Ancien gardien numéro 3 des Verts et actuel portier numéro 2 des Crocodiles, Baptiste Valette nous a confié ses impressions avant de recevoir l'ASSE vendredi en L1 puis mercredi en Coupe de la Ligue.
L’ASSE, qui n’a jamais battu le Nîmes Olympique aux Costières en sept tentatives, va y arriver deux fois en cinq jours. Ça t’inspire quoi ?
(Rires) Ah d’accord, t’as décidé d’attaquer d’entrée ? Écoute, je pense que les séries comme ça, ça veut toujours dire quelque chose. J’espère que la série d’invincibilité ne va pas s’arrêter, on va tout donner pour faire monter à neuf le nombre de matches sans victoire des Verts aux Costières…
A vrai dire, Sainté a déjà gagné dans ce stade en 2004 mais c’était contre le FC Istres d’Adel Chedli. Les Verts avaient gagné 2-0 grâce à des buts de Julien Sablé et Frédéric Mendy malgré l’expulsion de Zoumana Camara.
OK mais ça ne compte pas car ce n’était pas contre Nîmes ! (rires)
Cela fait 431 minutes que les Crocodiles n’ont pas marqué, et je t’épargne le temps additionnel. Pourtant Nîmes a une meilleure attaque que l’ASSE. Pour lequel des deux clubs ce constat est le plus flippant ?
Tu sais, on a quand même la réputation d’être une équipe assez offensive. C’était le cas en Ligue 2. La saison passée, on a fini meilleure attaque avec 75 buts. On tournait donc à une moyenne de 2 buts par match. Mais depuis on a grimpé d’un échelon. C’est beaucoup plus compliqué dans l’élite car les défenses sont plus solides. Mais aujourd’hui, j’ai envie de te dire que le plus important, ce n’est pas le nombre de buts marqués. C’est les points ! Moi je préférerais être à la place de Saint-Etienne qu’à celle de Nîmes. On a marqué un but de plus que les Verts mais on a six points de moins qu’eux. Notre bilan est bien moins important que le vôtre. Il va falloir retrouver le chemin des filets car on doit marquer pour prendre des points. Si t’en marques beaucoup mais que t’en encaisses pas mal, c’est dur de faire des résultats.
Ayant encaissé 18 pions, ton équipe a la plus mauvaise défense du championnat ex aequo avec Guingamp et Amiens. T’expliques ça comment ?
Peut-être par un manque d’automatismes. Notre défense a beaucoup changé comparée à l’année dernière. On manque d’expérience, beaucoup de joueurs n’avaient pas encore évolué en Ligue 1. C’est une découverte. Dans ce championnat, la moindre erreur se paye cash. Je pense qu’on n’a pas dérogé à la règle, on a fait pas mal d’erreurs. On a donné des buts certains matches.
Dans l’euphorie de la montée, vous avez démarré le championnat par deux victoires mais depuis vous êtes dans le dur...
Je pense que t’as tout dit. Dans l’euphorie de la montée, on a très bien débuté. Il y a eu d’entrée de grosses affiches, il y a toujours un surcroît de motivation face aux grosses équipes. On a sorti un très gros match pour battre l’OM. Malheureusement, on n’a pas réussi à prendre des points ensuite contre des équipes de notre zone. On n’est pas parvenu à se détacher. On est sur une série de huit matches sans victoires, quatre nuls et quatre défaites. On attaque à nouveau une série de confrontations où on a des clients en face. C’est là qu’il faut être le plus efficace possible.
Mentalement, sens-tu le groupe nîmois atteint par ce contrecoup ?
Je pense qu’on a été atteint car on était auparavant dans une dynamique de victoires, enclenchée la saison dernière et poursuivie en tout début de saison. Quand le compteur points ne tourne plus, tu prends un petit coup derrière la tête. Mais notre entraîneur est là pour prendre les rênes et nous remettre dedans. Il a toujours eu les bons discours quand on a enchaîné les bons résultats, il ne s’est jamais enflammé. Aujourd’hui il ne nous enterre pas. Une saison, c’est très long. On aura la chance de pouvoir se rattraper lors des matches qui arrivent.
Vous n’avez glané que 4 points sur 24 possibles lors des 8 derniers matches mais tout n’est pas à jeter dans le contenu de vos prestations. Vous auriez même mérité d’accrocher les vilains en banlieue…
Tout à fait, je sais que ça vous aurait fait plaisir en plus ! (rires) On a pu le répéter entre nous mais aujourd’hui on va essayer d’arrêter de dire « C’est dommage, on a fait un bon match. » Tout n’est pas à jeter dans nos performances. Il y a eu de très belles prestations mais on n’a pas réussi à marquer. A Lyon, on a eu plus de frappes qu’eux. Mais au final on a perdu 2-0, ça ne nous fait pas avancer.
