Je voulais m'arrêter là, mais je crois qu'on va quand même la faire plus hardcore, mon ami "Futur ex-stephanois". C'est pas contre toi spécialement, ni pour donner quelque leçon que ce soit (un peu quand même), mais bon, quand je repense à tes deux interventions où tu crois m'apprendre la vie, j'ai comme qui dirait la colère et la folie qui monte.
Déjà, d'une j'ai pas de leçons à recevoir. Quand je parle d'exclusion, je crois aussi savoir un peu de quoi je parle, sur ma seule histoire personnelle. J'ai été interné trois fois en psychiatrie, mon frêre jumeau y est abonné depuis l'age de 20 ans. Donc, crois bien, que quand je parle de portes qui se ferment, je sais très bien de quoi je parle. Que ce soit pour les bobos, les soit disant amis, la famille, la société. Toutes ces portes se sont fermées pour moi à un moment donné, et quand je dis fermées, c'est bien fermées, à coups d'attaches sur un lit avec des chaines ou autre, à coups de chambres d'isolement, de services sécurités infirmiers, de policiers qui viennent sonner à 10 à ma porte sous le regard de tous les voisins venus admirer le spectacle, de surcharge médicamenteuse pour calmer le délire, des charges tellement élevées que t'es une épave, qui peut même pas contrôler sa salive, que tu dors plus de 15 heures par jour, plus de rêves, plus d'énergie, plus rien. OK ? C'est juste pour dire que je ne donne pas de leçons, mais que si je vois les dérives pour les autres, c'est que je les ai moi même subies. On n'apprend pas la compassion si on n'a pas soit même beaucoup souffert, pas plus que la "sagesse" (si tant est que la sagesse soit utile).
Ensuite, et là je m'adresse vraiment à toi, mais sans déconner, à qui tu crois pouvoir fait la leçon, sans rire ? Tu travailles au moins avec des maghrebins ? Tu en fréquentes ? Tu as fait un quelconque voyage dans un Pays du maghreb ? Tu as déjà été invité à dormir chez une famille musulmane ou tu as invité à dormir chez toi dans le sens inverse ? Tu as déjà lu le coran ou tu comptes le lire un jour ? Non, je ne sais pas, mais en 2 interventions, on dirait que tu comptes m'apprendre tout des maghrebins, de leur culture, tout de leurs croyances. Non, mais gardes les pour toi tes grandes révélations ! T'es bien gentil, mais ce que tu as dit, tu m'as rien appri que je ne sais déjà. Non seulement, tu m'as rien appri, mais ce que tu crois être la vérité, c'est juste une déformation d'une forme (très) éloignée de la réalité. Réveil, garçon ! Des maghrebins j'en fréquente tous les jours au boulot ! 3 franco-maghrebins, un d'une cinquantaine d'années, deux filles de 30 ans ou moins. Des vrais tunisiens, j'en ai connu et j'en connais 3 aussi, toujours au boulot, des mecs DE Tunisie, venus travailler en France, payés par ma boite. Des mecs en or, hyper respectueux, hyper droits, hyper variés en préoccupations et centres d'intérêt (un metalleux entre autres, fan de megadeth, black sabbath, un immonde sataniste (bouhhhhhh)). Des mecs qui sont contents de travailler en France, mais pas spécialement tous hyper heureux de passer autant de temps chez nous, alors qu'ils ont laissé la mer, le soleil, la vie trépidante, les conjointes et la famille à Tunis. Les deux franco-maghrebines, j'en ai déjà parlé. Tout ce que je peux dire, c'est que c'est des femmes de caractère, comme toutes les franco-maghrebines. Pas des fillettes. Des coeur en or aussi. A mon boulot, y'a deux personnes qui ont pri de mes nouvelles quand j'etais à l'hopital psychiatrique. Un chti et une des franco-maghrebines (celle qui choisi d'élever son gosse toute seule). Ca, j'oublie pas.
