Sainté n'est pas un cas isolé, Strasbourg a également tranché en faveur d'une rénovation.
Lu ce matin dans les DNA :
L'alternative Meinau
L'EuroStadium a vécu, place au projet de rénovation de la Meinau. Hier après-midi, Jacques Bigot, président de la CUS, et Roland Ries, maire de Strasbourg, ont tranché. Les conclusions du groupe Hammerson, contraint de solliciter des fonds publics à hauteur de 100M€, ont marqué la fin des rêves de grandeur initiés par Philippe Ginestet voilà un an.
Finalement, la grande enceinte strasbourgeoise n'aura pas dépassé le stade de maquette, fort jolie au demeurant. Porté sur les fonts baptismaux le 5 juin 2008, devant un aréopage de 300 invités réunis au Parlement européen, le projet EuroStadium est passé de vie à trépas, hier après-midi, dans le confinement d'un bureau au 9e étage du centre administratif, place de l'Étoile.
« A ce prix-là, on peut faire un beau stade à la Meinau »
L'acte de décès a été officialisé en début de soirée à travers un communiqué cosigné par MM. Ries et Bigot. Il y est question d'un « concours financier public évalué à 100M€ » réclamé par le groupe Hammerson dans lequel la Ville et la CUS « ne sauraient s'engager, conformément au projet initial présenté en février. »
Jusque-là, le groupe britannique avait toujours affirmé que l'EuroStadium serait entièrement financé sur fonds privé, plus précisément par ses soins, même si l'inflation s'est avérée galopante en la matière. Initialement chiffré à 250M€, le projet avait été réévalué à 400M€ pour le stade de 42 000 places et les quelque 90 000m² de surfaces commerciales attenantes.
Hier, Hammerson - représenté par MM. De Montauzon et Sarbos, en l'absence du directeur général M. Mouton - a opéré un virage à 90 degrés. « Le groupe a refait ses calculs, explique Jacques Bigot. Leurs représentants nous ont expliqué qu'ils ne pouvaient pas aller au-delà de 50 000m² de surfaces commerciales. Dans un souci de réduction des dépenses, il faudra se contenter d'un stade de 32 000 places. »
Surtout, Hammerson a demandé aux collectivités de mettre la main à la poche. « 50M€ pour le stade, 43M€ pour les abords et les parkings, ou plutôt 50 selon nos estimations, plus la mise à disposition du terrain, détaille M. Bigot. Honnêtement, à ce prix-là, on peut faire un beau stade à la Meinau. »
« L'EuroStadium, c'est bel et bien terminé »
« Ces nouvelles conditions ne sont évidemment pas acceptables, confirme Roland Ries. Nous sommes aux antipodes de ce qui avait été prévu au départ. Nous avions quand même quelques indications quant au changement de cap de Hammerson. On le voyait venir. C'est pour cette raison que nos services travaillent en "temps masqué" depuis quelques semaines. L'EuroStadium, c'est bel et bien terminé. Il s'agit de se consacrer au plan alternatif de la Meinau. »
Celui-ci avait été présenté de manière préventive le 19 juin dernier, lors de la visite à Strasbourg de Jean-Pierre Escalettes et Frédéric Thiriez, respectivement président de la Fédération et de la Ligue professionnelle de football (lire notre édition du 20 juin). Il participe à l'ardente volonté politique locale d'accueillir des matches de l'Euro-2016, compétition pour laquelle la France est candidate. Désormais, le temps presse.
Dès lundi, le conseil municipal sera ainsi saisi de deux délibérations : la candidature de Strasbourg et de la CUS à l'organisation de l'Euro et la restructuration de la Meinau. Ces deux points figureront aussi à l'ordre du jour du conseil communautaire réuni quatre jours plus tard. « Concrètement, nous devons présenter le 15 septembre une proposition claire et chiffrée aux instances du football », ajoute Roland Ries.
D'ici-là, les collectivités devront affiner leur plan de bataille en ce qui concerne la Meinau. Les élus ont déjà leur petite idée sur la question, l'exemple du Stade de France - un financement en partenariat privé et public - ayant fait son chemin. « Cet équipement a été réalisé sous forme de concession de réalisation et d'exploitation, explique le maire de Strasbourg. On peut aussi l'envisager en régie directe, mais cela pèse beaucoup sur les finances publiques. »
« Même sans Euro, nous rénoverons la Meinau »
Reste encore à connaître la capacité de la Meinau revue et corrigée, dont les estimations basses se chiffrent aux alentours de 80M€. Le cahier des charges pour les matches de groupe (30 000 places) est par exemple moins contraignant que pour les quarts de finale (40 000 places). « Nous travaillons sur les deux hypothèses, dit Jacques Bigot. Même sans Euro (le choix sera connu le 27 mai 2010, ndlr), nous rénoverons la Meinau. C'est une nécessité après 25 ans. »
L'ex-président Philippe Ginestet peut désormais remballer sa belle maquette. La Meinau est et restera la capitale alsacienne du ballon rond.
Sébastien Keller
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