Avant de sombrer samedi, les Verts avaient réussi à ouvrir le score par Bergessio. L'Argentin doit se croire maudit car l'arbitre assistant de Hervé Piccirillo avait levé son drapeau pour une position de hors-jeu (réelle mais était-elle pour autant sanctionnable ?). L'arbitre martégal affirmera ensuite devant les caméras de Canal + qu'il s'agissait d'une erreur du trio. Pour une fois, pas d'avis personnel, que des faits, des textes et des conclusions que chacun tirera...


D'abord, le déroulé de l'action : un ballon mal renvoyé par la défense bretonne parvient dans les pieds de Battles plein axe à l'entrée de la surface. Celui-ci rate son contrôle et le ballon, seulement prolongé vers le but lorientais est taclé en catastrophe par un défenseur et parvient à Bergessio qui frappe et marque du gauche.

La « position Â» de hors-jeu de l'attaquant stéphanois ne fait pas de doute. Il est à la fois devant le ballon et l'avant-dernier défenseur au moment où le ballon quitte le pied de Battles. Mais est-ce que le fait que le ballon ne lui était pas destiné rentre en ligne de compte ? Pas vraiment dans ce cas car la règle précise que «la position de hors-jeu d'un joueur ne doit être sanctionnée que si, au moment où le ballon est touché ou joué par un coéquipier, le joueur prend, de l'avis de l'arbitre, une part active au jeu en intervenant dans le jeu, interférant avec un adversaire ou tirant un avantage de sa position». C'est dans l'application de ce troisième point que la Berge a été sanctionné.

Dans ses définitions, le Livre des Lois du Jeu 2010 explicite la notion de « tirer avantage de sa position Â» comme «jouer un ballon qui rebondit sur un poteau ou la transversale dans sa direction ou jouer un ballon qui rebondit sur un adversaire dans sa direction alors qu'il y a position de hors-jeu». Le terme « rebondir Â» est assez clair : il désigne une action peut-être volontaire (comme une parade du gardien ou une intervention dans les pieds d'un adversaire pour contrer le ballon) sans pour autant être contrôlée ou maîtrisée (contrairement à une passe en retrait). D'ailleurs, dans les Questions/Réponses du livre sus-cité (dont l'acquisition et la lecture devrait être obligatoire dès l'école primaire), deux cas ressemblent à celui de samedi :

- Question 8.01 : Le ballon est adressé par un attaquant vers l'un de ses partenaires en position de hors-jeu alors qu'un second partenaire de l'attaquant est en position de hors-jeu non sanctionnable. Le ballon est intercepté par un défenseur, c'est alors que le second attaquant vient disputer le ballon au défenseur. Décision ? Réponse : l'arbitre assistant doit signaler le hors-jeu du second partenaire au moment où celui-ci va disputer le ballon au défenseur.

- Question 8.02 : Un attaquant botte le ballon en direction d'un partenaire en position de hors-jeu sur la gauche de la surface de réparation. Un défenseur, en tentant de contrer le ballon, détourne celui-ci de la tête vers un second joueur attaquant situé sur la droite de la surface de réparation. Ce joueur était, lui aussi, en position de hors-jeu au moment où le ballon a été botté. Le ballon lui parvient. Décisions ? Réponse : l'arbitre assistant doit lever son drapeau pour signaler le hors jeu du second attaquant qui récupère le ballon. L'arbitre accordera un CFI au profit de la défense, à l'endroit où se situait le second attaquant. En effet, bien que le ballon ne fût pas destiné au départ à ce joueur, il a tiré avantage de sa position de hors-jeu.

Ce deuxième exemple est le plus instructif, car, outre le fait qu'il nous enseigne que ceux qui rédigent les guides de Lois du Jeu maîtrisent l'imparfait du subjonctif, il est le plus proche de l'action du but refusé à Gonzalo. Tout dernier élément à charge pour bien interpréter la Loi XI : pour décrire une action où un gardien dégage un ballon sur un adversaire en position de hors-jeu (non sanctionnable donc), le législateur parle bien de «recevoir le ballon d'un adversaire qui en avait le contrôle» pour justifier le fait d'accorder le but.

En fait, les seules particularités de l'action de samedi sont d'abord que le tacle du Lorientais se fait assez loin des pieds de Battles, ensuite, qu'il change profondément la direction première du ballon ce qui donne l'impression qu'une nouvelle « action dans l'action Â» commence. Est-ce suffisant pour juger que c'est un geste à assimiler à une passe ou un dégagement raté alors que le Breton avait pris le contrôle du ballon ? L'arbitre assistant a estimé que non. Apparemment, il s'est trompé d'après l'interprétation actuelle demandée car ce que le défenseur réalise est un geste technique.

On en revient finalement à l'éternelle question de l'interprétation humaine dans l'arbitrage et du flou qui peut entourer des situations précises. Doit-on considérer que l'intervention du Lorientais est volontaire et maîtrisée ou que Bergessio tire avantage de sa position de hors-jeu ? À vous de juger !

 

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