroy Guichard ainsi qu'en Coupe de la Ligue d'une frappe imparable à Lens.
Face à Gregory Coupet lors du fameux derby de 2004-05
Sans grande surprise après une saison mi-figue mi-raisin, cet admirateur de Ludovic Giuly, de house et de rap et dont le meilleur ami n’est autre que Philippe Mexès ne conserve pas sa place dans l’effectif stéphanois. L'ASSE vient de terminer 6e et nourrit de fortes ambitions qui ne cadrent pas forcément avec le niveau attendu de Nicolas Marin. Le club le prête alors à Sedan en Ligue 2, avec une option d’achat obligatoirement exerçable en cas d’accession en Ligue 1. Pourtant, il ne fait pas l'unanimité dans les Ardennes et son style péroxydé tranche un peu avec les valeurs attendues dans ce club populaire: "Sedan est un club qui ne déchaîne pas les passions. Un truc qui m’agace ici, c’est la mentalité du public. On m’a collé une étiquette de branleur parce que j’ai les cheveux décolorés, que je suis percé et un peu fashion. Mon look extraverti ne passe pas à Sedan, et je trouve dommage qu’on me juge sur l'apparence."
Pas rancunier, il participe quand même au retour des Sangliers dans l’élite au travers de 33 matches, pour trois petites réalisations. Alors que son temps de jeu s’étiole au fil du temps, Nicolas Marin a tout à (re)prouver pour son (re)retour dans l’élite et il y parvient très bien: 31 matches pour 5 buts lors de sa 2e saison ardennaise puis 30 matches (pour un petit but) sous ses nouvelles couleurs lorientaises en 2007-08. Le natif de Marseille devient un joueur qui compte en Ligue 1.
C'est le moment, pense-t-il, de tenter sa chance à l'étranger, en Angleterre plus précisément, ce championnat qui le fait rêver, même s'il n'y débarque qu'à l'étage inférieur, au Plymouth Argyle. A peine 6 matches et 6 mois plus tard, le revoilà de retour en France, mais toujours en 2e division et toujours sur une île: il est prêté au SC Bastia. Il y fera une demi-saison pleine (16 matches, 3 buts) avant de revenir à Lorient durant l'intersaison.
Sedan, Lorient, Bastia: le tour de France de Nicolas Marin
Cependant, les temps ont changé et Marin n'est plus à sa place sur le port breton. Tant pis pour la mer, il l'abandonne pour la montagne ! Nicolas s'engage au FC Sion à l'été 2009. Son aventure suisse est particulière: pendant 2 saisons, il joue régulièrement (50 matches dont 2 en Europa League), marque peu comme à son habitude (6 buts) et voit défiler pléthore d'entraîneurs (Didier Tholot, Bernard Challandes et Laurent Roussey). Mais malgré que Marin plante à Sion, il part à l'été 2011 sur un succès en Coupe de Suisse: le FC Lausanne-Sport lui fait les yeux doux et son président n'a pas franchement envie de le retenir: "Marin est un musicien du groupe dont je dois encore régler le dossier afin que la partition soit bonne !" dira ce dernier
Sa saison 2011-12 sera plutôt bipolaire puisque Nicolas dispute 15 matches (4 buts) lors de la première demi-saison en Suisse puis 17 matches (1 but) lors de la seconde partie de saison à Dubaï Club aux Emirats Arabes Unis
Sion puis Lausanne: la Suisse, terre de cocagne pour Nicolas
A l'aube de la saison 2012-13, à 32 ans, il s'engage avec le Skoda Xanthi, en D2 Grecque. Il y retrouve alors deux compatriotes: Stéphane Darbion et l'ancien Vert Jody Viviani. L'occasion de disputer 28 matches et de scorer à 3 reprises. En juillet 2014, il retrouve là encore Jody Viviani en signant à l'US Boulogne Côte d'Opale, en National. Las dès le mois d'aout, il se brise les ligaments croisés du genou dès la première journée du championnat et se retrouve indisponible pour 6 mois avant même d'avoir eu sa chance. A 34 ans, la fin de carrière se fait proche pour l'ancien trublion stéphanois.
Interlude convaincant pour Marin à Xanthi
Depuis ses débuts à Saint-Etienne, le virevoltant ailier n'aura jamais disputé moins de 20 matches par saison, quel que soit l'horizon qu'il aura choisi pour assouvir sa passion. Plutôt pas mal pour un joueur à qui on promettait une carrière ratée, tant pour ses qualités footballistiques que pour son caractère bien trempé. Lui savoure sa victoire, celle d'avoir su s'imposer presque partout où il est passé, malgré ses quelques défauts: "A l'étranger, j'ai découvert une autre culture, une mentalité différente. Je suis parti à un moment où j’en avais besoin. Beaucoup de gens avaient une mauvaise image de moi, car je montrais du caractère sur le terrain. J’en avais marre qu’on me fasse passer pour quelqu’un que je n’étais pas. J’ai beaucoup mûri, j’ai eu deux enfants et aujourd’hui, je suis plus posé. Mais j’ai toujours envie de gagner et je reste râleur sur le terrain !"