Saint-Etienne
Des anciens Verts donnent de leurs nouvelles
Ils ont raccroché les crampons et tous ont joué dans le Chaudron. Ils ne sont ni consultants télé, ni entraîneurs mais ont réussi leur reconversion. Rencontres avec des anciens Verts qui gardent un œil attentif sur l'équipe actuelle.
Les années ont passé mais Geoffroy-Guichard se souvient d'eux. Eric Clavelloux, Gérald Passi, Jean-Philippe Delpech ou encore Gilles Peycelon ont tourné la page.
Loin des pitreries de Laurent Paganelli, des commentaires parfois acerbes de Jean-Michel Larqué ou de ceux plus mesurés de Willy Sagnol, ces anciens verts ont choisi d'autres chemins pour continuer à exister.
Pour eux, comme pour tant d'autres footballeurs ou sportifs de haut niveau, la reconversion ne fut pas toujours facile à appréhender.
Mais aujourd'hui, à Saint-Etienne comme à Toulouse ou encore Annecy, les quatre Verts semblent baigner avec bonheur dans leur nouvel univers.
Voici donc ce qu'ils sont devenus.
Eric Clavelloux : « Au départ je voulais devenir entraîneur »
«Alors, on vous a encore fait gagner?» Eric Clavelloux parle toujours de victoire mais il ne s'agit plus de foot. Le défenseur des Verts de 1983 à 1990 est aujourd'hui propriétaire d'un point presse librairie sur le haut du Cours Fauriel.
L'heureux gagnant d'un jeu de hasard confirme au commerçant qu'il a bien empoché quelques euros. Voilà la nouvelle vie de l'ancien Vert, formé à l'Olympique de Saint-Étienne. Lorsqu'il était joueur, Eric Clavelloux n'était pas du genre bling-bling. Il n'a pas changé.
« J'ai arrêté ma carrière à cause d'une méchante blessure. Au départ, je voulais devenir entraîneur», explique celui qui le fut dans plusieurs clubs de la région.
Titulaire du diplôme d'entraîneur fédéral de football, Eric Clavelloux a finalement décidé de monter sa propre affaire en 1996. Même si la passion des terrains ne l'a jamais quitté.
« Le plus difficile a été d'être blessé et sans contrat», se souvient t-il en précisant que les dirigeants de l'époque ne lui ont fait aucun cadeau.
Sans regret et le cœur toujours vert, il évoque son frère, Guy, footballeur tout comme lui et actuellement représentant dans la région stéphanoise. « Mes clients me parlent sans cesse de l'ASSE, précise-t-il. Cette année, on a peur mais, depuis deux matches (NDRL: Nice et Monaco), on est soulagés.»
Gérald Passi : « J'ai toujours été attiré par le design »
Gérald Passi a joué à l'ASSE de 1992 à 1994. Cette semaine, il a annoncé son retour et sera chargé aux côtés de Damien Comolli du recrutement (voir nos éditions du 30 septembre).
Avant ce come-back, le milieu de terrain n'a pas perdu son temps. Après avoir fini sa carrière au Japon, sous les ordres d'un certain Arsène Wenger, le footballeur a raccroché les crampons sans grande appréhension.
« Je suis le premier Français à avoir signé au Japon. J'ai découvert un autre univers, une autre culture avec un foot tout jeune, tout frais», explique-t-il.
Après trois ans passés au pays du Soleil levant, Gérald Passi est revenu en France pour suivre des études de design à Paris. D'abord indépendant, il a créé une société avec des associés à Annecy.
« J'ai toujours été attiré par le design. A la fin de ma carrière, je savais exactement ce que j'allais faire», précise-t-il. S'il n'abandonne pas sa deuxième passion, Gérald avait envie de se rapprocher du football. Qui plus est à Saint-Étienne.
« Ce n'est pas ici que j'ai gagné des titres mais j'ai toujours aimé le club et les Stéphanois. J'y retourne avec plaisir.» Un plaisir d'autant plus grand qu'il pourra profiter, en plus des ambiances de Geoffroy-Guichard, de la Cité du design.
