Promu en Ligue 1 avec le Gazélec Ajaccio, l'ancien attaquant stéphanois Kevin Mayi a répondu aux questions des potonautes avec une franchise mâtinée d'humour.


Sais-tu que tu as une éphéméride dédiée sur Poteaux-carrés ? (Danish) 

C'est peut-être un signe du destin qu'un article soit créé pour le jour de ma naissance. Franchement, je ne le savais pas du tout. Pourtant je connais bien votre site, je le suis depuis l'âge de 13 ans. Même quand je suis parti dans les clubs où j'ai été prêté, j'ai pu suivre l'évolution des jeunes de Saint-Etienne grâce à Poteaux Carrés. 

Quels sont tes meilleurs souvenirs de formation ? (bfb2)

C'est un paradoxe, mais ce sont mes deux finales de Gambardella : une année avec ma génération et une autre avec celle d'Idriss Saadi, un an plus tôt. Ce sont des bons souvenirs avec aussi, ma première entrée en Ligue 1, contre Marseille à Geoffroy-Guichard (ndp2 : 0-0, le 7 mai 2012)

Quels sont les entraîneurs qui t'ont marqué au centre ? (bfb2) 

Il y a d'abord Philippe Guillemet, c'est lui qui a été mon mentor quand je suis arrivé au centre de formation. Dès l'âge de 14 ans, il m'a pris : j'avais beaucoup de difficultés techniques, tactiques, physiques. C'est lui qui m'a fait franchir le plus gros cap de ma formation. Il m'a pris presque de rien, je dirais, j'avais des qualités brutes, il a réussir à les transformer, à les polir. Il y a aussi Abdel Bouhazama. J'étais aussi un peu le chouchou de Romain Revelli lorsqu'il était entraîneur des 16 ans nationaux : il m'a apporté de la confiance. J'avais des qualités, et c'est une des plus grosses saisons que j'ai faite en 16 ans nationaux. J'ai marqué des buts, notamment le but en finale du Tournoi de Montaigu que nous avions remporté. Abdel, lui, il m'a vraiment forgé le mental. Je crois que c'est le coach qui m'a le plus marqué : ce n'est pas pour rien qu'on l'appelait « Le filtre » ! (Rires) C'était une légende, mais on se disait que, quand on passait l'étape Abdel, après il nous restait une chance sur deux de décrocher le contrat pro. Vraiment, mentalement, il nous forgeait, j'ai vu des gars de 18, 19 ans pleurer. Il arrivait à nous faire pleurer, mais c'était pour nous solidifier. J'ai eu également Jean-Philippe Primard en équipe réserve, mais ça basculait souvent entre les U19 et la CFA, ce qui fait que je ne l'ai pas eu une saison complète. Il m'a appris des choses, mais il n'a pas eu trop le temps. 

Quel a été ton sélectionneur préféré dans les équipes de France où tu es passé ? Celui qui a eu le plus confiance en toi ? (osvaldopiazzolla) 

Je dirais que j'ai eu deux sélectionneurs parce que les catégories se suivaient. J'ai d'abord eu Pierre Mankowski pendant deux ans. Il m'a pris parce que j'étais un jeune joueur qui commençait à avoir du temps de jeu avec des entrées en L1. J'ai eu aussi Willy Sagnol qui venait de débuter comme coach, au Tournoi de Toulon, avec les Espoirs : c'est vraiment le coach qui a vu quelque chose en moi. J'ai senti qu'il y avait, pas de l'affection, mais un respect mutuel entre nous.

As-tu gardé contact avec d'autres anciens jeunes stéphanois du centre de formation ? (Super Friteuse, bfb2)

J'ai gardé contact avec mon grand ami Polomat, avec Zouma également, on a grandi ensemble. Je peux citer également Ismaël Diomandé, que j'ai un petit moins que les autres. Il y a aussi Ruben Aguilar, qui a fait son trou à Auxerre, Mohamed Maouche, qui a été une très belle rencontre pour moi et joue désormais à Lausanne. Mon ami intime c'est Rémi Martinet, le gardien de but, qui a fait beaucoup de catégories jusqu'en CFA. En pro, il y a eu Josuha Guilavogui, qui était un peu mon grand quand j'arrivais. Avec Yohan Mollo, on s'écrit de temps en temps. Il y aussi Flo Pogba sans oublier Max Gradel que je respecte beaucoup. Et je n'oublie pas Idriss Saadi, on est resté en contact.

