Monclar: "Une belle fête mais..."
La passion de la NBA n'est pas forcément compatible avec celle du All-Star Game. Si Jacques Monclar, fin connaisseur du basket outre-Atlantique, admet volontiers que ce match des étoiles, dimanche, demeure un événement mondial, il reste sur sa faim quant au niveau des dernières éditions. "Ce qui me fatigue, c'est de voir des matches sans intensité, où on oublie de courir des deux côtés du terrain", explique-t-il. Mais l'ancien coach d'Antibes espère tout de même que la Nouvelle-Orléans saura profiter de l'impact d'une telle rencontre.
Jacques, le All-Star Game a-t-il encore de l'intérêt ?
Vous savez, je ne suis pas un fondu du All-Star Game. Je trouve que ce qu'a fait Tony Parker en Finales (le Français a été élu MVP, ndlr) est nettement plus important que d'être All-Star. Alors c'est vrai que ce match est un événement mondial, une belle fête, mais quand vous voyez le spectacle proposé l'année dernière à Las Vegas...
Un match qui a vite tourné au concours de dunks, c'est ça ?
Voilà. Mais le public n'attend peut-être pas non plus un vrai match. Je crois que le dernier beau All-Star Game doit être le dernier de Michael Jordan (en 2003, à Atlanta, ndlr). Il y en a eu des magnifiques avant, notamment le dernier de Magic Johnson à Orlando en 1992 (le joueur des Lakers avait d'ailleurs été élu meilleur joueur, ndlr). Mais on les compte, les bons All-Star Game. Cela me fait moyennement frémir, il y a peut-être trop de fête autour.
Inutile, alors, de vous demander ce que vous pensez des concours annexes...
Ah si, j'adore tous ces concours, au contraire. Jason Kapono va défendre son titre à trois points. Le Slam Dunk Contest va être extraordinaire avec un Jamario Moon qui est un planeur. Ce qui me fatigue, c'est de voir des matches sans intensité, où on oublie de courir des deux côtés du terrain. On ne peut pas jouer uniquement quand on a la balle.
"Du quitte ou double pour les Hornets"
Quelle impact aura ce 58e All-Star Game dans une ville comme la Nouvelle Orleans, sinistrée par le cyclone Katrina en 2005 ?
Ce qui est bien, c'est que deux joueurs des Hornets, David West et Chris Paul, aient été retenus et que la NBA aille à la rencontre des gens qui ont souffert dans cette ville. Cela donne en plus une chance au basket de se développer. Parce que la curiosité, c'est que New Orleans est deuxième de sa conférence mais que sa salle n'est pas remplie. Ce All-Star Game, c'est un peu du quitte ou double pour la franchise. Soit c'est une réussite, soit l'équipe déménage. L'année dernière, la franchise s'était réfugiée à Oklahoma City et cela avait été un succès total.
Que vous inspirent les deux sélections ?
C'est toujours difficile de retenir seulement douze joueurs alors que beaucoup d'autres possèdent le même niveau. Les absences de Tony Parker et de Baron Davis sont dommageables. Quand le MVP des Finales n'est pas là, cela fait mauvais genre. Je pense que ce ne serait peut-être pas plus mal de passer à quinze joueurs par équipe.
L'absence de Tony Parker, blessé, fait qu'il ne reste plus qu'un Européen dans le gotha, en l'occurrence Dirk Nowitzki. Est-ce un retour en arrière pour l'Europe ?
Non, ce qui est dommage dans l'absence de Tony, c'est qu'on parle beaucoup moins du All-Star Game en France, aussi parce que Joakim Noah ne sera pas non plus au Rookie Game (le seul Français présent sera Ian Mahinmi, au match de la D-League, ndlr) Sinon, il y a un Européen qui a commencé sa saison un peu tard mais qui, depuis deux mois, a un rendement d'All-Star, c'est Hedo Turkoglu. Mis à part lui, il n'y a pas vraiment de scandale. Nowitzki n'a pas réalisé un grand début de saison, c'est normal qu'il ne soit pas starter.
