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Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 22 Dec 2014, 16:13
by Ulysse42
:super:

Je remet le lien vers une chanson découverte dans les commentaires de l'article que je ne connaissait pas et qui est très bien

https://www.youtube.com/watch?v=OTyV7PDLaEg[/video]

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 25 Dec 2014, 09:18
by Poteau droit
Lu dans Médiapart :

Le Monde : pauvreté et insalubrité riment avec Saint-É

Suite à la parution des études très élaborées de l'Insee en novembre (France, portrait social), Le Monde a voulu faire concret en publiant un article sévère sur l'état du centre-ville de Saint-Étienne. Du fait d'une description quelque peu misérabiliste, la journaliste se récupère une volée de bois vert.

Saint-Étienne, ancienne ville de mines et de passementiers, a droit à tous les poncifs. Déjà le titre : "le centre-ville miné par la pauvreté" (1), et la description du chef-lieu de la Loire nous fait replonger dans Germinal : "impressionde grisaille presque poisseuse", Saint- Étienne (pour enrichir le texte, on l'appelle Armeville en souvenir-cliché de Manufrance) est qualifié de "pauvre ville", de "capitale des taudis", "quartiers de miséreux".

On croirait entendre le Général De Gaulle descendant en août 44 les Champs Elysées, encore sous la mitraille, déclamant : "quartiers déshérités", "quartier abîmé", "quartier dégradé". On s'attend presque à la chute : "mais quartiers libérés" !

Quand on sait que la journaliste, Sylvia Zappi, précise que les pauvres "font la queue" pour chercher de la nourriture à la mairie ou au CCAS (je pense que c'est seulement au CCAS, établissement public dépendant de la mairie), et que les actions de rénovation de l'habitat n'ont été que des "tentatives", de surcroît "homéopathiques" et "dans les années 80", on imagine le cri poussé à l'ombre des terrils (autre cliché, de ma part cette fois-ci) : n'en jetez plus, la cour (des miracles) est pleine.

Tollé général...

… car le trait est effectivement exagéré. Si les quartiers de Tarentaize et de Beaubrun sont touchés par la pauvreté, ceux du Crêt de Roc, de Saint-Roch, de Chavanelle ou de Jacquard ont bénéficié de rénovations importantes (la municipalité cherchant à faire, par exemple, de Saint-Roch un nouveau Saint-Jean lyonnais). La photo, publiée par le quotidien, montre des bâtiments dans un triste état, à l'abandon. Mais à proximité, des immeubles neufs sont ignorés par le photographe. Par ailleurs, ce genre d'immeubles délabrés, on en trouve dans toutes les grandes villes de France et, peut-être, de Navarre. Selon l'Agence Régionale de Santé, on compte entre dix et quinze arrêtés d'insalubrité chaque année dans l'ensemble du département de la Loire. Même s'il faut tenir compte que ces procédures sont lourdes et longues, cela n'autorise pas à exagérer le phénomène d'insalubrité. Il est vrai que le quartier de Tarentaise a bénéficié de crédits de la politique de la ville, sans que pour autant les améliorations soient flagrantes : ce qui fait dire aux connaisseurs que, ici comme ailleurs, sans cette politique, la situation serait pire.

Mais la violence des réactions à cet article peut intriguer : les uns (comme Jean-Michel Steiner, ancien professeur d'histoire) n'hésitent pas à plaisanter sur le nom de la journaliste qui aurait « zappé » l'essentiel ! Quatre enseignants de l'Université Jean-Monnet de Saint-Etienne ont pris leur plus belle plume pour dénoncer ce « discours misérabiliste », estimant que des politiques de rénovation ont bien été entreprises et que « l'existence de signes de changements ne peut échapper à l'observation honnête », laissant clairement entendre ce qu'ils pensent de la morale journalistique de Sylvia Zappi. Tout en cherchant à rectifier les propos de l'une d'entre eux, qui auraient été déformés par la journaliste, ils tentent cependant à se démarquer du « concert des chantres et hérauts du clocher stéphanois » qui s'est élevé contre l'outrage. Ceci pour stigmatiser, sans doute, la municipalité fraîchement élue de droite qui a lancé une action médiatique afin de rameuter sa population contre cette agression du Monde. Ce qui leur vaut les sarcasmes d'un architecte, Jean-Michel Dutreuil, ironisant sur leur « discours de type universitaire », prenant, lui, la défense des « gens du cru » qui se sont mobilisés pour défendre leur ville.

Un ancien maire raconte que les médias, qui viennent à Saint-Etienne, cherchent presque toujours à caricaturer la ville, comme TF1 lui demandant un jour de tourner sur la mine (fermée, pourtant, depuis plusieurs décennies).

Un militant associatif, Georges Günther, a, dans un communiqué, posé les bonnes questions en constatant que le nouveau maire cherche à attirer les promoteurs immobiliers, à repousser les couches populaires, en stoppant le développement des logements sociaux. Gaël Perdriau a en effet déclaré dans Le Progrès du 10 juin dernier : "Nous on veut attirer les cadres. La municipalité de St-Etienne ne donnera plus de garantie d'emprunt. (...) Il faut raser de manière importante pour aérer la ville. (...) Je souhaite ouvrir les portes et les fenêtres à l'investissement privé".