Jean-Philippe Delpech: « Je suis devenu comédien »
Il a l'accent chantant et le verbe facile. Jean-Philippe Delpech a connu trois clubs dans sa carrière : le FC Toulouse, l'ASSE et l'AS Beauvais.
«Je me suis arrêté sur blessure. J'ai toujours eu l'espoir de pouvoir continuer mais il a fallu se rendre à l'évidence», précise celui qui a tourné la page grâce au théâtre.
«Lorsque j'étais blessé, j'ai découvert la compagnie Le Trimaran et le metteur en scène, Stéphane Tournu-Romain qui travaillait à l'époque sur la violence dans le sport.» Dix ans plus tard, Jean-Philippe Delpech fait partie à part entière de la compagnie. Il est actuellement en tournée pour le spectacle interactif «Graine de supporter».
En septembre, la compagnie a donné plusieurs représentations dans les collèges et lycées de la région mais aussi au centre de formation de l'ASSE afin de sensibiliser les jeunes aux problèmes de racisme, d'homophobie ou encore de sexisme dans le sport.
«Le métier de comédien représente aujourd'hui l'essentiel de mon activité.», dit-il tout en soulignant qu'il est aussi consultant sur TLT (la télé local toulousaine) où il commente, en compagnie d'Anthony Bancarel un ex-joueur professionnel lui aussi, les matches du TFC.
Une façon, pour lui, de ne pas rompre totalement les ponts avec le football. «C'est vrai qu'en fin de carrière ce fut difficile, reconnaît-il. Je n'ai pas arrêté le foot par choix, il a fallu faire le deuil surtout qu'à l'époque j'étais à maturité, il y avait un côté un peu cruel. J'ai eu un petit moment de flottement.
En plus du théâtre, le fait de commenter les matches m'a permis de prendre du recul, d'être apaisé.» Jean-Philippe Delpech, le Toulousain à la double culture rugby-foot, suit encore les matches des Verts. «C'est un bon souvenir même si j'ai le regret qu'à l'époque (NDRL: de 1993 à 1997) le club manquait de stabilité. On sentait que tous ne tiraient dans le même sens. Et, on a beau dire, ça joue quand même un peu sur les performances.»
Denis Bret
dbret@leprogres.fr
Gilles Peycelon, la parole à la défense
Au début de sa nouvelle carrière, les gens disaient de lui qu'il était l'ancien footballeur devenu avocat. Le temps passant, ils disent plus volontiers que c'est l'avocat qui était ancien footballeur. Preuve que Gilles Peycelon a réussi sa reconversion. Installé rue du Grand-Moulin à Saint-Etienne, Maître Peycelon a eu une carrière atypique. À l'instar de Steve Savidan, il n'a jamais connu de centre de formation contrairement aux Roussey, Bellus ou autre Zanon. Lui a gravi les échelons par le biais du football amateur. Il s'est même exilé au Canada avant de devenir footballeur professionnel. Il a pourtant côtoyé les grands. « Je me souviens de mon premier match chez les pros. C'était en en 1982 sur le Rocher, à Monaco. »
A ses côtés, les Rep, Battiston, Janvion. « Je suis rentré une demi-heure. Nous avions fait match nul deux buts partout. Lors du match suivant, j'étais titulaire contre Lens. Moi qui avais suivi l'épopée des Verts des tribunes, ça m'a fait drôle lorsque je suis sorti du tunnel...» Ses saisons suivantes sont à l'image du club: avec des hauts et des bas. De l'enfer de la Caisse noire à la remontée en Ligue 1,
Gilles Peycelon a tout connu. Lorsqu'il a laissé le foot de côté, après un dernier contrat à Niort, il a repris ses études pour finalement devenir avocat en 1992. « Lorsque j'étais étudiant, j'étais un sportif au milieu des intellectuels et à l'ASSE j'étais un intellectuel parmi les sportifs », résume-t-il. Comme pour rappeler que le sens de la formule fait aussi partie de son nouveau métier.
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