Parler des franco-maghrebins, c'est bien, mais il faut considérer l'ensemble. La culture musulmane, les problèmes qu'il peut y avoir en France, les tensions entre communautés, dues à l'histoire, à l'incompréhension des deux côtés, comment en parler sans englober et comprendre l'intégralité de l'historique, l'ensemble de l'histoire ? Déjà, je vois pas comment on peut parler de cette culture sans avoir visité une fois un de ces Pays, s'être fondu dans la (les) culture(s). Je ne sais pas si tu as déjà été en Tunisie, en Algérie ou au Maroc, mais j'en doute un peu quand même, et si c'est pas le cas, je dois dire que je ne vois pas bien de quoi tu peux me parler, mon cher Jean Christophe. Il se trouve que j'ai au moins visité un de ces Pays, le Maroc, et que je pense le connaitre plutôt bien en profondeur puisqu'une de mes trois hospitalisations en psychiatrie s'est faite à l'hopital psychiatrique de Marrakech. J'y suis allé seul, en auberge de jeunesse. Je voulais visiter Marrakech, Ouarzazate, Essaouira, Rabat, Meknes, Fes et Tanger, j'ai finalement vu que Marrakech, Essaouira, Ouarzazate et l'hopital psychatrique de Marrakech, mais c'est pas grave, parce que j'y ai engrangé toute la magie du monde. Déjà, Marrakech est une ville magique, sur la place Jemah el fna tu vois des charmeurs de serpents, des vendeurs d'eau et d'orange, des vendeurs d'artisanat berbère, touareg, gnawa, arabe. Tu vois les danseurs et les chanteurs gnawa qui pratiquent une sorte de transe. Tu te fais harceler toutes les 5 minutes pour une pièce, un guide qui t'envoie dans la boutique de la famille à travers les ruelles tortueuses, acheter de l'huile d'argan ou autre. Pas loin, tu vois autant des voitures, des cars, des deux roues, que tu peux voir des attelages tractés par des chevaux ou des anes (pas beaucoup quand même). La chaleur est écrasante, et dès que tu te mets à l'ombre t'es du côté des vendeurs qui te sollicitent sans arrêt. Une seule alternative, marcher au soleil, ou acheter. Que celui qui n'a jamais rien acheté dans un souk me jette la première pierre, impossible de ne rien acheter. La nuit est magique. Les muezzin lancent l'appel à la prière à des heures bien précises et c'est comme si tout le temps s'arrêtait pour une vraie communion avec dieu quand ils commencent. Tous les minarets se relancent les chants les uns avec les autres, les chants s'élèvent dans la nuit, avec chaque chanteur donnant le meilleur de lui même, c'est très très beau, c'est comme si le temps s'arrêtait.
Mais bon, je vais arrêter un peu là avec la magie, marrakech est une des anciennes villes impériales du Maroc, y'a de très beaux anciens palais un peu partout, une histoire ancienne, c'est aussi la porte du désert, avec les touaregs et les berbères de la région qui viennent vendre leur artisanat, la route de ouarzazate est une des plus belles routes que j'ai jamais vue, avec des paysages à couper le souffle, des kazbah (anciennes villes fortifiées avec des murs en boue), tu peux aller dormir dans le désert avec les touaregs, visiter de palmeraies, dormir dans de somptueuses maisons avec piscine intérieure, aller au hamam, etc. En fait, c'est pas là que réside la vraie magie. A la rigueur du peux visiter tout, voir tout, sans apprendre rien.
En fait, je vais parler un peu de mon voyage au Pays de la folie, du misticisme, la virée en enfer et au paradis. Le voyage vers le délire total (yum
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), pour te dire quand même que tu racontes un peu de la merde, si je peux me permettre. Bon, déjà, faut bien dire que Marrakech peut être autant fascinant que repoussant. C'est multiculturel (arabes, berbères, gnawas, touaregs, riches du nord du maroc, pauvres du sud du maroc, touristes jeunes et bobos (comme moi lol), touristes plus riches et plus agés, commerçants collants, mendiants, jeunes qui te vendent du shit partout, musulmans normaux, musulmans intégristes/salafistes, jeunes bobos maroquains, couchsurfers, jeunes étrangers qui voyagent en mode roots, etc) et globalement tu te fais aborder, partout, tout le temps. Y'a plusieurs façons de réagir, soit tu traces, soit tu t'arrêtes pour discuter avec toujours un peu le risque de devoir donner de l'argent. Y'a des touristes qui finissent pas tracer systématiquement, d'autres qui achètent dans les souks ou ailleurs, d'autres qui parlent, donnent, enfin y'a toutes les attitudes.