Si tu devais résumer ton état d'esprit vis à vis de l'ASSE aujourd'hui, ce serait encore un peu de rancœur ? Passé à autre chose ? Supporter du club malgré tout ? Les trois ? (bfb2)

Déjà, j'ai un grand respect pour ce club de Saint-Etienne. Si j'en suis là aujourd'hui, c'est quand même grâce à ce club. Mais j'avoue aussi que j'ai un peu de rancœur : à mon goût, et à celui de personnes extérieures, le coach Galtier ne m'a pas assez laissé ma chance. Je le dis comme ça, il trouvait que je n'avais pas les qualités. Parfois on voit bien que certains joueurs dans d'autres clubs, même si Saint-Etienne est un meilleur club que ces clubs-là, ont leur chance et sortent un peu plus. J'ai fait un match en Coupe de France contre Caen : j'avais marqué un but et fait une passe décisive. C'est le seul match où j'avais été titularisé (ndp2 : victoire 3-2 à d'Ornano le 6 janvier 2013). Je m'en veux à moi-même parce que j'ai peut-être été un peu suffisant à certains moments, mais je ne m'en veux pas qu'à moi-même. Si j'avais eu un peu plus ma chance, je ne m'en serais voulu qu'à moi-même. 

Après ta belle prestation en coupe à Caen, je me suis dit : ça y est, c'est parti pour Mayi. Alors pourquoi ça a été sans lendemain ? (Olaf) 

C'était dans un contexte de Coupe d'Afrique des Nations. Certains joueurs étaient partis à la CAN, donc ça m'avait laissé un peu de temps de jeu. Je me suis dit qu'après une performance comme ça, le coach allait me renouveler la confiance et me mettre en L1, sachant que les mêmes joueurs étaient encore absents. Il ne l'a pas fait, il n'a pas eu confiance, parce que, peut-être, la Coupe avait un peu moins d'enjeu, ce que je comprends largement. Ça ne m'a pas un peu baissé mon moral, mais j'ai attendu et à un moment donné, « je m'entraînais » pour jouer tout le temps en CFA. J'essayais de rendre service comme je pouvais, mais j'avais vraiment envie de jouer en pro. 

Avec l'équipe une, tu as joué 13 matches sous le maillot vert mais seulement 137 minutes. Qu'est ce qui t'a manqué pour t'imposer à l'ASSE ? (maxarthur)

Hormis mon unique titularisation contre Caen, je n'ai joué que des bouts de matches. Parfois juste une poignée de minutes. J'avais quand même réussi à me créer quelques occasions mais c'était compliqué, difficile. Je n'étais pas irréprochable au niveau de mon hygiène de vie. Je ne buvais pas, je ne fumais pas. Mais c'était la première fois que je prenais un appartement, et en guise de nourriture, je ne me faisais que des pâtes, ne variais pas les produits. Je ne travaillais pas avec une diététicienne comme certains le font. Je pense que ce sont des détails qui ont fait que ça n'a pas marché. Je manquais aussi, peut-être de caractère : je suis entré dans le bain en me disant que j'étais le petit jeune, issu du centre et qu'on allait me faire des cadeaux, mais il n'y a rien eu, aucun cadeau. Avec un peu plus de caractère, comme en a eu Idriss Saadi, j'aurais pu décrocher un peu plus de matches. 

D'où vient ce surnom de Colonel Mayi à Sainté ? (Tom)

(Rires !) Ça vient de mon ami Aubameyang : chaque fois qu'on se serrait la main, on appelait ça un check, c'était le symbole de « Bonjour mon général, bonjour mon Colonel ». Quand j'ai marqué, à Caen, il m'a dit : « Bien joué, Colonel ! ». Et c'est resté. 

Pensais-tu avoir le niveau pour t'imposer à Sainté ? On a l'impression que tu n'as jamais eu l'occasion te libérer et d'exprimer tes qualités... (epicentre)

Je comprends ton ressenti, je le respecte. Je n'ai jamais eu l'occasion de m'exprimer. Je faisais des entrées de match, mais je ne les faisais même pas à la suite. Quand je jouais, je me disais : « C'est ma seule chance, une chance de 10 minutes. Si je fais mal, est-ce qu'il va pouvoir me renouveler ce peu de confiance qu'il me donne ?" Je jouais un peu en tremblant : au début, j'y suis allé très relâché, et, à force, j'ai vu que le temps passait, que je devais m'imposer, et je ne me suis pas assez libéré. Je me suis dit que je devais jouer juste, mais j'aurais dû plus me libérer. Avec deux ou trois matches de 90 minutes dans les jambes, j'aurais pu montrer autre chose, j'en suis persuadé. 

