Latornade wrote: ↑15 Feb 2020, 08:34
Dr.Makaveli wrote: ↑15 Feb 2020, 08:22
Chacun ses péchés. Amen.
Je viens en de lire ça. Et sur ce point précis de l’histoire et notre conversation c’est exactement ce que je pense et le reproche que je te fais :
C'est à Maupassant qu'il faut en revenir pour prendre la mesure de la régression que nous sommes en train de vivre. Dans une nouvelle intitulée Jadis, une très vieille dame se fait lire les faits divers par sa petite fille, et deux acquittements retiennent soudain l'attention de la centenaire : celui d'une femme qui, pour punir la maîtresse de son mari, lui a brûlé les yeux au vitriol, et celui d'une jeune fille qui, pour punir son amant d'avoir pris sa vertu sans lui rester fidèle, l'avait estropié de deux balles de revolver. Alors que ces crimes semblent monstrueux à l'ancêtre, la jeune fille, elle, est pleine de mansuétude pour les meurtrières (« Mais le mariage, c'est sacré, grand-mère ! »). La plus âgée des deux n'est pas celle qu'on croit… Nous n'avons pas tant l'âge de nos artères que celui de notre époque. Or, la grand-mère vient d'un monde galant, alors que la petite fille est l'enfant d'un siècle moralisateur et pudibond. Et de ce point de vue, ce que nous vivons avec l'affaire Griveaux correspond à un retour à la première moitié du XIX siècle, c'est-à-dire à l'époque où la morale avait force de loi. Les gens qui disent « OK, c'est dégueulasse, mais quel salaud, quand même, ce Griveaux, et quel hypocrite ! » sont les descendants de la vierge effarouchée dont la moraline terrifie sa grand-mère. La différence – mais elle est infime – entre les deux époques est qu'au XIXe, c'est le droit qui eût puni Griveaux, tandis qu'aujourd'hui, le droit le protège et la foule le tue.
J'apprécie de lire ton intervention, qui est joliment illustrée par un exemple bien choisi.
Je te suis tout à fait dans la dénonciation de ce qu'à subit Griveaux, et sur la confusion en ce qui concerne les valeurs morales. Je lis beaucoup de rapprochement entre Griveaux et DSK (puisqu'il a fait partie de ses équipes), ce qui induit une confusion dangereuse. DSK était coupable de violences, et ici Griveaux est la victime, et on n'a pas a porter de jugement moral sur sa façon de vivre sa sexualité. C'est une liberté qui doit être préservée.
Maintenant, je reviens sur ta dernière phrase.
"La différence – mais elle est infime – entre les deux époques est qu'au XIXe, c'est le droit qui eût puni Griveaux, tandis qu'aujourd'hui, le droit le protège et la foule le tue."
La foule le tue ? Là, c'est un peut exagéré peut-être. Et ça fait drôle de lire ça dans une période ou effectivement des gens sont morts, ou bien ont été estropiés, comme dans la nouvelle de Maupassant, et non pas par la foule, mais par la police.
Griveaux est victime d'une agression. et il est protégé par le droit, c'est normal. Et l'ensemble des politiques et des médias se sont exprimé pour le défendre, et aussi sur ce forum, et c'est important.
Mais d'un autre côté, des personnes ont été tué et mutilées, accusées à tort, jetées en prison, sans qu'il y ait unanimité dans la condamnation et la dénonciation des violences ni sur ce forum, ni dans le monde politique, ni dans les médias.
Je pense qu'il est important de remettre les choses à leur place. Non Griveaux n'a rien à voir avec DSK, mais non, la foule ne l'a pas tué.
Par contre des gens sont tués, des gens sont estropiés, par la police. Le danger pour la démocratie, il est là, plus que dans l''affaire Griveaux qui va être rapidement réglée par la justice. Et si tous les Français avaient condamné ces violences, elles auraient déjà cessé.
Mais il y en a trop ici et ailleurs qui sont dans le déni. Résultats : les violences persistent, elles risque d'appeler d'autres violences, et il y a là un danger pour notre démocratie.
https://www.revue-ballast.fr/arie-alimi ... -violence/