Bref, moi perso, j'ai quand même donné pas mal dans mon voyage, à des gamins, à des jeunes qui voulaient me vendre du shit, à des mendiants, à des commerçants pour de l'eau, et à des commerçants de breloque qu'ils te vendent une blinde des bijoux fétishistes, en te donnant tout leur historique touareg, alors qu'ils sont absolument pas touaregs et qu'ils les achètent à la coopérative de Marrakech (ça je l'ai appri après). Tout le rapport à l'argent me saoulait un peu, et y'en avait certains qui me saoulaient surtout, c'est des jeunes qui t'abordent dans la rue partout, te parlent quand tu marches pour faire la conversation, et soit demandent de l'argent pour t'avoir fait la conversation, soit t'amènent dans le super marché artisinal à ne pas manquer ou la super boutique à ne pas manquer tenue par des proches, soit te demandent de l'argent pour t'avoir aidé à trouver ton chemin, alors que tu leur as rien demandé. Phénomène accentué par le fait d'être Français, où là t'as droit à tout le discours d'amour de la France et des Français, Descartes et compagnies, stratégie commerciale efficace pour te faire aller dans la boutique familiale (je me suis fait avoir plusieurs fois).
Avec cette situation qui se reproduisait partout et m'être fait avoir plusieurs fois, je m'etais dit, sur les bons conseils d'un jeune Allemand rencontré à l'auberge de tenir le discours suivant : "ok, je veux bien que tu me suives et qu'on discute, mais je te préviens, je ne te donnerai pas d'argent (ni n'irai dans ta boutique pour aller acheter de l'huile d'argan dont j'ai pas besoin)". De retour de ouarzazate et sachant que je reviens à Marrakech, que je m'approche de Jemah el fnah, qu'il va falloir être fort et soit ne pas parler Français, soit tracer, soit suivre le conseil du jeune allemand, je fais la réponse de l'Allemand au premier gars qui vient me parler par derrière (et d'ailleurs j'ai bien fait, parce que c'est là qu'a commencé la plus belle partie de mon voyage).
Et là, en fait, j'ai complêtement choqué mon interlocuteur, qui m'a dit que c'etait pas du tout son intention, qu'il voulait juste discuter, apprendre à se connaitre, etc. Je dis que la plus belle partie de mon voyage a commencé, parce que dans les faits, c'est vraiment ce qui s'est passé. On a discuté toute la nuit, il m'a présenté ses amis, on a bu des bières ensemble, il m'a invité à dormir chez lui, il m'a fait découvrir les quartiers pauvres où sa famille vivait, un quartier nommé bab-i-lone. Je suis allé dormir chez lui, j'ai rencontré ses parents, des gens très humbles, plutôt pauvres, j'ai découvert son frêre, la femme de son frêre et sa nièce qui vivait dans la même maison, sa maman qui m'a offert le couvert et qui m'a dit qu'elle me considérait comme son fils. Il m'a raconté qu'il avait longtemps vécu en France et en Europe, aux Pays Bas, qu'il avait vécu à Paris, qu'il avait fait du ski, qu'il avait plein d'amis Français. Il m'a montré toutes les photos de sa jeunesse en Europe, quand il avait 18 ans, toutes les photos de lui avec ses amis de France et d'ailleurs, il m'a parlé de sa vie, du bon temps qu'il a passé chez nous quand il etait jeune, les filles, l'argent à profusion, l'aisance financière.
Il m'a dit qu'il avait fréquenté les squatts parisiens, parlé des immeubles abandonnés peuplé de toxicos shootés à la dure où il avait vécu et fréquenté, parlé des quartiers "mal famés" de Paris ville, les réseaux, dit qu'il avait dealé de la weed (produit par des membres de sa famille dans le nord du maroc), de la bonne, de la double zéro, qu'il fournissait à des potes, et que c'est pour ça qu'il avait été expulsé de France. Il regrettait rien, il etait ni aigri, ni nostalgique de cette vie d'avant, il vivait dans une maison de pauvres, dans un quartier de pauvres, à Marrakech, sans eau chaude, avec ses parents, son frêre et la femme et les enfants de son frêre, tout allait bien, on etait tranquilles à écouter du bon reggae, du bon gnawa (il m'a donné un CD d'un groupe local), il fumait des joints, on discutait, tranquilles, on refaisait le monde.
