...dixit Galtier en conférence de presse après la défaite contre le QSG. Et si le résultat final ne lui donne pas tort, les Verts ont au moins réussi à embêter la meilleure équipe du championnat. Mais comment l'ont-ils fait ?


Casser la machine des passes parisienne

 

Rien de mieux pour illustrer la performance stéphanoise que de s'intéresser au point fort des parisiens, leur contrôle du ballon. Dans un match moyen de Ligue 1, le QSG fait 720 passes, donc une moyenne de 8 passes / minute (sur l'action du deuxième but, ils ont fait 18 passes en 53 secondes...) La plupart (90%) de ces passes sont réussies, mais contre les Verts ça n'a pas été toujours le cas, voilà les chiffres par tranche de 15 minutes:



Beaucoup plus de passes ratées que d'habitude pour le QSG, ce qui se traduit aussi dans un plus faible nombre de passes faites par minute, vu que le ballon devenait Vert plus rapidement. Même mieux que ça, 90% des passes parisiennes par match sont des passes courtes - ça a été exactement le cas dans ce match, ce qui signifie que le faible pourcentage de réussite n'est pas dû à un changement de style (longues ballons), mais à la qualité de l'adversaire.

 

La division par tranches de 15 minutes nous permet de voir que les Verts ont fait un premier quart d'heure très intense, privant les parisiens de ballons (seulement 60 passes faites par eux). Mais ça nous permet aussi de voir un grand QSG après la 60ème minute. Que s'est-il passé à ce moment-là? Une combinaison de trois facteurs qui a plié le match : la fatigue a commencé à peser dans les jambes et le but encaissé (à la 62ème) dans les têtes. Mais aussi le remplacement de Stambouli par Verratti à la 59ème, avec des stats qui parlent d'elles-mêmes: ce dernier a touché 56 ballons et à réussi 92% de ses passes, contre 42 ballons et 80% des passes pour le premier, et tout ça dans la moitié du temps sur le terrain !

 

Mais revenons aux Verts - oui, ils ont vraiment embêté cette grosse équipe, mais comment ont-ils fait? Pour faire simple, grâce à la tactique mise en place et à un pressing très intense - tant que les jambes et les têtes ont pu le faire.

 

Défendre en 3-4-3...

 

Dans un article précédent nous avons expliqué comment un 3-4-3 peut devenir 5-2-3 ou 5-4-1 en phase défensive. Pour comprendre pourquoi ce système à été utilisé contre le QSG, partons du schéma d'attaque type d'une équipe qui joue en 4-3-3 comme eux :


 

Bien évidemment, les joueurs bougent beaucoup, permutent, mais l'idée de base est simple: si on met un adversaire en 1 contre 1 sur ce schéma, qu'est-ce qu'on obtient ?


 

C'est risqué, s'il n'y a pas de surnombre en défense, l'équipe qui défend en 3-4-3 peut se faire surprendre. Mais ça peut valoir le coup, le pressing sur les défenseurs est facile à mettre en place et donc la première relance est gênée. Et si, comme l'ASSE, pour contrer la sentinelle adverse on n'utilise pas un troisième milieu, mais un troisième attaquant, cette sentinelle doit descendre d'un cran, ce qui oblige les deux autres milieux à descendre aussi, coupant donc l'équipe en deux. Et comme les latéraux sont pris aussi, les passes simples ne sont pas possibles, elles sont plus souvent ratées.

 

 

Dans cette capture d'écran on voit bien le 3-4-3 stéphanois en place et deux des trois milieux centraux parisiens descendre pour chercher le ballon.

 

... et faire un gros pressing

 

Tout le but d'une telle défense en 3-4-3 est donc d'empêcher les relances propres et d'essayer d'intercepter le ballon le plus haut possible. Et dès que c'est fait, se projeter rapidement vers l'avant, éventuellement en passant par les côtés. Regardons ainsi le développement de l'action qui parte de la capture ci-dessus, avec Matuidi (MC) qui a le ballon et qui cherche un partenaire:

 

Le seul qui n'est pas vraiment pris est son latéral (Maxwell), mais dès que le ballon part vert lui, KMP et Malcuit sprintent pour le presser, lui laissant ainsi la seule possibilité de rejouer vers l'arrière :


 

Quelques secondes plus tard, le ballon est toujours dans la défense parisienne (à qui Motta prête un coup de main), mais sans solution propre pour la relance, les attaquants stéphanois faisant un très bon pressing :


 

Comme son équipe est coupée en deux, Motta ne peut que balancer un long ballon que Pogba se fait un plaisir d'intercepter et de jouer vite vers l'avant :




 

Les attaquants stéphanois ont le ballon, sont haut sur le terrain, dans une situation de 3 contre 3, le résultat d'une bonne assise défensive et d'un pressing intelligent. Bahebeck s'appuie sur Söderlund, un petit un-deux pour éliminer Motta, mais ensuite préfère tirer plutôt que de passer le ballon vers un KMP bien démarqué...


 

Une occasion verte, ratée, mais illustrant à merveille les problèmes posés par le schéma tactique et le pressing stéphanois à cette "formation qui semble imbattable".

 

D'un point de vue défensif, jusqu'à la 60ème, ça a été très bien fait. Si on rajoutait un brin d'efficacité offensive, le résultat aurait pu être différent. Et même si Galtier ne veut pas reconduire cette tactique pour les matchs suivants, la discipline et l'engagement de ses joueurs constituent des bases solides pour construire la suite.