Ne penses-tu pas que tu aurais dû être prêté plus tôt (un an plus tôt) pour avoir une chance de t'imposer à Sainté ? (Dissident)

Tu as tout résumé. J'aurais dû être prêté plus tôt. En plus, l'année où je commençais un peu à entrer, c'est l'année ou Brandao fait sa meilleure saison, où Aubameyang est en pleine bourre, l'année où les attaquants ont eu le maximum de statistiques. C'était trop dur, on ne pouvait pas compter sur la mauvaise performance d'un des attaquants pour enquiller. Donc, avec un prêt, je n'aurais pas forcément fait une grosse saison dans le club où j'aurais été prêté, mais j'aurais acquis de l'expérience.

As-tu eu l'impression de perdre du temps à un moment de ta post-formation à Sainté ? (Dissident)

Largement ! Tu es dans mon cerveau Dissident, non ? (rires) J'ai perdu du temps. Il faut résumer les choses telles qu'elles sont. Quand je vois un joueur que j'aime beaucoup comme Idriss, qui jouait à mon poste, c'était ma concurrence directe, les prêts qu'il a faits lui ont permis d'acquérir de l'expérience. A cette heure-ci, s'il n'avait pas été blessé, il serait à 25 pions et serait le meilleur buteur de L2.

Quelles relations avais-tu avec Christophe Galtier ? (cedric26, Tom)

Bah, on va dire que ce n'était pas très intime. Pour résumé la situation, c'était une relation coach-joueur. Pas plus. J'avais plus de proximité avec le coach Revelli. En deux ans, en tant que pro, Christophe Galtier a dû me parler deux fois à tout casser. C'est pas qu'il ne m'aimait pas, c'est juste qu'il comptait plus sur d'autres joueurs, du coup c'était légitime qu'il s'occupe plus d'eux et qu'il les mette en confiance. Je ne lui en veux pas pour ça.

Galette est souvent accusé de ne pas faire confiance aux jeunes. Qu'en penses-tu, au-delà de ton cas personnel ? (Olaf, cedric26)

Franchement, pour avoir un avis tout à fait objectif, moi je pense que le coach Galtier fait plus confiance aux gens d'expérience. Mais ça ne veut pas dire qu'ils ne sont pas jeunes, mais ça veut surtout dire qu'ils ont des matchs derrière eux, des gens de 24-25 ans, qui ont déjà joué. Mais ceux qui commencent à sortir du berceau, il ne leur fait pas confiance, tout simplement. On a un peu vu cette année Saint-Maximin, mais si faire confiance c'est de ne plus le faire jouer...

On a parfois l'impression que Galette hésite sur certains jeunes, on le voit avec Allan Saint-Maximin mais aussi avec Jonathan Bamba. Qu'en penses-tu ? (Tom)

Je ne vais pas être tout à fait objectif parce que c'était un peu mes protégés quand j'étais au centre de formation. Ils me disaient : "on veut être comme toi, on veut réussir comme toi, on adore tes qualités". Je les ai vu grandir un peu, j'ai suivi leur performance en CFA et je trouve qu'ils sont pétris de qualités. Quand je vois des Cornet à Lyon par exemple et que je vois les Allan et Jo Bamba à Sainté, en comparaison les nôtres n'ont pas assez de temps de jeu. Après, je sais bien que l'ASSE est supérieure à beaucoup de clubs en L1. Mais il faut commencer à leur donner du temps de jeu, comme ça ils gagnent du temps pour les saisons qui arrivent. C'est le système des Lyonnais, même si les jeunes ne font pas de bonnes performances dès le début. Un mec comme Tolisso, on ne sait pas d'où il sort mais voilà, il se révèle être un super joueur et il n'est pas meilleur qu'un Bamba ou qu'un Saint-Maximin, même si, bien sûr, ce n'est pas le même poste. 