Je lui ai dit que je cherchais des bons souvenirs de qualité pour ma famille, des choses de vraiment bonne qualité, de vraies épices pour ma mère, des bonnes, une vraie tajin, une grande pour la cuisson, une petite pour la décoration, des souvenirs de protection pour ma famille, grand mère, parents, frêre, tantes et oncles, cousines. Je lui ai dit, peu importe le prix, mais je veux de la qualité, on se fait trop arnaquer ici. Il m'a dit qu'il irait faire les courses lui même, qu'il connaissait tous les bons artisants de Marrakech, tous ceux qui fournissaient les marrakchis en épices de qualité, ceux où les vrais locaux allaient se fournir, qu'il connaissait les vrais potier pour les tajin, des tajin qui ne se fendraient pas sous la chaleur, qu'il savait où trouver les tajin de qualités pour la décoration, à la coopérative de Marrakech où tous les artisants gnawa, berbères, touaregs, arabes, allaient vendre et qui fournissait tout le Maroc et tous les commerçants de Marrakech.
Il m'a dit qu'il pouvait me ramener de super bijoux, des étoiles du désert en pendentifs, faites avec du vrai argent massif, incassables, des mains de fatma en bronze, avec une pierre de couleur différente selon chaque signification de couleur. Il m'a conseillé de ne pas me faire voir par les commerçants, de le laisser aller négocier lui même avec eux, de lui faire confiance et de lui laisser l'argent, une fois qu'on a fait nos calculs sur le prix que ça couterait en tout. Je lui ai laissé l'argent, il est parti acheter le tout, et quand il est revenu, putain, il m'avait pas menti, il m'a ramené de la super qualité, de super épices, de super tajines, de super bijoux. Bien sûr, à sa demande, je lui ai laissé un peu plus pour sa famille et lui, c'est normal, mais ce qu'il m'a ramené m'aurait couté 20, 30, 100 fois plus si je l'avais acheté moi même. Ensuite, il m'a fait visiter les quartiers artisants de Marrakech, les potiers, les ferrailleurs, les travailleurs sur bois, ceux qui fournissent tous les hamams, tous les plus beaux hotels, les plus belles maisons d'hote de Marrakech. Le soir on a pri un taxi pour rentrer, il m'a parlé du cimetierre local de Marrakech, là où les juifs et les arabes sont enterrés ensembles, parce qu'ils vivaient ensembles depuis des siècles avant la création de l'etat d'Israël (et on peut même dire qu'ils n'y etaient pas persécutés comme en Europe, très sainte Marie, mère du christ, trouvez et tuez les juifs qui ont vendu Jesus).
Bon, bref, nuit et journée mémorable, nouvelle nuit non moins mémorable avec ses potes de bab-i-lone, mais bon, la dernière nuit, c'est quand même le moment ou ça a commencé à partir salement en couilles de mon côté (
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). Bon, déjà Marrakech, bab-i-lone, les quartiers populaires de Marrakech, c'est pas pour les petites filles, non plus. Je préviens que j'attaque la partie un peu mystique, un peu folle, un peu violente. Je préviens aussi qu'avant Marrakech je n'avais jamais été croyant d'aucune façon que ce soit, ni mystique, ni rien. Bien sûr comme tous les blancs de France, j'avais ma médaille de la vierge issue de mon baptême chrétien. Mais bon, élevé par un père syndicaliste communiste, on peut pas dire que la religion faisait partie franchement de l'historique familial. J'ai du faire 2-3 cours de catéchisme enfant à notre demande moi et mon frêre, mais ça nous a vite saoulé et on y allait surtout pour les cadeaux de la communion. Aux remarques des "professeurs" de catéchisme sur le fait que ça ne nous intéressait pas franchement, mes parents nous en ont sorti aussi vite qu'ils nous y ont mis. Bon, c'est pas un rejet total non plus, ma grand mère maternel etait très croyante. Bon, là, pas de bol, j'avais donné ma médaille de catéchisme à Essaouira.
