Bergeaud: "On gagne du temps"
Claude Bergeaud est de bonne humeur. Actuellement en stage de préparation à l'Euro 2007 (3-16 septembre) à Divonne-les-Bains, le sélectionneur de l'équipe de France a commencé la conférence de presse en imitant Bernard Laporte. On aurait pu croire s'être trompé de salle. Après les rires, la discussion a commencé. Et Claude Bergeaud n'a pas l'habitude d'être avare en mots. Il a confié aux journalistes ses réflexions sur la préparation de son équipe et sur certains joueurs avec franchise.
Claude, comment gérez-vous la blessure de Tony Parker ?
Risque zéro pour Tony Parker. On est obligé de procéder comme ça. On voit aujourd'hui toute la pression qu'on a pour un mec qui n'a rien au dos, mais qui ne peut pas jouer. L'année dernière, cela commençait déjà, avec le cas d'Aymeric Jeanneau, ses adducteurs pendant la compétition. Villeurbanne avait toussé... Cela va devenir ainsi pour tout le monde. La blessure, avant, faisait partie du sport de haut niveau. Actuellement, elle devient contractuellement difficile à gérer. Ce sont des parasols qu'il faut ouvrir pour tout ça. On ne peut prendre aucun risque. Si le lendemain d'un match, les Spurs (San Antonio, le club de Tony Parker) lisent dans la presse: 'Tony Parker en demi-teinte parce que blessé', on est mort.
Pour Michel Morandais et Cédric Ferchaud, qu'en est-il ?
On prendra une décision après la Belgique (le 4 août, après la rencontre amicale prévue entre la France et la Belgique, Ndlr) et non pas après Strasbourg (où l'équipe de France sera en stage du 7 au 12 août, Ndlr). En Alsace, on aura trois jours d'entraînements. Donc à ce moment-là, on saura déjà. Encore une fois, ça va être juste. Mais on prendra une décision tôt, à la différence de ce qu'on a fait dans les années passées. Il faut gagner du temps. Pour cette année, je ne regrette vraiment pas le choix qu'on a fait. On est vraiment en avance par rapport aux autres années. Quand on est 16, il y a trois groupes de 5. On perd donc mathématiquement un tiers du temps. Alors que cette année, c'est l'un contre l'autre, et encore l'un contre l'autre. On gagne du temps.
Qu'est-ce que vous attendez d'eux défensivement, car ce ne sont pas des défenseurs naturels ?
Cette semaine on attaque un autre domaine d'entraînement, le défensif. On va travailler sur les pressions/orientations. Il y a du duel dans ces situations-là, du un contre un. Les mecs sont évalués sur les entraînements, sur les matches, à chaque instant en fait. J'attends d'eux de l'intensité. L'un comme l'autre n'ont peut-être pas suffisamment de force dans le déplacement latéral, ce qui fait la force de certains défenseurs. Eux n'ont pas cette vitesse, et ils se font donc déborder. Si au moins il y a de l'intensité, ils touchent les joueurs, alors que certains évitent ça. Sur ce qu'ils ont montré dans leurs clubs respectifs, c'est intéressant. Michel a une dimension supplémentaire. Il a du rebond.
"Kirksay est au-dessus des autres"
Aviez-vous des doutes quant à la capacité de Michel à passer d'un rôle de leader dans son club, à un rôle d'appoint en équipe de France ?
Oui. Mais ça a changé cette année. L'année dernière on avait trois postes 2. Cette année, on en a deux. Donc il va jouer plus. Les deux sont là pour tirer, pour envoyer, ont la confiance de tout le monde, jusqu'au dernier souffle. La pression liée à leur temps de jeu est donc levée. Maintenant, à eux de lever l'interrogation par leurs résultats, leur productivité. Ce qui a condamné Michel l'an dernier, c'est qu'il a essayé de défendre, mais il a fait des fautes et n'a pas été efficace. J'attends la même chose de Cédric. Ils sont sur un pied d'égalité, en rotation d'un poste 2 qui est plus arrière et qu'on veut utiliser. Aujourd'hui, dès qu'on veut faire monter l'équipe de France, il faut soit aller presser haut, et soulager Parker afin qu'il ne monte pas tout les ballons et s'épuise, soit fermer tout le dessous du panier et donner du tir. Donc la meilleure façon dans les deux cas, c'est d'avoir un arrière qui peut monter la balle et qui peut tirer dans l'autre solution. Dans l'idée où Parker va rentrer et ressortir, il faut que les mecs y aillent.
Un petit mot sur Tariq Kirksay ?
Je ne m'attendais pas à autre chose que ce qu'il a fait. Il a fait du Tarik, très concentré pendant les entraînements, formidable à côté, amuseur, rieur, comme il est avec tout le monde. Trop efficace pour l'instant à l'entraînement. Il est au-dessus des autres. Il nous fait tout. Son statut peut donc évoluer.
Son départ pour la Russie ne va-t-il pas le désavantager ?
C'est handicapant dans la mesure où la Russie ce n'est pas mon truc. Pour aller lui rendre visite... L'important c'est qu'il dispute une grosse compétition européenne, qu'il dispute des gros matches, car dans la perspective des futures compétitions majeures, c'est intéressant d'avoir un mec qui a évolué dans un championnat de top niveau.
Dans le cas où Boris Diaw devait déclarer forfait pour l'Euro, cela vous donnerait raison d'avoir pris un créateur au poste.
Non, je me réjouis que Tarik soit là tout court, car on s'est aperçu l'année dernière qu'on était un peu juste à ce poste-là. Il en faudrait presque un autre, au poste 5 notamment. Un Tomasevic. Il peut marquer, faire des passes, orienter et détourner des ballons. On n'a pas ça. Ce serait le quatrième poste où on en aurait besoin. Mais en France on n'a pas de 5 créateur comme ça. On est un peu dans la même problématique que les années précédentes. On a donc seulement trois créateurs. Si Boris devait déclarer forfait, on aurait que deux joueurs de son profil. On peut bloquer deux gars. Trois c'est difficile. Donc ce serait embêtant.
Quelles sont vos attentes concernant Yakhouba Diawara ?
Diawara, c'est un couteau suisse. Il pourra couvrir les postes 2, 3 et 4, dans un rôle d'une grande énergie physique. C'est quelqu'un d'impressionnant physiquement, il a un gros coeur, il va vite. C'est un mec très difficile à défendre. En dehors du terrain, c'est un mec très réservé. Il est très, très marrant. Sauf qu'il ne rit jamais quand il sort des blagues. Il est comme ça. C'est après qu'on se rend compte qu'il vient de sortir un truc (rires).
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