Quels joueurs t'ont le plus impressionné à Sainté ? (Poteau gauche)

Le premier c'est quand même Loïc Perrin. C'est la classe. Pas juste la classe au niveau français mais la classe mondiale ! Il est fort, il est tactique, il est rapide. Avant les blessures, il faisait partie des joueurs les plus rapides de l'effectif ; en plus, c'est un modèle pour la ville et pour le club. Il a réussi à souvent faire partie des équipes-types de L1. C'est un grand joueur. Il a reçu des offres mais il est quand même resté. Au-delà de ses performances et de ses qualités physiques, c'est un monstre Loïc Perrin ! Avant sa blessure, Jérémy Clément était époustouflant. Guilavogui, lui, m'a impressionné par sa progression. Il est monté en grade en une saison, de fou furieux, qui l'a mené en équipe de France ! Et j'ai été bien sûr impressionné par Aubameyang et sa vitesse phénoménale !

As-tu des regrets d'être parti de Sainté ? (Tom) 

Je n'ai pas de regrets. Il faut dire les choses comme elles sont, ils ne m'ont pas respecté. J'étais quand même un joueur pro. La veille de la reprise du groupe professionnelle, l'année dernière, ils me disent que je vais jouer avec la CFA. J'avais pris exprès un préparateur physique pour être au point pour la reprise. A Niort, ma saison n'avait pas été la meilleure mais je n'ai pas eu aussi les bonnes conditions. Je m'étais dit que j'allais tout mettre en œuvre pour reprendre avec les pros en étant déjà au point physiquement. Après, j'allais leur montrer mes qualités. Ça m'a mis un coup sur le moral. Je suis un humain quand même, hein ! Je sais bien qu'on est des joueurs mais il y a des choses qui blessent. Ça m'a laissé peu de temps pour me retourner. En plus je me suis retrouvé en CFA et le coach Galtier avait donné des consignes comme quoi je n'avais pas le droit de participer aux matchs de la réserve. C'était dur cette intersaison.

Quand as-tu compris que tu ne ferais pas de vieux os dans le Forez ? Lors de ton prêt à Niort ? (cedric26)

Je l'avais un peu senti venir mais je m'étais dit, bon, je suis quand même un produit du club. Le prêt à Niort s'est fait à la dernière minute, ils m'ont un peu forcé la main. Le coach Gastien m'a dit qu'il ne m'avait pas demandé. Je me suis retrouvé dans un truc en me disant « oula ! ». Au début, il m'a fait jouer avec la DH ! Après, je me suis dit, bon, pour m'imposer il faut que je sorte des gros matchs. J'ai pas mal marqué et je l'ai un peu obligé de me prendre dans le groupe pro. La seconde partie de saison a été correcte. 

Qu'as-tu retenu de ton prêt à Niort ? (Super Friteuse)

Je pensais qu'en redescendant d'un niveau, ça allait être "facile" alors que c'est le plus dur. En arrivant, tu te rends compte que le niveau entre la L1 et la L2 est vraiment différent. Il faut déjà s'acclimater à ce championnat , on sait que la L2 est difficile. Pour mon second prêt à Ajaccio, ça m'a aidé. Mais si j'avais fait des matchs complets en L1, ça aurait été plus simple à Niort. Comme à Sainté je n'ai fait que de courtes rentrées, je ne pouvais même pas prétendre être un vrai joueur de l'élite. Ça m'a quand même fait progresser au niveau de l'expérience, mais c'est la seule chose que je retiens de mon prêt à Niort. 

As-tu trouvé de l'assurance à Niort ? Ou mutualisé ton jeu ? (Matrick)

Pas mal ! (rires) Au niveau de l'assurance, non, en raison de mon temps de jeu faible. Mais j'ai côtoyé de bons joueurs, dont certains jouent en L1, des équipes comme Metz contre lesquelles j'ai marqué, etc. Mais sincèrement, je n'ai pas tellement progressé dans mon jeu là-bas.

Quel est ton meilleur poste à tes yeux, ailier ou avant-centre ? (bfb2)

Mes qualités font que je peux jouer ailier gauche, ailier droit et avant-centre. Même sous l'attaquant. A mes yeux, je suis un attaquant de pointe, j'aime prendre la profondeur. Limite, le bon vieux attaquant de pointe qui enchaîne les appels, à la Agüero, quoi. Sur les côtés je me débrouille. Mais je suis obnubilé par le but, donc je préfère être devant pour marquer plutôt que de faire des passes décisives. Je sais bien que c'est égoïste mais je préfère marquer donc jouer dans l'axe. 