Et en ce qui concerne Pau Gasol, transféré récemment aux Los Angeles Lakers ?
Il n'a pas fait des miracles avec les Memphis Grizzlies. Il avait un malaise et voulait être transféré. Sur ce qu'il montre depuis qu'il est en Californie, c'est certain qu'il a le niveau All-Star. Il faut lui donner rendez-vous l'année prochaine.
"O'Neal ne méritait pas d'y être"
A l'Est, Kevin Garnett a été remplacé par Rasheed Wallace, et Ray Allen a suppléé Caron Butler. Ces choix sont-ils justifiés ?
Je crois. Le petit souci, c'est que Rasheed ne voulait pas y aller... Mais en ce qui concerne Ray Allen, il évolue dans une équipe qui gagne et jouit d'une image forte. Ce n'est pas illogique, surtout que les autres candidats, comme par exemple Richard Jefferson, ne sont pas exceptionnels depuis le début de saison.
Les nominations de Byron Scott et Doc Rivers sur les bancs respectifs de l'Ouest et de l'Est sont-elles légitimes ?
Oui. Déjà du point de vue du règlement puisque c'est le premier de la conférence, au moment où sont arrêtés les choix, qui est sélectionné. Ensuite, c'est toujours sympa quand deux joueurs, anciennement All-Star, deviennent deux entraîneurs du même calibre. Les New Orleans Hornets réalisent une formidable performance et ce que fait Boston est remarquable. Les développements de Rondo, Posey, Perkins ou encore Davis sont à mettre au crédit du coach des Celtics.
Ce match des étoiles sera le premier sans Shaquille O'Neal depuis quinze ans. Qu'en pensez-vous ?
Le "Shaq" est l'un de mes joueurs préférés mais sur ce qu'il a fait cette saison, il ne méritait pas d'y être. Maintenant qu'il est à Phoenix, on va rapidement voir si son blocage venait de ses problèmes physiques ou des problèmes mentaux de Miami. En tout cas, avec l'avènement de Dwight Howard chez le Magic, sa non sélection est légitime.
Justement, que vous inspire cette montée en puissance de l'intérieur d'Orlando ?
Il est monumental depuis maintenant deux saisons. C'est le successeur du "Shaq" dans la peinture du Magic, donc la corrélation est évidente. Il est vraiment impressionnant.
"Les Spurs doivent se renouveler"
Comment voyez-vous la fin de saison ?
A l'Ouest, cela risque d'être une jolie partie de manivelles. Quand on voit que Houston est neuvième, cela laisse rêveur. La montée en régime des Lakers, la confirmation du Jazz et l'accélération des Hornets font qu'il va y avoir une bataille terrible. A l'Est, c'est un peu moins chaud.
San Antonio a connu un gros passage à vide en janvier. A quoi est-ce dû selon vous ?
C'est une équipe qui, année après année, pense à se renouveler sans le faire. Même s'ils arrivent actuellement à se remettre en route, il va falloir qu'à un moment donné ils rajeunissent leur effectif. Avec Brent Barry, Michael Finley, Robert Horry et quand on enlève Tony, ils ont quand même trente-deux ans de moyenne d'âge. Alors bien sûr l'expérience, le savoir-faire et la confiance sont de leur côte, mais ce n'est pas évident.
C'est un peu le même problème que l'année dernière, et ils avaient quand même été champions. Pensez-vous que cela puisse leur être préjudiciable en play-offs ?
Il faudra voir dans quel état ils arrivent en play-offs, et contre qui ils vont tomber. Le fait qu'ils s'en soient sortis l'an passé les a sans doute poussés à ne pas renouveler. Moi je leur souhaite de continuer mais, même en cas de victoire cette saison, il faudra changer les batteries.
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