suite et fin des propos de Neven concernant Sainté
Sur le derby aller et ses conséquences
« Le derby aller perdu 5-0 à la maison a suscité une très grosse colère chez les fans et a complètement jeté le trouble au sein de l’équipe. Ca a été le point de rupture. Les joueurs ne pouvaient pas croire à ce qu’ils avaient vécu, les fans aussi étaient incrédules, la direction du club aussi. Le club entier était en état de choc. C’est dans un moment pareil, quelque chose d’à la fois traumatisant et difficile à expliquer, qu’il est important que l’équipe et les supporters fassent bloc. Ca a été une phase très difficile et c’est ce qui a décidé le club a ouvrir un peu plus le portefeuille pour préparer la phase retour en faisant venir des joueurs d’expérience, M’Vila, Debuchy, Subotic… Ce qui est bien, c’est que les supporters ont été dès le début derrière ce projet de come-back au classement. Ce n’était pas genre "Non, on ne vous aime plus jusqu’à ce que vous soyez 5e"… Ils ont vraiment adhéré et nous ont aidés à prendre ce virage positif.
« (…) La direction du club est passée à l’action, ils se sont dit qu'ils ne fallait pas continuer de la même façon dans l’espoir que les choses reviennent à la normale ».
Sur les caractéristiques de l’équipe et son rôle
« Je ne crois pas qu’un seul joueur puisse faire une très grosse différence. Les relations entre les blocs de joueurs sur le terrain sont capitales pour que ça fonctionne. En tant que défenseur central, je pense avoir bien joué, mais s’il n’y avait eu que ça, ça n’aurait pas suffi à tirer l’équipe entière vers le haut ».
« Je pense que l’équipe avait aussi besoin de hausser le tempo à l’entraînement. A Dortmund, j’étais habitué à ce qu’on soit toujours à 100 %. Si tu es à 99 %, tu ne te prends que des courants d’air de toute façon tellement les mecs vont vite. Gauche, droite, hop ils sont passés ! (rires) (…) Il est très important qu’il y ait un vrai esprit de compétition au sein du groupe. Je trouve que l’équipe a progressé au fil du temps sur ce point. Au début c’était pas vraiment ça, et au bout de quelques temps les mecs ont commencé à bien mettre le pied et jouer les duels à fond, mais direct après l’entraînement, tout le monde se serrait la main, tout était ok. C’est le genre de dynamique qu’il faut dans une équipe. J’espère avoir contribué à insuffler cet esprit. Peut-être que certains se disaient "Tiens, lui il vient de Dortmund, il a peut-être pas besoin de forcer à l’entraînement, il va se la jouer décontracté" (rires), mais j’ai vite montré que ce ne serait pas le cas. Matthieu Debuchy était aussi dans cet esprit. Il était évident dès le départ qu’il allait prendre le poste de titulaire à droite, mais à le voir s’entraîner, on aurait dit qu’il arrivait de l’équipe réserve avec l’envie de faire ses preuves ! C’est important pour nous en tant que joueurs confirmés de montrer l’exemple aux jeunes, de montrer qu’on a encore faim et de se motiver les uns les autres ».
« J’étais prêt dès le départ à jouer chaque minute de chaque match. En vérité j’étais sur-préparé (rires). En 2016, j’avais eu une année presque blanche avec ma maladie. En 2017 avec Cologne, j’ai retrouvé la forme. Puis le camp d’entraînement avec Dortmund à l’été était top, et ensuite même si j’ai peu joué je suis toujours resté aux abois, dans l’esprit d’être tout de suite à 100 % si on faisait appel à moi. Je suis resté sous pression ».
Sur les différences Ligue 1 / Bundesliga
« En Ligue 1, les joueurs offensifs, notamment ceux sur les ailes, sont soit très rapides, soit très costauds. En Bundesliga, il y a encore davantage de tripoteurs de balle. Je dirais qu’en Allemagne, l’accent est davantage mis sur la responsabilité de l’équipe en tant que collectif, y compris au niveau tactique. En France, le jeu est plus direct, en cela la Ligue 1 se rapproche un petit peu du football anglais tandis que la Bundesliga est un peu plus proche de la Série A, qui est encore plus extrême au niveau tactique. Les joueurs offensifs en France ont beaucoup de responsabilité, ils n’hésitent pas à partir en percussion contre deux, trois joueurs, parce que… c’est comme ça qu’ils font ! (rires) L’attaquant sait ce qu’il a à faire quand le ballon arrive : jeter ses 100 kilos au duel ! Pour un défenseur c’est difficile, mais c’est motivant aussi. Si je n’avais pas voulu souffrir je serais allé ailleurs ».
« Les adversaires qui m’ont posé le plus de problèmes… (rires) Beaucoup de joueurs que je ne connais pas de nom, mais qui sont comme de gros rochers qu’il faut bouger de toutes ses forces pour s’imposer. Il y a quelques attaquants rapides avec lesquels il faut être davantage dans l’anticipation, mais sinon presque tous sont des gaillards hyper robustes. Marseille par exemple, ils ont Germain qui est le seul avant-centre de Ligue 1 que j’ai pu voir avec un profil de feu follet. Mais les autres clubs… Ils ont tous des machines de guerre ! (rires) ».
Sur Dortmund et Saint-Etienne
« Les gens en France voient Dortmund comme une très grosse équipe, surtout depuis les dix dernières années et le titre. On m’a dit plein de fois "Tu viens d’une grande équipe !", et oui, c’est le cas. De plus, je pense que les Stéphanois peuvent encore plus s’identifier à une équipe comme Dortmund en raison de la similitude au niveau social, culturel, les mines, etc. Il y a ce même héritage qui se transmet entre les générations. Les gens qui vont au stade forment une vraie communauté.