Marat Izmailov wrote:Galcian wrote:Pour le coup, Le vieux fusil m'a plus marqué que Requiem pour un massacre. Probablement parce que je l'ai vu jeune, tout comme La vie est belle d'ailleurs.
Très bon, le Vieux Fusil mais enfin on est loin de Requiem en terme d'impact - même si la manière dont un film marque psychologiquement est très subjectif et dépend des conditions de réception, certes.
Le visionnage du Vieux Fusil m'a fortement déplu. A mon sens, c'est exactement l'inverse de Requiem qui s'il a été confondu avec un film d'exploitation racoleur est un chef d'oeuvre, alors que le Vieux Fusil c'est l'exact inverse. Je me suis senti très mal à l'aise et pris en otage par le réalisateur.
Je n'y vois qu'un "rape and revenge" avec les flashbacks des temps heureux pour justifier une vengeance méthodique avec l'imagination qui va bien variant les plaisirs et contentant la soif de vengeance du spectateur prisonnier du réalisateur.
Come and see à préférer à Requiem pour un massacre qui n'est que le choix de titre des premiers distributeurs qui ont voulu faire dans le racolage pour leur collection Choc en Vhs est le film d'un très grand réalisateur.
Il est même difficile de choisir une scène tellement qu'il y en a de prodigieuses, le retour au village à titre d'exemple (appuyer sur visionner sur youtube) :
https://www.youtube.com/watch?v=t60aOQEnu4M[/video]
Comme Béla Tarr on remarque l'usage de longs plans séquences à la steadycam.
Le bruitage est un personnage à part entière du film, au début de la scène on entend le gazouillement des oiseaux et le bruit assourdissant et inquiétant d'un village sans personne, abandonné à la nature, pour ensuite entendre une lente montée en régime anxiogène d'une troupe de mouches.
Pourtant de présence, il devait y avoir, la cheminée fume encore, la table est encore mise le ragout toutou encore dans la casserole, on sait déjà que quelque chose de grave s'est passé et les personnages également plus ou moins mais ils veulent faire comme si et s'installent pour manger.
la petiote s'aperçoit de la lampe encore allumée, le petiot lui semble se déconnecter de la réalité et attaque son repas avec appétit comme pour se rassurer et retrouver un foyer normal mais il n'y a personne. Elle ne peut pas et renvoit la souplette. Nouveau plan sur les poupées des enfants, retour à la réalité on ne peut se mentir plus longtemps.
Il veut ne plus entendre les mouches, ne plus voir les objets familiers, il sort en hurlant.
La scène du puit est un brillant hors champ, on le voit dans un plan de face et on sait que le charnier est proche quelque part dans son dos mais le réalisateur ne le montre pas. Il le sait également mais il marche comme sur un fil chancelant braquant son regard sur la petiote son seul réconfort, il ne veut pas voir ("Viens et vois") autre chose qu'elle, bien vivante. Elle le regarde avec amour puis son visage ne peut que craquer et se décomposer progressivement en rictus terrifiant. Il part en courrant sans se retourner il ne veut pas voir, elle se retourne par contre et nous voyons. Je ne vais pas faire l'analyse du passage de la boue la scène n'est pas complète