riflebird wrote:Le dernier Nick Cave "Skeleton tree" est très réussi. Intime et superbe.
Oui je partage. Un très beau titre métaphorique pour cet album automnal.
La perte de son fils se confondant avec l'image d'un arbre perdant ses feuilles et apparaissant alors tel un squelette, un tree of life désertique, une branche perdant son fruit.
2016 restera une année marquée par la mort, d'innocents fauchés par le terrorisme, et plus accessoirement pour ce qui nous occupe d'un rock perdant encore de ses derniers illustres artistes et ne proposant aucune relève d'envergure. Bowie, Alan Vega, Prince... Quel artiste rock aujourd'hui émergeant et pouvant prétendre traverser le temps ? Je n'en vois pas, éventuellement Sufjan Stevens, mais sinon qui ?
Un singe savant de 17 piges donnant la fausse illusion d'assurer une relève alors qu'il reprend adroitement ce qui a déjà été dit en mimant la diction d'un Bob Dylan sur une piste, pour ensuite se métamorphoser en glandouilleur génial à la Pavement.
Le rock a été une rupture avec l'académisme, l'important n'est pas d'être un musicien talentueux, n'importe qui peut prétendre à en faire, ce qui compte est d'avoir quelque chose à transmettre. Le fan de rock est un voyeur et ses plus grands artistes sont des exibitionnistes. Le reste est de la soupe sans intérêt et mieux vaut se tourner vers un autre style musical.
Le Nick Cave des débuts représentait quelque chose de puissant, sa présence et sa musique incarnait une certaine idée de l'écorché vif au romantisme gothique. Le voir évoluer dans un club de l'underground berlinois dans les ailes du désir de Wim Wenders ne paraissait pas filmique mais du quasi documentaire. Avec l'âge et le temps le personnage évolue s'il a la chance de se maintenir en vie et ne peut plus correspondre avec cette représentation, un peu comme un Mick Jagger qui serait la caricature de l'impossibilité de continuer à faire comme si. L'australien dans son précédent album en était arrivé à se muter en une sorte de papy pervers désabusé avec une pochette à l'esthétisme porno chic. Il suffit de comparer l'artwork de From her to eternity à Push the sky away pour mesurer l'étendu du parcours conduisant d'une musique se confondant avec l'artiste à une certaine forme de calcul pour prétendre se maintenir en piste.
On ne peux que constater une nouvelle fois que le retour à une musique viscérale n'est pas sans pacte avec le diable et que la douleur en est le prix à payer, le rock ne vient-il pas du blues ?
Chaque album sombre doit avoir un titre s'extirpant de la gravité, cherchant l'élévation et l'apaisement, le titre Distant sky joue ce rôle et pour ce faire Nick Cave s'adjoint la voix de la soprano danoise Else Torp.
https://www.youtube.com/watch?v=xCVgsI5h9p0[/video]
Je ne sais pas si le choix est de Nick Cave mais il est pertinent. Peut-être avait-il entendu cette merveilleuse interprétation d'un poème du 18ème siècle de Robert Burns « fils préféré de l'Écosse » mis en musique par Arvo Pärt. Ce dernier que j'aime beaucoup mais qui est souvent moqué par certains mélomanes que je suspecte en musique classique de refuser toute valeur aux compositeurs contemporains. A la merveille ce poème à la gloire de l'Ecosse est rendu par une musique sachant ne pas se faire trop présente pour permettre une aération digne des grands espaces de la lande écossaise et puis Else Torp réalise le sans faute, la grande classe.
https://www.youtube.com/watch?v=acnH6M1Ee8k[/video]