Kishizo wrote:vermeer wrote:Je me prépare à visionner Le manuscrit trouvé à Saragosse (1965) de Wojciech Has, l'as-tu-vu (toi ou un autre)?
Non, je ne connaissais pas. Dans le style décameron, j'ai vu le film de Pasolini dont je ne suis pas grand fan. Ce Has a l'air d'avoir des critiques élogieuses, il me tente aussi. J'attends ton retour, c'est toi qui l'a débusqué alors ouvre le feu.
OK Kishizo, je me lance sur ce film du polonais Wojciech Has : quoique pour un film polonais, beau jeu de poupée russe. Et des poupées, il y en a quelques unes dans ce film. Mais je commence par le début. En pleine guerres Napoléonniennes, deux belligérants marquent une pause dans leur entre-tuerie le temps de s'asseoir à une table autour d'un manuscrit, que dis-je, LE manuscrit. Le tout dans une maison abandonnée.
L'un des belli gérant au mieux une situation qui aurait pu mal tourner, propose de traduire ce qui semble être de l'espagnol, d'autant que le personnage central du manuscrit trouvé vous savez où, semble être son grand-père. Bon, à cette allure j'y suis encore demain je vais donc accélerer. Nous voici projetés dans la deuxième poupée si je puis dire, Alphonse, le grand-père du narrateur du premier niveau donc, mais avec des allures de jeune premier, en gros cherche son chemin vers Madrid et tombe sur une auberge à moitié troglodyte, et je suis poli, et c'est là, après un dîner frugal qu'il se fait cuire lui-même vu que les aubergines, gistes pardon, ont décampé à l'approche du soir par peur de soit-disant fantômes, que les poupées, pas spécialement russes, tombent comme neige au soleil.
Une première au sein nu (que ne ferais-je pour attirer le public) le mène à une pièce somptueuse où deux soeurs magnifiques..........bref il se réveille le matin dehors au milieu de crânes avec deux pendus se balançant nonchalamment au dessus du sien (de crâne). Les s.....célérates l'avaient sans doute drogué à l'insu de son plein gré, mais reprenant son vélo, cheval, il se fait tacler par des inquisiteurs qui, assommé (alfonse bien sûr, mais moi-même je commençais à vaciller), l'enchaînent et se préparent à le torturer, comme tout inquisiteur qui se respecte. OUH la mais je n'avance pas dans cette histoire, c'est moi qui assomme. Ici il était aussi pour moi temps de faire une pause, et donc à la demande générale, et familiale, j'ai pris sous forme d'aspirine Les nouveaux Héros de la Maison Disney, car je sentais la céphalée poindre.
Bref on le libère et de rencontre en rencontre, chacun y va de son histoire, rentrant dans la troisième poupée comme dans un moulin. L'un deux, un borgne ressemblant dans son jeu fait de tics et de brocs à un Monty Python, plus précisément à Michael Palin, me faisait pressentir que cette histoire se barrait en c...en charybde sans même encore apercevoir le bout de scylla, ha si......là (pardon).
Un autre, une sorte de gitan-aventurier lui racontant, à Alfonse (tout le monde suit?), sa jeunesse en compagnie d'un jeune négociant, ce négociant racontant son histoire, 4ème niveau (ou poupée), lorsque son père le mettait en garde contre le banquier Moro (dont il s' empresserait de s'éprendre de la fille bien sûr), la scène de la dispute originelle entre le père et le banquier étant une cinquième poupée, un cinquième niveau dans la profondeur de ce film. En parlant de profondeur c'est à ce moment là que j'ai choisi de voir "La taupe" avec Gary Oldman, l'histoire d'un agent double au cœur du MI6. Comme intermède.
Et à vrai dire j'avais depuis longtemps oublié le premier niveau. Les deux belligérants napoléoniens, vous vous souvenez?
Je vais m'arrêter là dans le fil de cette histoire cousue de noir et blanc, de ces histoires plutôt, en laisser pour les courageux qui voudront s'y coller. Quelques remarques pour finir : un lourd parfum de surréalisme dans certaines scènes, un grain (dans tous les sens du terme) dans la pellicule qui m'a fait penser au chien andalou, à certaines montagnes, à Luis Buñuel. Enfin je n'ai jamais vu les personnages d'un film autant boire, dans tous les contenants possibles, des contenus de toutes les couleurs, si tant est qu'il soit possible dans un film en noir et blanc de parler de couleurs.
Ce parcours semé d'embûches ressemble bien à un parcours initiatique pour Alfonse, j'ai eu une petite pensée pour le Siddharta d'Hermann Hesse, il en ressort plus sage et moi, plus fatigué.
Bon, sans rancune hein. Le prochain film : Machete Kills.