Un score fleuve flatteur pour des Stéphanois qui n’ont pas tant dominé leur sujet que ça. La vista de Guilavogui aura été précieuse. Un match cependant qui vient apporter de la variété tactique, ouvre des pistes pour l’avenir, et permet de se replacer en bonne position dans la course à l’Europe…


L’équipe

Surprise : Galtier décide d’abandonner le 4-4-2 pour installer à nouveau un 4-3-3 / 4-1-4-1 qui a déjà eu par le passé sa prédilection. Prenons les choses dans l’ordre :
-    En défense, Perrin est confirmé à droite. En défense centrale, alors que tout le monde est valide, Galette titularise Mignot et Zouma. Ghoulam à gauche.
-    Au milieu est formé un trident Clément / Guilavogui / Lemoine. Le n°11 stéphanois joue un cran en dessous des deux autres, qui ont pour mission de bloquer les deux milieux centraux caennais.
-    Devant : Sako et Gradel vont permuter pour animer les ailes, tandis qu’Aubame est seul en pointe

Ceci est valable pour la première mi-temps. En seconde période, peut-être du fait de la réorganisation caennaise, on retrouvera vite l’hybride 4-4-2 / 4-2-3-1 bien connu ; mais n’anticipons pas trop.


Le déroulement

La première mi-temps sera très équilibrée, et assez fermée. Dumas a lui aussi réservé une petite surprise aux stéphanois : en laissant Frau sur le banc et en titularisant deux avants-centres rapides et physiques, il veut sans doute profiter d’une faiblesse supposée de la charnière centrale stéphanoise. Néanmoins, le plan caennais n’a pas prévu le retour au 4-3-3 : les Verts neutralisent le milieu. Clément sécurisant tout son petit monde, Lemoine et Guilavogui n’hésitent pas à jaillir et venir apporter le surnombre défensif en dehors de leur zone. En revanche, cette bonne assise défensive se paye offensivement : le jeu se résume le plus souvent à des actions individuelles de Sako et de Gradel sur les ailes (l’ivoirien étant d’ailleurs nettement plus en réussite que l’ex-bleuet) ou à une longue ouverture de Mignot dans le dos des défenseurs adverses, pour PEA par exemple.

Pour être précis, les Stéphanois ont plutôt commencé très fort le match : à relever, deux centres de Gradel dangereux dès les cinq premières minutes (où il est intéressant de noter que Sako vient croiser au 1er poteau depuis l’aile opposée, PEA tentant de se faire oublier au second). Le match va vite se rééquilibrer ; les deux équipes privilégient un jeu direct mais sans plus de réussite l’une que l’autre. La première vraie occasion stéphanoise (une barre de PEA) n’est pas la marque d’un projet de jeu ambitieux : récupération au milieu de la ligne Sako-Lemoine-Guila-Gradel avec l’appui de Clément ; passe de 40m de Sako plein axe pour Aubame qui prend tout le monde de vitesse.

Les Caennais défendent comme des morts de faim, et n’hésitent pas à suivre leur vis-à-vis sur plus de dix mètres. Guilavogui va plusieurs fois essayer de se projeter, mais il est toujours suivi de près. Gradel et Sako permutent trois fois dans la première demi-heure ; mais le match s’est progressivement endormi. Pourtant aux alentours de la 30’, Gradel va réveiller tout le monde en passant en revue la moitié de l’équipe caennaise. Le corner obtenu par les Verts se transforme en contre pour Caen ; Niang ne cadre pas sa tête – et heureusement ; trop de buts cette saison ont été pris à la suite de CPA en notre faveur. A la 35è, Caen se créé encore une grosse occasion grâce à une récupération haute, mais Bulot butte sur Ruffier (35’). Galtier demande de jouer dans les pieds ; celui de Montaroup fait l’affaire à la 38’ pour conclure le principal temps fort stéphanois de la première période. PEA abat un gros travail défensif ; il n’y aura pas d’autres occasions avant la pause.

Le plan initial de Franck Dumas était sans doute d’aligner une équipe symétrique à celle de Christophe Galtier et de s’en remettre à la capacité de ses joueurs à gagner les duels. Les Verts jouent en 4-1-4-1, et pas en 4-4-2 ? Ils mènent au score ? Qu’à cela ne tienne : réorganisons tout ! Seube, Proment et Fajr sortent ; Leca (qui sera le n’°6), Nivet (le n°8) et Traoré (qui essaiera d’être le 10, ce qui n’est pas son poste) rentrent ; et le 4-1-4-1 s’improvise. Traoré est un avant-centre : il ira donc très souvent se porter vers l’avant. Avec un Nivet qui essaie aussi de jouer haut, il n’y aura régulièrement que le seul Leca pour protéger sa défense des contres stéphanois…

En attendant, Caen attaque très fort la seconde période. A la 58è, Ruffier sort dans les pieds de Bulot mais ne peut capter le ballon ; Bulot récupère et met en retrait pour Traoré qui tire à côté. Cette action sera représentative de la deuxième mi-temps de Caen, offensivement parlant : la différence est faite par Nabab ou Bulot sur les ailes, le centre en retrait arrive à destination, mais le dernier geste est systématiquement raté alors que le but est à portée de main (58’ donc, mais aussi 68’ et 77’).

