Place à la March Madness
Mars est un mois particulier qui marquent le retour des hirondelles et du printemps. Mars est aussi, et surtout, le moment où les choses sérieuses débutent en NCAA et se précipitent jusqu’au Final Four mi-avril. Histoires et légendes s’écrivent, les têtes tombent soudainement et le public jubile dans ce mois et demi de folie : la March Madness appelle-t-on ça outre-Atlantique, période où Mars nous emmène sur une autre planète, celle de la fièvre du basket universitaire.
On se dirigeait vers une post-season assez claire, 3-4 équipes favorites (Duke, UConn, Villanova et Memphis) et une flopée d’outsiders. Pendant 2 mois, cette situation est restée inchangée, 2 mois de certitudes qui vont être balayés en une semaine.
Duke n’avait pas quitté les deux premières places du top 25 cette saison, n’ayant lâché qu’un match jusqu’ici. Tout allait pour le mieux, J.J. Redick enchaînant les records (il est devenu le meilleur scoreur de l’histoire de la conférence ACC face à Temple le 25 février malgré son match le plus discret de l’année avec 11 points), l’équipe affirmant plus encore à chaque rencontre son statut de favori n°1.
Mais rien n’est plus pareil en Mars. Duke a perdu plus de matchs ce mois-ci que lors des 28 parties précédentes. Florida State le 1er du mois (79-74), puis la jeune garde de UNC trois jours plus tard (83-76). Les Blues Devils ont sombré dans le doute et risquent d’y naviguer un long moment.
Les Tigers de Memphis n’avaient plus connu la défaite depuis le 2 janvier (face à Texas), affichant un bilan parfait dans leur conférence, aucune raison que cela cesse.
Mais rien n’est plus pareil en Mars. Les Blazers d’UAB, équipe anonyme parmi les anonymes (qui réalise tout de même une étonnante saison avec seulement 2 défaites dans la conférence) fait chuter Memphis le 2 du mois, 36% de réussite pour les Tigers dans ce match catastrophique.
C’est en tout une dizaine d’équipes du top 25 qui ont perdu un ou deux matchs dans cette première semaine de Mars.
Citons Texas, que les voisins de Texas A&M ont tenu à 43 points (46-43), Pittsburgh battu par Seton Hall, Tennessee face à Kentucky, Georgetown contre South Florida ou encore NC State (qui en est à 3 défaites de rang) corrigé par Wake Forest. Des défaites à chaque fois contre des équipes non classées, comme si la NCAA avait basculé dans une dimension parallèle qui renverse les valeurs.
Même Gonzaga, logiquement inébranlable dans la West Coast Conference a eu besoin d’une prolongation pour venir à bout de San Diego (96-92) et de la saison régulière. Proche scénario pour George Washington qui se fait une belle frayeur face à Charlotte : 86-85.
Connecticut n’a pas connu ces tourments et se place donc en favori légitime pour le titre. La façon dont les Huskies ont détruit Villanova le 26 février a impressionné. Se vengeant de la défaite contre cette même équipe deux semaines plus tôt, UConn a livré un de ses matchs les plus aboutis de l’année. Denham Brown livre le meilleur score de sa carrière avec 23 unités, Rudy Gay ajoute tranquillement 13 points, Rashad Anderson 17, Hilton Armstrong 8 contres et Marcus Williams confirme qu’il est le meilleur passeur NCAA en activité avec 12 nouvelles offrandes. Williams auteur d’un triple double lors du précédent match face à Notre Dame (18 points, 13 passes et 10 rebonds) remporté d’un misérable point, nous rappellant que UConn est fort, très fort, mais pas invulnérable, loin de là.
Villanova, malgré la défaite, a bien réagi en remportant ses 2 matchs cette semaine, solidement, face à St John’s puis Syracuse. Nova qui attend impatiemment le tournoi de conférence de la Big East où l’on espère la belle entre les 2 équipes.
