Mélenchon avec son discours Place de la République et Hamon avec son discours puissant durant son meeting de Bercy ont le week-end dernier frappé tous les deux un grand coup et montré que les candidats de gauche peuvent aussi rassembler et intéresser beaucoup de monde. Ils peuvent par exemple faire réfléchir à deux fois des jeunes ou des moins jeunes déçus par Hollande et tentés par l'abstention ou indécis (ce qui me fait dire qu'ils peuvent encore tous les deux progresser). Ceci dit, c'est vraiment dommage qu'il n'y ait pas eu entre eux une candidature unifiée parce que lorsqu'on lit leurs programmes respectifs et qu'on les entend les défendre, on sent que c'était largement jouable.
Egalement, Mélenchon a été de l'avis d'à peu près tout le monde celui qui a réalisé la meilleure prestation durant le grand débat. Mais avez-vous remarqué comment on parle de sa performance dans les milieux sondageo-médiatiques ? On évoque les moments où il a été drôle, on parle de ses quelques réparties bien senties, et on le remercie d'avoir en quelque sorte mis de l'animation. Merci Jean-Luc d'avoir sauvé la soirée de l'ennui ! Mais par contre, personne n'imagine une seule seconde que sa performance a pu être appréciée pour les idées qu'il défend. Non, s'il a réussi sa performance, c'est juste parce qu'il nous fait bien rigoler le Jean-Luc, mais les gens ne peuvent quand même pas sérieusement être tentés par ses idées et son programme !
A la rigueur au prochain sondage on lui accordera 1% de plus pour sa "bonne participation orale durant tout le débat" comme aurait dit un prof à un élève de 5ème
, mais bon, soyons sérieux, on a décidé depuis des mois que les utopistes doux rêveurs étaient Mélenchon et Hamon et que les candidats crédibles étaient Le Pen, Macron et Fillon (ceux qui ont lu les programme de ces trois-là ont dû remarquer combien tout était réaliste, réalisable et crédible chez eux !) et donc rien ne peut venir faire bouger cela.
Mais le truc qui m'énerve le plus, ça reste les sondages et leur influence sur la compréhension du débat politique.
On a tous les jours des sondages réalisés avec une méthodologie contestable quand ce n'est pas n'importe comment, faits par des instituts qui peuvent être partiaux, souvent faits à la va-vite (exemple ce jour le sondage
Elabe fait dans la précipitation sur un échantillon faible pour être le premier à donner des chiffres post-débat), proposant des chiffres faux comme l'ont montré plusieurs scrutins récents, mais ce sont encore et toujours ces sondages qui font la loi.
Et là où on voit bien que le mal est fait, c'est lorsque de la presse écrite aux plateaux de
BFM-TV, C dans l'air ou CNews, tous les éditorialistes et les commentateurs de la vie politique se basent
exclusivement sur ces chiffres pour faire leurs analyses.
Si je reprends l'exemple de Mélenchon, imaginez un instant une campagne dans laquelle il n'y aurait pas de sondages depuis 3 mois : comment jugerait-on l'évolution de sa candidature ces jours-ci après sa démonstration de force à Paris samedi suivie de son débat réussi lundi ? Comment le situerait-on par exemple par rapport à un Fillon empêtré dans les affaires, mis en examen, qui a rassemblé 3 fois moins de monde au Trocadéro que Mélenchon à République, invisible pendant la moitié du débat et chiant à mourir lorsqu'il s'est exprimé pendant l'autre moitié ?