Ne penses-tu pas que l'avenir est à la disparition de cette distinction entre ailier et avant-centre, avec la systématisation d'un profil d'attaquant devant être capable de jouer sur toute la largeur du terrain ? (Olaf)

Oui, bien sûr. D'ailleurs, tous les buts que j'ai marqués en amical ou championnat, sont intervenus quand je rentrais dans l'axe, au second poteau. Je n'ai presque marqué aucun but en étant attaquant de pointe ! L'avantage de ce poste d'attaquant de pointe, c'est que tu es figé dans la surface de réparation. C'est mieux !

L'année prochaine, le Gaz montera en Ligue 1. Ça fait quoi, de faire partie des joueurs qui permettent à un petit club d'accéder à une dimension inédite ? (Superfriteuse)

Ça redonne de la confiance, déjà. On se prouve à soi-même qu'on est un joueur de qualité, même si les avis diffèrent ! Pour un petit club comme nous, c'est génial. Dans la ville, certains nous embrassent la main en nous disant merci, on les voit pleurer... Parfois j'ai l'impression que c'est aussi fou qu'à Saint-Etienne, comme si les Verts gagnaient une Ligue des champions ! C'est beaucoup d'émotions.


Quel bilan fais-tu de ta saison avec le Gazélec à titre personnel ? (Tom)

Moi je suis très exigeant avec moi-même. Ma saison est bonne, mais sans plus. En première partie de saison, j'ai un peu lutté pour jouer. Le train était déjà un peu en marche quand je suis arrivé. J'ai mis deux buts lors de mon premier match avec le Gazélec, cela a montré au coach qu'il pouvait compter sur moi. Mais le déclic a eu lieu en janvier. J'ai fait une bonne deuxième partie de saison.


Tu as signé un contrat de combien d'années au Gazelec (cedric26, Tom)

J'ai rompu mon contrat avec l'ASSE l'année dernière pour jouer au Gazelec. Pour l'instant je suis en fin de contrat cet été. Il n'y avait pas d'option en cas de montée. Mais s'ils estiment que j'ai fait une bonne saison, j'espère qu'ils me proposeront quelque chose. C'est cette semaine que ça va se décider, pour tous les joueurs. Personne ne le savait avant. Ils attendaient la montée. Je veux rester même si tout le monde sait que ce ne sera pas la même saison. Sinon ça voudrait dire qu'on va jouer la Ligue des Champions la saison suivante ! (rires) Mais je souhaite poursuivre l'aventure dans ce club qui m'a révélé, bien sûr ! 

Cet été tu vas rester à Ajaccio ou changer d'air ? (Tom)

J'aimerais rester. Un club qui m'a apporté comme ça, il faut lui rendre. Après, dans le foot, on ne sait jamais ce qui peut se passer. 

Si tu restes au Gaz, comment envisages-tu tes possibles retrouvailles avec Sainté ? (Super Friteuse)

Ah bah je viendrai avec un fusil hein ! (rires) Non, je plaisante, ce sera avec beaucoup d'émotions. Un joueur qui a évolué dans un club et qui a été libéré parce qu'on ne croyait pas en lui, il veut prouver, c'est normal. Il faut dire la vérité, ce serait un peu comme une revanche personnelle. Même si je ne fais pas le match de ma vie, ils vont voir que j'ai rebondi, que je me retrouve à jouer contre eux en championnat. Ça veut peut-être dire que je n'étais pas si mauvais que ça. Mais si d'aventure je fais un bon match ou que je marque, je n'irai pas chambrer ou quoi que ce soit. Ce n'est pas mon genre et ils le savent. 