En Mars, rien n’est plus pareil. Ce n’est pas Joakim Noah qui contredira. Le fils de la personnalité préférée des français nous rappelle que lui aussi, on va apprendre à l’aimer. Le 1er mars, Joakim a exploré de nouveaux horizons, Georgia s’en rappelera longtemps. 37 points à 9/14 au shoot et 19/22 aux LF accompagné de 11 rebonds, le tout en 31 minutes et sortant du banc, pas besoin de commenter. Le français devient à l’occasion de cette démonstration le meilleur marqueur de sa formation avec 14,1 points en moins de 23 minutes. Il confirme en cumulant 15 points, 11 rebonds et 4 contres cette nuit dans la victoire face à Kentucky. Les Gators manquent encore probablement d’expérience pour aller jusqu’au Final Four, les 4 meilleurs scoreurs n’étant que sophomores, mais risque de faire très très mal dès l’an prochain pour peu qu’ils ne cèdent pas aux sirènes de la NBA. Quoiqu’il en soit, après Jérôme Moïso et Ronny Turiaf, Joakim perpétue la tradition des talentueux big men français.
Quel programme pour les prochains jours ? Les tournois de conférence. La saison régulière terminée, nous avons droit à des playoffs inter-conférence qui vont délivrer les invitations pour le tournoi final. Chaque vainqueur du tournoi de sa conférence aura droit à son billet, le reste des places seront délivrées aux équipes qui ont réalisés une belle saison, suivant leur nombre de victoires mais surtout suivant la conférence dans lesquelles elles ont évoluées et donc les équipes qu’elles ont affrontées.
Rendez-vous dans une dizaine de jours pour connaître le résultat de ces tournois et le tableau du tournoi final.
Le tournoi final
Ca y est, on y est.
Les tournois de conférence ont pris fin et vont donc laisser place à l’ultime ligne droite du championnat NCAA 2005/2006.
Revenons aujourd’hui sur les tournois des principales conférences, avant de parler du tournoi final dans un prochain article.
Big East :
Le plus étonnant de tous dans la conférence la plus relevée cette saison. Pas la peine de ménager le suspense, UConn n’a pas passé les quarts et Villanova s’est arrêté en demi.
Le destin de ce tournoi ne fut lié qu’à un seul nom, un seul homme, champion national il y a 3 ans maintenant. Gerry McNamara, l’Orangeman de Syracuse, a attiré toutes les lumières à lui cette semaine, effaçant le dénouement de tous les matchs auxquels il ne participait pas. Syracuse, loin d’être sûr de prendre part au tournoi final à l’issue d’une très moyenne saison régulière, n’avait plus d’autres alternatives que celle de gagner. Tout aurait pu s’arrêter en 8èmes de finale face à Cincinnati. Des Bearcats emmenés par un scintillant James White, l’ex futur meilleur dunker de tous les temps devenu au fil du temps un excellent joueur de basket, auteur de 32 points. Mais voilà, il y avait une légende à écrire et le héros se devait d’être Gerry McNamara. Par un panier longue distance quasiment sur le buzzer, il donne la victoire aux siens : 74-73. Ce n’est que le début.
En quart, un gros morceau : UConn. Bon si vous avez suivi vous connaissez déjà le résultat mais c’est la manière qui est étonnante. UConn a été dominé en première mi-temps (39-28) mais a furieusement réagi par la suite comptant 3 points d’avance à 5 secondes du terme. Jusqu’au shoot de Gerry McNamara en somme, qui marque évidemment et envoie les équipes en prolongation. Syracuse enchaîne par la suite jusqu’à la victoire, McNamara scellant le score d’un lancer-franc : 86-84, et tombant épuisé dans les bras de ses coéquipiers. En face Marcus Williams compile 17 points et 11 passes, Denham Brown 20 points. Rendons hommage aux coéquipiers de McNamara (17 points et 13 passes), 17 points pour Demetris Nichols, 16 pour Terrence Roberts et 14 pour Darryl Watkins.