La saison dernière, tu avais démarré en numéro trois avant de t’imposer comme numéro un. Comme vis-tu ton nouveau statut de numéro deux, derrière le gardien des Bleuets Paul Bernardoni ?
C’est un petit peu dur, forcément ! Comme tous mes coéquipiers, j’ai vécu la montée, j’y ai participé car j’ai joué 29 matches en L2 plus un match en Coupe de France dans le Chaudron. J’étais très content de ma progression, je m’étais vraiment préparé à jouer en L1. Après, des choix ont été faits. Je dois m’adapter à ce statut de gardien numéro deux. Je sais que dans un club promu comme ça les choses peuvent aller très vite. Je me tiens prêt. J’espère déjà que l’équipe tournera mieux. Si on fait appel à moi, j’espère être au niveau. Je fais tout pour essayer d’aller titiller la place de gardien titulaire. Mais c’est toujours un peu compliqué. L’entraîneur ne va pas changer de gardien comme ça en cours de route. Même si on encaisse, on encaisse, il faut avoir de la confiance à ce poste-là. Aujourd’hui, le gardien qui joue, il joue. On verra bien par la suite ce que ça donne.
Tu t’entends bien avec Paul Bernardoni ?
Oui, il n’y a aucun problème. On travaille, on essaye de donner le meilleur de nous-mêmes aux entraînements pour mériter la place. Des choix sont faits, il faut les respecter. Je n’oublie que c’est grâce au coach que j’ai pu avoir ma chance en Ligue 2. Il a peut-être estimé que je manquais encore un petit peu de temps avant de pouvoir jouer. Mais je suis quelqu’un de très compétiteur. J’ai vécu des moments difficiles dans ma carrière, notamment une grosse blessure à Mouscron. Une sérieuse blessure, c’est le pire qui puisse arriver à un joueur de foot. Aujourd’hui, pour toucher du doigt la Ligue 1 peut-être dans peu de temps, j’ai les crocs et je ne lâcherai pas comme ça !
La saison passée, tu avais joué contre Sainté à GG en Coupe de France. Penses-tu être titulaire contre les Verts mercredi prochain en Coupe de la Ligue ?
Je l’espère mais pour être honnête avec toi, je n’ai pas eu encore de discussion à ce sujet avec le coach. Vu mon investissement et mon bon état d’esprit, je ne te cache que j’espère avoir ma chance. J’aimerais monter au coach avec le temps de jeu qu’il me donnera le niveau que j’ai. Ce serait en plus un beau clin d’œil de rejouer un match de Coupe contre Sainté. Malgré l’élimination, ça reste un bon souvenir d’avoir pu jouer dans le Chaudron. J’avais juste trouvé dommage que l’arbitre sorte un carton rouge aussi vite dans le match car j’estime qu’on avait fait un bon match, on avait répondu présent malgré notre statut d’équipe de Ligue 2. Le match me laisse des regrets mais l’environnement de cette rencontre m’a beaucoup plu : la ferveur du public stéphanois, les retrouvailles avec les joueurs et le staff de l’ASSE, ça reste des moments forts. C’est mon premier grand souvenir en tant que professionnel. Ce match restera gravé dans ma mémoire, j’espère que celui de la semaine prochaine en Coupe de la Ligue le sera aussi. J’aimerais faire un grand match contre mon ancienne équipe, avec la qualification à la clé.
Quel regard portes-tu sur le début de saison des Verts ?
Ils ont une belle équipe, ça joue au ballon. Je regarde un peu les performances de Rémy et je trouve que Wahbi Khazri est une super recrue. A ce niveau-là, la cellule de recrutement a fait son job parce qu’il apporte vraiment. D’emblée il s’est imposé comme le leader offensif de cette équipe. Il est doué et combatif, il se crée des occases et il a déjà marqué cinq buts. Stéphane Ruffier est lui aussi très performant et important dans cette équipe. Fidèle à lui-même, il a déjà été décisif à de nombreuses reprises cette saison. Cette équipe mérite encore de jouer le haut du classement, en tout cas elle s’en est donné les moyens. L’ASSE a l’ambition de décrocher une place européenne. Les Verts occupent actuellement une sixième place tout à fait honorable. A ce moment-là de la saison, on peut quand même tirer quelques enseignements. On sait que le championnat est encore long et difficile mais Saint-Etienne fait partie des top clubs du championnat. Ce club a un non seulement un bon effectif mais aussi de très bons entraîneurs. Je vois Saint-Etienne finir en haut du classement.
Ton équipe s’est fait corriger par le MHSC lors du derby. Craint-elle d’être victime ces prochains matches des anciens Montpelliérains de l’ASSE ?
Oui, je pense que les entraîneurs n’ont plus leurs preuves à faire, ils sont très cotés et de très haut niveau. Je trouve sincèrement que le travail du coach Printant et de Monsieur Gasset est juste exceptionnel depuis qu’ils sont arrivés à Saint-Etienne. Je l’avais déjà souligné lors d’une précédente interview à Poteaux Carrés et mon avis n’a pas changé. On craint également Rémy Cabella car c’est un super joueur. Il faudra le surveiller de près car c’est l’un des dépositaires du jeu.