Après les déboires de Luzenac l'année dernière, penses-tu qu'il va y avoir l'affaire Gazelec Ajaccio version 2015-2016 ? Comment est le club par rapport à cela, confiant inquiet ? Et toi ? (cedric26)

Déjà sur Internet, on voit les articles qui demandent si le PSG va pouvoir venir jouer à Mezzavia ! (rires) Je pense que pour les petits clubs comme ça, chaque année, il y a tout le temps ce genre de petites polémiques, pour les infrastructures. Qu'il s'agisse du Gazélec, de Boulogne-sur-Mer quand ils sont montés, c'était pareil. Certains décideurs essaieront de mettre des bâtons dans les roues mais le plus souvent ça passe. Luzenac, c'était un contexte particulier. Nos présidents nous ont dit que des travaux seraient faits pour augmenter la capacité du stade, que des aménagements seront effectués pour recevoir les équipes. Ça devrait passer. Surtout qu'on a certes lutté mais qu'on a terminé deuxième ! Au niveau des joueurs et du staff, il n'y a pas d'inquiétudes ; on parle des vacances, de la reprise... Même s'il y a ce dernier match contre Valenciennes bien sûr. On se voit déjà en L1 au niveau sportif. Au niveau des administratifs, je ne sais pas, je n'ai pas le nez là-haut. Mais je ne sens pas d'inquiétudes particulières. 

Parles-tu parfois de Sainté avec Yoann Andreu, autre ancien Vert ? (Super Friteuse)

Ah ouais ! Surtout que c'est mon complice ici ! On est tout le temps ensemble et bien sûr on en parle souvent. On a que des bons souvenirs. Pour dire la vérité, Sainté, le centre et tout… C'est un grand club. Moi j'adore Saint-Etienne ! Lui, en plus, a joué l'Europa Ligue, qui s'appelait à l'époque la Coupe UEFA. Il a joué un peu plus en pro. Il a gardé vraiment de bons souvenirs de Sainté. Ce sont plus ses blessures qui l'ont freiné. 

Comment décrirais-tu Yoann, humainement et footballistiquement ? (Super Friteuse)

J'apprécie déjà sa simplicité. Il est posé, sympa avec tout le monde. Sur le terrain, il est pétri de qualités. Il a beaucoup progressé tactiquement depuis Sainté, même si le niveau est différent. Il a gardé toutes les bases apprises à Sainté. Mais pour avoir évolué cette saison et la précédente en L2, des joueurs capables de jouer arrière-droit ou arrière-gauche comme lui, je n'en ai pas vu beaucoup. Peut-être 4 ou 5 max !

Comment décrirais-tu ton entraîneur Thierry Laurey ? Est-il comparable à Galette ? (Poteau droit)

Déjà, Thierry Laurey, c'est quelqu'un de très humain. Il est franc et dans le même temps très exigeant. C'est ce qui nous a permis d'être là où on en est aujourd'hui. S'il doit nous crier dessus pour faire telle ou telle chose, il le fera. Il ne fait quasiment pas de différences entre les jeunes et les anciens. Même si, bien sûr, il a du respect pour les carrières. Mais qu'il s'agisse d'un jeune ou un ancien, il cherchera à faire progresser. Il n'a délaissé personne. On a tous progressé d'ailleurs, même ceux qui ont moins joué. Avec Christophe Galtier, c'était totalement différent. Il n'y en avait que pour ceux sur lesquels il comptait. Le coach Galette sait mettre en confiance ces joueurs justement. Il crée une symbiose entre eux et ça donne de supers trucs sur le terrain. C'est un très bon entraîneur. Certes, il m'a délaissé un peu, il m'a fait très peu jouer et ne m'a pas fait confiance, mais sur les résultats, on ne peut pas lui donner tort ! Les résultats parlent pour lui. A mon arrivée au centre de formation, l'équipe première se battait pour le maintien. Depuis qu'il est là, on joue le haut de tableau.

Au-delà de ses relations avec les joueurs, quelles sont les spécificités de ton entraîneur actuel ? (Poteau Gauche)

Thierry Laurey est très tactique, il mise beaucoup sur les placements, etc. Pour tous les postes, il individualise les courses, les déplacements. Il est capable de donner les meilleurs conseils aux attaquants ou aux défenseurs et même aux gardiens ! Il respire le football. A Sainté, avec le coach Galtier, c'était plus une tactique globale, avec un coach pour les gardiens, coach Revelli pour les attaquants, etc. On a aussi un bon coach adjoint au Gazelec : Christian Versini. Il nous fait rire car il compare toujours avec son époque en disant, "avant c'était comme ça" etc. On se rend compte que parfois on est quand même un peu capricieux.