Donc, là, on peut dire que j'ai commencé à salement déconner lol. Comme je disais dans les quartiers populaires de bab-i-lone où à Marrakech, ça peut être quand même assez violent ou perturbant. Déjà, même si les muezzin font un appel à la prière vibrant, extrêmement fervant, extrêmement pieux et extrêmement suivi (certains commerçants s'arrêtent le temps d'aller prier quand vient l'appel), t'es quand même pas tout à fait sûr que le diable ne reprend pas la rue une fois la prière finie. Quand j'etais à bab-i-lone, la deuxième nuit, on discutait entre amis de mon nouvel ami, on rigolait bien, on échangeait bien, on partageait, mais parmi le groupe, il y avait un jeune touareg, alcoolique, toxico, avec une grande balafre faite par un coups de couteau. Et c'etait pas un cas unique, j'ai fait une rencontre d'un gamin gnawa (que je raconterai après), quand on discutait ensemble à son retour de l'école, il m'expliquait quand même que si il essayait de rentrer assez vite chez lui, c'est aussi, parce que le soir, le mélange alcool, drogues, grande pauvreté faisait que les esprits s'échauffaient et que ça se battait régulièrement au couteau. Pareil dans l'hopital psychiatrique de Marrakech, y'avait quand même deux trois mecs balafrés, avec des cicatrices sur les bras ou le visage, et des fois des têtes pas racontables, sans dents, ou des chicots tous pourris par la consommation de je ne sais quoi de pas très sain.
Bon, je la fais bref pour parler des délires mystiques, à un moment des jeunes se sont joints à notre petit groupe d'apotres (lol). Des jeunes du type sortant de boite de nuit, bien alcoolisés, parlant fort, voulant se joindre à nous. Perso, je les sentais pas trop, je les trouvais bizarres, y'avait des regards en biais, des rires niais, des petits trucs qui coupaient toute l'harmonie de notre petit groupe de 5 ou 6. On s'etait formé une petite communauté qui partageait des trucs, parole, bouffe, le jeune touareg avait arrêté de gueuler dans la rue, à réveiller tout le quartier, calmé à grands coups d'embrassades et d'accolades. Du coups, avec mon nouvel ami, un ami à lui et deux ou trois refaiseurs de monde, dont le touareg, un jeune qui s'etait joint à nous après s'être plaint du bruit qu'on faisait à discuter en pleine rue, on voit ce groupe débarquer, pas dans l'ambiance. Y'en a un en particulier qui parlait très bien Français et qui commence à s'approcher régulièrement de moi en me proposant du shit. Je lui dis plusieurs fois que c'est pas bon pour moi de fumer des drogues, à cause de ma maladie (un genre de schyzophrénie). Il revient et continue. Je lui redis que j'en veux pas de sa merde. Il revient. Là, il me parle plus Français, mais un mélange de Français, d'arabe et de gnawa. Je commence la partie mystique, je vous préviens. Ceux qui ne croient ni en dieu, ni au diable, ni en quoi que ce soit d'approchant, décrochez, ça pourrait ne pas vous intéressez. Il continue. Je comprenais rien à ce qu'il me disait, j'avais l'impression qu'il m'endormait avec son mélange de gnawa, français et arabe. Comme une musique douce, une transe, un truc mystique qui t'apaise et t'endort. Et j'avais l'impression qu'il n'avait pas toutes ses facultés non plus, vu qu'il comprenait pas mes réponses non plus, alors qu'il parlait très bien Français. Un genre de possédé. Je précise que je n'ai rien fait de tout ce que je dirai après de façon réfléchie, c'est une réflexion que j'ai eu à mon retour du Maroc. Au bout d'un moment, à force qu'il revenait me voir pour me proposer toujours son shit, je suis devenu fou, je lui ai gueulé dessus en lui disant en