Georgetown en demi-finale. Début difficile, les Orangemen compte 15 points de retard à la mi-temps (36-21). Peu importe, Syracuse inflige un 18-7 à leurs adversaires en seconde mi-temps, avec 3 paniers derrière l’arc de McNamara bien sûr, et recolle au score. Le money time ne peut alors appartenir qu’à un seul homme se dit-on, l’incroyable Gerry. Ben oui ça sera le cas. Dans la dernière minute, il marque un 3 points, donne le caviar qui permet à son équipe de prendre un point d’avance puis oblige son adversaire à perdre la balle lors de l’ultime possession : 58-57. Le Madison Square Garden s’époumonne : " Gerry, Gerry !"
La finale opposera Syracuse à Pittsburgh. Un mot sur les Panthers qui ont tout de même mis une légère volée à Villanova (68-54) en demi-finale. Une équipe qui s’appuie sur prioritairement sur son arrière senior Carl Krauser et sur son pivot, un des seuls 7 pieds efficace en NCAA, Aaron Gray. Nova qui a perdu Allan Ray sur blessure pendant ce match, mais plus de peur que de mal pour le shooteur, qui pourra jouer le tournoi final.
Syracuse - Pittsburgh donc. Peu imagine voir Syracuse perdre, tellement les Orangemen ont semblé indestructibles jusqu’ici. Puis McNamara sera MVP du tournoi donc autant que son équipe le gagne. Gerry ne sera démentiel à nouveau dans ce match, il jouera tranquillement à son niveau avec 14 points et 6 passes. Avec ses 16 paniers longue distance sur le tournoi il établit un nouveau record. C’est Josh Wright qui va clore le score et donner la victoire aux Orangemen : 65-61, mais définitivement ce tournoi aura été celui de Gerry McNamara.
Je vais un peu moins m’attarder sur les tournois des autres conférences qui se sont révélés moins "mythiques".
ACC :
Duke s’est rassuré après ses deux défaites en fin de saison régulière. J.J. Redick a enfin retrouvé son adresse et tout a paru plus facile pour les Blue Devils.
Beaucoup rêvaient d’une finale entre Duke et UNC mais c’était sans compter sur Boston College qui élimine les Tar Heels en demi-finale au terme d’un match serré : 85-82. Les 23 points et 11 rebonds de Tyler Hansbrough n’auront pas suffit face aux 23 points et 15 rebonds de Craig Smith.
La finale ne sera pas aisé pour les Blue Devils qui ont du à nouveau se reposer sur leur homme providentiel J.J. Redick auteur de deux paniers à trois points dans les derniers instants (26 points à 7/11 à 3 points au total) pour donner la victoire aux siens : 78-76. Duke a bien rebondi, Boston College reste dangereux et UNC n’a pas démérité, 3 équipes à suivre.
Big 12 :
Logique respectée dans cette conférence où Kansas et Texas se sont retrouvés en finale. Impressionnants JayHawks, une des équipes les plus jeunes de la NCAA avec UNC, et qui finit, comme UNC, en trombe cette saison. Les freshmen Mario Chalmers, Brandon Rush et Julian Wright compilent 39 points à eux trois dans cette finale, sans oublier d’étouffer les stars adverses : 8 points seulement pour Daniel Gibson à 3/12 et 5 pour Lamarcus Aldridge. S’en est trop pour Texas qui s’incline : 80-68.
Big Ten :
Là encore, les 2 meilleures équipes de la conférence se retrouvent en finale. Iowa vient à bout d’Ohio State : 67-60. Peu de surprises non plus sur les acteurs de cette victoire. 16 points et 10 passes pour Jeff Horner accompagné de 15 points d’Allan Haluska, que du classique.
Pas plus de surprises dans la SEC, où Florida remporte logiquement le trophée. Joakim Noah s’est un peu calmé sur le plan statistique mais reste un titulaire indiscutable. Une Pac 10 dominé par UCLA, la Conference USA par Memphis, Gonzaga survole la WCC.
La seule surprise fut la défaite de George Washington dans l’Atlantic 10. C’est Temple qui en vient à bout : 68-53. Temple stoppé au tour suivant dans un tournoi finalement remporté par Xavier.
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