En tant qu'attaquant, que penses-tu de Mevlut et Ricky : ne sont-ils vraiment pas au niveau comme le pensent certains, ou est-ce que le problème est plus généralement lié à notre animation offensive comme nous l'a récemment confié Laurent Roussey ? (Faiseur_de_Tresses)

C'est une question piège ça ! (rires) Cette année je n'ai pas trop compris. La saison où j'étais là, je trouvais que l'équipe développait du bon jeu, qu'elle se procurait beaucoup d'occasions. Cette année, je trouve quasiment que c'est encore mieux, il ya de la construction, ça passe par les côtés, avec Théophile-Catherine par exemple qui amène sur son côté du surnombre. Ce n'est pas pour dire, je suis un attaquant, je sais ce que c'est, mais je trouve que les attaquants vendangent un peu beaucoup. On pourrait être facilement une place au-dessus si on avit converti ne serait-ce que la moitié de nos occasions. Erding, c'est pas le joueur le plus technique du monde mais c'est un super attaquant, dans ses déplacements je suis assez admiratif, et puis il a quand même une sacrée carrière. Ricky, je ne suis pas très fan et je ne suis pas le seul. Je pense qu'il y avait ce qu'il faut au centre de formation ! Je fais référence à Bamba, à Saint-Maximin. Au petit Saint-Louis aussi, qui aurait pu faire quelques banc s et quelques rentrées cette année. Y'a le petit Gattier aussi mais je crois que sa saison a été perturbée par les blessures. Ce qui fait la force de Sainté cette année, c'est la solidité défensive et la grosse saison que réalise encore Loïc. Si je suis le Real, moi je l'achète ! Après, quand je vois que les gens se plaignent en disant que les attaquants ne marquent pas assez etc... Les résultats sont là ! A un match du tour préliminaire de la Champions League, déjà en Europa League, comme cette année – et la précédente - où on tombe dans le groupe de l'Inter et du finaliste ! On nepeut pas dire qu'il y ait du mauvais boulot à Sainté. On est en train de redevenir un grand club de l'élite, il faut dire la vérité.

Vu la saison de Mev et Ricky, ne penses-tu pas que cette saison tu aurais pu apporter devant si tu étais resté? (Dr Makaveli)

Avec des si, c'est un peu facile. Mais oui, je pense que j'aurais pu apporter à l'attaque stéphanoise. Je ne me suis jamais vanté, je suis très humble. Mais j'ai des qualités différentes d'eux et que je peux être complémentaire de joueurs comme Hamoum, Gradel, etc. A mon avis, j'aurais pu faire de bonnes choses, avec quelques matchs dans les jambes bien sûr !

Tu continues de suivre Sainté ? Ton avis pour la dernière journée ? (Poteau gauche)

Je continue bien sûr de suivre les matchs de Sainté. Je suis aussi les matchs de Marseille, dont j'étais fan aussi plus jeune. Au vu des matchs de la dernière journée, je pense que Sainté peut avoir un avantage. Ou Monaco, qui reste le mieux placé. Marseille, ce sera plus dur. J'ai entendu Printant au CFC, je ne pense pas que les Bastiais vont aller au Vélodrome en touristes ! Bastia reste sur une belle série d'invincibilité, ils voudront la préserver jusqu'au bout. Un nul pourrait suffire à Sainté.

Tu serais prêt à revenir à l'ASSE ? (Dr Makaveli)

Franchement, je suis quelqu'un de très orgueilleux et mes proches le savent. Je ne pense pas revenir, non. Je serai toujours respectueux du club mais j'en garde un mauvais souvenir au niveau administratif et professionnel. Après, en ce qui concerne les supporters et l'ambiance, je n'ai pas vu mieux et je ne sais pas si je verrai mieux un jour. Si un jour les supporters me réclamaient, c'est la seule chose qui me ferait revenir. Pas le staff ! Maintenant, ce que Christophe Galtier fait pour le club, c'est remarquable. J'entends beaucoup de gens se plaindre, mais les résultats sont quand même là ! On est peut-être à un match du tour préliminaire de la Champions League ! On est déjà assuré d'être au moins en Europe League, on l'était déjà l'année dernière. Cette année on a été dans le groupe de l'Inter et du finaliste. On commence à redevenir un grand club de l'élite, faut dire la vérité !

 

Merci à Kevin pour sa disponibilité, à Stéphanois et Naar pour la retranscription