gros "j'en veux pas de ta merde ! tu comprends pas que ça me rend fou ! ça me rend fou !". Là, ça commençait à devenir vraiment bizarre, mon pote qui m'avait dit depuis 2 jours qu'un de ses copains ne devait pas boire trop, parce qu'il devenait dingue quand il buvait, c'est lui qui commençait à proposer de boire, il a commencé à s'énerver contre son pote de m'avoir énervé alors que lui etait pour rien, c'etait contre le jeune gnawa "possédé" que j'en avais. Avec mon pote, on se comprenait plus, il comprenait rien à ce que je lui disais et faisait l'inverse de ce qu'il m'avait dit dans la journée. Le jeune gnawa avait des attitudes bizarres du style à se mettre en retrait et me regarder d'un air vraiment mauvais, avec des signes d'impatience, à réfléchir ou je ne sais quoi. Quand je ne le regardais pas, il me regardait d'un air vraiment mauvais, quand je le regardais, il me faisait de grands sourires, pour me regarder de nouveau de manière mauvaise quand je le regardais plus. Moi, je commençais à me sentir vraiment pas bien, fatigué et pas franchement en sécurité. Mon pote etait complêtement dans le délire, les autres aussi, alors que pendant je sais pas combien de temps tout le monde s'etait dit de parler doucement pour pas réveiller le voisinage. Mon nouvel ami le premier. Là, y'avait plus personne, c'etait le premier à gueuler, à rire, à parler fort, il faisait exactement l'inverse de ce qu'il avait dit toute la soirée et toute la journée. J'ai dû m'y prendre à trois fois au moins pour lui dire que je voulais aller me coucher chez lui (situé à 10 mètres d'où on etait), que j'etais fatigué et que j'aimais pas l'ambiance qui se créait. Au moins trois fois avant qu'il comprenne. Quand il a fini par comprendre, je suis allé chez lui et j'ai même vécu un truc hallucinant comme son frêre qui est venu me border, j'ai très bien dormi, au calme, en paix, je ne sais pas comment mon nouvel ami s'est couché, ni si il s'est réveillé, mais moi c'etait clair même sans trop savoir pourquoi, qu'il fallait que je parte vite fait du quartier le matin, que j'etais pas en sécurité ici, j'ai écrit un mot d'explication vite fait, j'ai laissé l'argent que je pouvais laisser et je suis sorti de la maison pour retourner à l'auberge. C'etait pas un adieu, on s'etait laissé nos numéros de téléphone pour se rappeler, je comptais bien le revoir le lendemain.
Bon, si je dis tout ça c'est pour expliquer le commencement du délire mystique et ce que j'appelerai une forme de chemin spirituel personnel, avec possession d'une forme de présence "diabolique". Possession en mon sein ou dans le sein des personnes que j'ai rencontré. Bon, pour le "diable", je dirai que j'avais une réflexion très binaire, très bien-mal. J'appelerai pas le diable, "diable" aujourd'hui, mais le "testeur", celui qui teste la foi, la droiture, un des anges de dieu comme un autre, chacun peut juger de son esprit maléfique ou bénéfique, mais il est clair pour toutes les religions que cette entité a été exclue de l'entourage direct de dieu, par dieu lui même, donc peu importe la faute, peu importe les fautes après, il y etait quand même dans cet entourage. Je pense que ça mérite réflexion, c'est mon cheminement spirituel, maintenant, mais c'etait pas mon cheminement de l'époque, ni une réflexion super poussée je l'ai dit, j'etais dans le délire total, avec des trucs qui me venaient à l'esprit comme un cheveux sur la soupe. Ca faisait trois ou quatre jours que j'avais pas pri mes médicaments, j'etais déjà dans le délire, tout près d'être enfermé avec les autres fous, et la sentence allait pas tarder.