Galtier avait lui aussi visiblement donné de nouvelles consignes à la mi-temps : finies, les permutations entre ailiers. Sako se cantonne à l’aile droite pour travailler Vandam, tandis que Gradel se positionne pour de bon à gauche pour pouvoir repiquer en profitant de sa qualité de dribble. La réorganisation de Caen pousse aussi l’ossature globale de l’équipe à changer : Guilavogui se replace au niveau de Clément (ce qui ne l’empêchera pas d’être décisif devant), et Lemoine monte d’un cran – le 4-2-3-1 / 4-4-2 est de retour. Les Verts sont dans une situation qu’ils affectionnent : l’équipe d’en face joue et prend des risques ; le contre sera mortel dès la 60’ minute, mais un autre trois minutes plus tard aurait pu faire mouche. Sako, plutôt en dedans jusque là, ratant même ses CPA, commence à prendre le dessus dans son couloir sur le pauvre Montaroup et à se montrer dangereux. C’est pourtant en position basse qu’il sera au départ de l’action amenant le troisième but stéphanois (70’).

A 3-0, la messe semble dite. Batlles remplace Lemoine, histoire d’officialiser le changement tactique. Les Verts n’ont plus qu’à gérer, mais ils se déconcentrent : Nabab entretient l’espoir (72’). Caen y croit encore , les Verts jouent très bas ; encore une fois c’est grâce à un contre rapidement mené qu’ils trouveront la faille à la 83’. Cette fois-ci, les Normands abandonnent. Batlles prend le jeu à son compte. Alonso et FSP rentreront à la place de Gradel (remuant comme c’est pas permis) et d’Aubame, mais c’est anecdotique.

Que retenir de ce match ? Les Verts ont été capables de glisser d’un schéma tactique à un autre dans la même rencontre, premièrement. Ensuite, on ne peut que saluer la vision du jeu de Guilavogui et la capacité de percussion de Gradel, qui ont été les principaux détonateurs offensifs samedi. Enfin, en 4-3-3 comme en 4-2-3-1/4-4-2, l’assise défensive est globalement solide, mais se fait quand même prendre à défaut 3 à 4 fois par match, tandis qu’offensivement il y a toujours de longues périodes de désert. Je fais la fine bouche : la victoire est belle, et prometteuse pour l’avenir. Mais il y a encore du travail avant que la mécanique stéphanoise soit bien rôdée : le score ne doit pas entretenir de fausses illusions !


Les buts

0-1    Montaroup CSC 38’
Les Verts sont dans un temps fort : Guilavogui s’enhardit offensivement ; Gradel et PEA bougent beaucoup. Depuis 2 minutes, les foréziens monopolisent le cuir. Côté gauche, milieu de terrain : 3 Verts combinent en triangle, en une touche de balle. J’ai du mal à reconnaître sur la vidéo : s’agit-il de Clément, Ghoulam et PEA ? Toujours est-il que ce dernier fonce côté gauche et centre au second poteau où trainent Sako et Gradel. Montaroup ne semble pas savoir quoi faire ; il touche le ballon et le pousse dans ses propres filets.

0-2    Aubameyang 60’
Caen met la pression : le ballon traîne devant la surface stéphanoise, et finit par arriver sur la poitrine de Guilavogui. Le milieu stéphanois part en contre et remonte la balle jusqu’au rond central. Sur la droite Sako monopolise l’un des deux caennais resté en couverture ;  sur la gauche, PEA a réussi à se donner 2 mètres de marge vis-à-vis de son adversaire. C’est lui que Guilavogui sert, d’une très belle passe longue. PEA a le temps de contrôler ; face au jeu, il vient fixer son défenseur, crochet, frappe enchaînée pied droit. La frappe est lobée ; Thébaux, avancé, la touche, mais ne peut la détourner hors de son but. Un contre parfait.

0-3    Gradel 70’
Sako est en position très basse, au niveau de Clément en fait, auquel il passe le ballon. En première intention, l’ancien parisien joue pour Guilavogui qui s’est placé dans le dos de Nivet. Le n°10 vient harceler par derrière ; mais Guilavogui lui résiste et efface même un autre caennais. Encore une fois, sa vision de jeu et sa qualité de passe sont remarquables : son service pour PEA est parfait, mais le meilleur buteur stéphanois bute sur Thébaux. Il était cependant écrit que tout réussirait aux Verts samedi : la balle rebondit jusque dans les pieds de Gradel, qui ne se fait pas prier pour faire trembler les filets.

1-3 Nabab 72’
Les stéphanois viennent de marquer un troisième but ; Lemoine, à peine remis de blessure, vient de sortir pour Batlles – les Verts vont sans doute gérer. Sauf que Clément bute dans la terre à 40m. Sauf que Traoré est à l’affût. Sauf qu’il sert Niang qui n’a pas peur de frapper de 25 mètres. Sauf que Ruffier se contente de repousser le ballon. Sauf que Nabab est passé devant Ghoulam et ne tire pas à côté.

1-4 Aubameyang 83’
Les Verts se mettent à trois pour récupérer le ballon : Zouma gagne son duel de la tête, Batlles contrôle, et Clément passe à Guilavogui pour qu’il puisse relancer. Mais il est pressé, et préfère se débarrasser du ballon qui atterrit dans les pieds de Nivet. Le Caennais n’a pas le temps de s’en saisir que déjà Batlles, Guilavogui et Sako sont sur lui. C’est ce dernier qui lui chipe finalement la gonfle, et l’envoie immédiatement dans l’espace libre, là-bas, côté droit, le long de la ligne de touche. C’est Batlles qui y va ; Papy Lolo sert un Aubame oublié au 2è poteau, mais qui manque sa reprise. La balle (l’a-t-il aimantée ?) revient encore dans les pieds de Gradel. Pendant ce temps, Aubame se place tout seul plein axe, aux 5,5m. Le temps semble se figer : Gradel, arrêté, fixe deux défenseurs ; personne ne semble remarquer PEA. Et puis Gradel pique un ballon qui atterrit sur la tête d’un PEA qui marque une nouvelle fois.