On n’a pourtant pas encore retrouvé cette saison le Rémy de la saison passée…
Pour parler en tant que joueur, c’est toujours difficile de se faire concurrence à sa propre performance. Les gens ont gardé l’image du Rémy performant de la saison dernière. Peut-être que le fait de revenir fait qu’il veut parfois encore plus prouver alors que s’il reste juste lui-même, ça reste un très bon joueur. Je ne me fais pas de souci pour Rémy. Peut-être qu’il traverse une passe un peu délicate en ce moment mais c’est un super joueur avec un très bon état d’esprit et surtout de l’ambition. Il veut aller au plus haut dans le football, ça passera par de belles performances avec Saint-Etienne. Il faut peut-être lui laisser un petit peu de temps. On ne veut pas qu’il fasse un bon match contre nous mais le match d’après, aucun problème, il peut se relancer.
Le match d’après, c’est aussi contre vous, Baptiste ! Donc si je comprends bien tu veux qu’il reste muet face à Bernardoni et qu’il te mette un doublé mercredi.
(Rires) Tu m’as mal compris, je parlais du match d’après en Ligue 1 ! Je ne veux pas que Rémy me fasse des misères parce que lui, il est violent !
La double réception des Verts suscite-t-elle un bel engouement du côté de Nîmes ?
Tout à fait, il y a un réel engouement, ce n’est pas rien de recevoir les Verts ! On sait que le stade sera sans doute à guichets fermés, il reste très peu de places. On attend les Verts aux Costières, les gens mesurent que c’est un des grands clubs français qui va débarquer, un club mythique. Je pense que l’ambiance sera au rendez-vous aux Costières pour recevoir les Verts. A l’image du public stéphanois, le public nîmois est vraiment notre douzième homme. On a de très bon supporters, je m’en étais déjà rendu compte la saison passée car on avait de belles affluences pour la Ligue 2. Depuis qu’on est monté en Ligue 1, l’ambiance a monté d’un cran. Les Costières pleines, ça fait vraiment du bruit. On a besoin du soutien du public, ça nous galvanise, ça surprend parfois un peu les équipes qui viennent chez le petit promu… On est heureux du soutien de notre public, sachant qu’il y a aussi pas mal de supporters qui font les déplacements. L’appui de nos supporters est vraiment génial, je trouve qu’ils font vraiment du bon boulot.
Il y aura aussi près d’un millier de supporters des Verts ce vendredi soir aux Costières.
Oui, j’ai appris que le parcage visiteurs sera plein. Plus de 900 supporters stéphanois sont attendus, je trouve que c’est une très bonne chose. Moi ça me fait plaisir de voir du monde en vert. La présence massive de supporters adverses contribue à mettre encore plus d’ambiance dans les stades. Après, bien sûr, j’espère qu’il n’y aura pas de débordements comme on a pu en voir à Montpellier. Il peut y avoir du chambrage, ça fait partie de jeu, mais il faut que ça reste dans la limite du raisonnable. Pour moi en tout cas ça reste particulier de recevoir deux fois de suite les Verts. J’ai eu récemment Jessy, j’ai aussi échangé brièvement avec Fabrice Grange. J’ai eu aussi l’occasion de discuter avec l’analyste vidéo, César Arghirudis. Je le connais bien. Il m’a dit qu’ils étaient venus déjà nous superviser à Lyon.
Une petite devinette pour finir cet entretien : sais-tu à quand remonte la dernière victoire des Verts contre les Crocodiles à Nîmes ?
Fouilla, ça doit remonter à loin ! Ce qui est sûr, déjà, c’est que je n’étais pas encore né. Je dirais que ça remonte à il y a plus de 35 ans !
Bien vu, c’était il y a 38 ans, lors de la saison du 10e titre de champion de l’ASSE. Auteur de l’unique but de la rencontre au stade Jean-Bouin, Roussey avait trompé Ruffier.
Ruffier ?
Pas Stéphane, je te rassure, mais Richard. Tu le connais sans doute car il a aussi entraîné les gardiens du FC Sète, le club de ta ville natale où tu as commencé à jouer au football
Ah oui, je le connais ! Sympa cette anecdote et ce clin d’œil sur les Ruffier. Mais je connais surtout Stéphane. Stéphane, c’est le gardien qui rapporte des points à l’équipe. C’est un élément très important à l’ASSE par rapport à ce qu’il dégage et par rapport à ses performances, à sa constance dans le haut niveau. J’ai énormément de respect pour le gardien et pour la personne. J’ai eu l’occasion d’apprécier l’homme. J’ai toujours un regard très admiratif sur Stéphane.
Merci à Baptiste Valette pour sa disponibilité.