Le lendemain, je sais plus ce que j'ai fait, si j'ai visité ou un truc du genre, l'idée etait quand même de quitter l'auberge de jeunesse pour aller loger chez mon pote, avant de monter à Meknes, dans le nord du maroc. Sans médicaments, avec le délire qui commençait, j'etais quand même bien paumé (la désoriatation des fous, qui pensent à mille trucs dans la tête, sans en réaliser aucun). Bon, l'idée etait quand même d'appeler mes parents pour qu'ils m'avancent un peu d'argent à rembourser après, pour que je puisse aller dans le nord (j'avais plus un radis), appeler mon nouveau copain pour qu'il m'héberge un ou deux jours avant que je parte de mon auberge de jeunesse le temps que je monte à Meknes. Bon, pas un téléphone ne marchait, ni le numéro du copain, ni celui de mes parents. Ca marchait pas, ni sur mon portable, ni sur la place des téléphones publics de la place jemah el fna. Pas grave, je me pose sur la place jemah el fna, je sympathise bien avec un commerçant, on discute bien, assez longtemps, de religions, de tout autre chose, et puis à un moment donné, il me montre un type qui arrive, il me dit "ce gars là, c'est le mal incarné, c'est le sheitan (le diable). C'est un salafiste branche dure". Un de ses collègues de travail opine du chef.
Le gars arrive, se pose, dit bonjour à tout le monde. Il avait rien de particulièrement salafiste sur l'habillement, pas de grande barbe, pas de jellabah, il portait bien sur lui, il etait habillé à l'occidentale. Je reprécise avant de parler du dialogue que j'ai eu avec lui, que je ne suis pas pratiquant, que je suis en gros jamais allé de ma vie dans une église, que je n'avais pas de bible, ni aucun livre saint à la maison, que j'ai jamais bouffé d'hostie, et que les rares fois où je suis allé dans une église, si j'ai apprécié le calme des chrétiens, toutes les prières à Marie, et autres demandes de rachat systématique m'avaient bien gonflé. Je précise aussi que les mêmes excès dans le sens inverse me gonflent tout autant. Donc, ne me prenez pas pour un fou d'allah, un adorateur de Jesus cruxississifié pour nous, ou je ne sais quoi, on ne mangeait pas de ce pain là à la maison.
Bon bref, le mec se pose, on échange deux ou trois banalités d'usage, "bonjour, vous allez bien", et là je sais pas qui a commencé, mais ça part assez vite sur un dialogue sur la religion. Et on se fait un dialogue hallucinant (enfin hallucinant pour moi qui me connais un peu quand même et qui n'ai jamais tenu ce genre de discours). Il commence par me dire que pour être un bon musulman, il faut lire le coran, mais pas seulement, il faut aussi lire la sunnah (la tradition du prophète mohammed, le récit détaillé presque jour pour jour des événements de sa vie). Je lui dis "pourquoi, le coran n'est pas saint ?". Il me dit "si, le coran est saint, mais il faut aussi lire la sunnah". Je lui réponds pareil : "pourquoi, le coran n'est pas saint ?". Ca commence déjà à monter en ton. "- Si, si c'est saint, mais il faut lire la sunnah aussi. - Si vous me dites que le coran ne suffit pas, ça veut dire que le coran n'est pas saint". Il commence déjà un peu à s'énerver, et moi aussi. Bon, je vous la fait bref, on commence limite à se gueuler dessus sur le coran, la sunnah, le pas saint et tout ça, avec moi qui lui réponds en mode "vous me dites qu'il faut que je lise la sunnah, ça veut donc dire que vous estimez que le coran n'est pas saint !". Après, il continue en me disant que le bonne prière pour un musulman, c'est "allah akbar................ razul allah........." et tout le reste (on m'a rappelé plusieurs fois la bonne phrase quand j'etais au Maroc mais j'ai jamais réussi à m'en rappeler, désolé pour les musulmans qui pourraient lire). Moi je lui réponds, "non ! allah akbar !". Il me dit, non, non, la bonne prière du musulman c'est "allah akbar....... razul hallah.....". Je lui réponds "non ! allah akbar !". Et là on se gueulait carrément dessus !
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Lui avec sa phrase, moi qui lui répondais toujours "non ! allah akbar ! allah akbar ! allah akbar !". Ca commençait sérieusement à étonner et intriguer mon commerçant et son collègue. Ca devenait un peu chaud entre nous quand même.
Bon, pour la suite, peut être plus tard, si je vous ai pas très saoulé, là je dois aller au ciné avec un copain...