Attirer les classes moyennes

Et effectivement, la question n'est pas tellement de savoir s'il subsiste quelques habitations insalubres. Mais qu'elle est la politique d'aménagement urbain que mène une collectivité. Cet article du Monde, malgré quelques imprécisions et approximations, a ainsi le mérite de poser le problème non seulement de la pauvreté dans les centres-villes (un peu négligé avant la venue de François Lamy au ministère de la ville), mais aussi la politique menée, à gauche comme à droite, qui consiste à chercher à rapatrier des classes moyennes dans le centre ville au détriment des classes populaires.

Car c'est ce qui s'est passé à Saint-Etienne, qui n'a aucune exclusivité en la matière. Que ce soit les anciens maires (Thiollière, Vincent) ou le nouveau (Perdriau), pour changer l'image de la ville et sa structure sociale, ils considèrent que cela doit passer en premier lieu par l'embellissement du centre ville (réfection des places de l'Hôtel de Ville, de la place Jean-Jaurès, de l'esplanade de la gare de Châteaucreux), en espérant un effet de levier sur l'investissement privé qui bénéficierait aux quartiers limitrophes. A se demander, finalement, où sont passés les crédits spécifiques alloués pourtant à ceux-ci...

Le directeur de l'Etablissement Public d'Aménagement déclare au Monde : "notre cœur de cible n'est pas la pauvreté". Choquant, certes, et il a été critiqué pour cette assertion, mais il est vrai que ceux qui rénovent les centres urbains n'ont pas prise sur les ressources des habitants. Et en plus, justement, on leur demande de faire de l'"embellissement". Bien sûr, les choses seraient différentes si, au lieu de vouloir à tout prix faciliter l'installation dans les centres urbains d'habitants fortunés (en développant des stratégies pour que grimpe le prix du m², avec des appartements de standing qui ne trouvent pas preneurs), on faisait tout pour garder les habitants traditionnels : les villes garderaient leur population, alors que, dans le cas de Saint-Etienne, il est arrivé que des élus fassent le nécessaire pour que la ville conserve 200 000 habitants et sa dotation générale d'équipement, alors qu'elle se dépeuplait.

Il est vrai, comme le note Sylvia Zappi, que le taux de pauvreté à Saint-Etienne est de 22 % (contre 14 en moyenne nationale). Cela pourrait justifier l'expression tant décriée de "pauvre ville". Et pourtant l'État vient de publier la liste des quartiers qui bénéficieront des crédits spécifiques de l'Agence Nationale de Renouvellement Urbain (qui permet de travailler sur l'habitat dégradé, le visible pour un élu, non sur les revenus des habitants) : sur 200 quartiers en France, seulement deux (dont Ténaraize) ont été retenus pour Saint-Etienne. Au ministère, a-t-on tout simplement pris en compte le fait que les précédents Programmes de Rénovation Urbaine ont (réellement) porté leurs fruits dans plusieurs quartiers de Saint-Etienne ? Si oui, cela va totalement à l'encontre de la description dramatique faite par l'article du Monde. Si non, la manne va se réduire ou se tarir, avec toutes les restrictions budgétaires publiques actuelles, alors que, sans noircir par trop la situation, il y a encore des investissements à accomplir pour accompagner les quartiers dans leurs mutations nécessaires.

YVES FAUCOUP

http://blogs.mediapart.fr/blog/yves-faucoup" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 25 Dec 2014, 11:51
by Al Greendaø
jfg wrote:
Idem lorsque l'on regarde la nouvelle génération des acteurs, chanteurs.....c'est très souvent les fils de ......

'tain c'est la même chose à la Sncf ou à Carrefour! :mrgreen: Non sérieux les gars, le "réseautage" tout le monde en a profité au moins une fois dans sa vie. ce qui change c'est le milieu dans lequel tu évolues mais c'est comme ça partout en France.

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 11:10
by Idaho
Al van Green wrote:
jfg wrote:
Idem lorsque l'on regarde la nouvelle génération des acteurs, chanteurs.....c'est très souvent les fils de ......
'tain c'est la même chose à la Sncf ou à Carrefour! :mrgreen: Non sérieux les gars, le "réseautage" tout le monde en a profité au moins une fois dans sa vie. ce qui change c'est le milieu dans lequel tu évolues mais c'est comme ça partout en France.
Ouaip, ça fantasme beaucoup sur les Franc-maçons, mais c'est juste un circuit de réseautage (construit par opposition au réseautage "sortie de messe" qui a la peau dure mais peut desservir par son côté "ancien-régime" ;) ).
Le réseautage, ça énerve quand on n'y a pas accès, et on ne s'en rend même pas compte quand on est dedans, on va juste naturellement vers les gens qu'on connait ou "validés" par ceux qu'on connait. Personne n'aime l'inconnu, surtout dans le boulot.
On peut seulement regretter l'industrialisation du réseautage par ces institutions (Franc-maçon, Grandes écoles, Eglise(s) et je ne parle même pas de ceux qui mangent à tous les râteliers), nul besoin d'y ajouter une couche complotiste.

Au sujet l'article du Monde, honnêtement et surtout pour Beaubrun, j'ai trouvé que c'était pas volé :D La vision de la journaliste est par contre hyper-étroite (probablement malhonnête effectivement), mais pas moins étroite que certains articles des années passées sur la renaissance de la ville par le Design, la croixroussisation espérée du crêt-de-roch, ou l'audace architecturale des dernière réalisations.
On est une ville qui a perdu 100000 habitants en 40 ans et pas encore de plan de rechange global (déjà est-ce que l'on l'accepte et on réorganise la ville, désormais trop étalée, en fonction de ça, est-ce qu'on veut regrossir, et si oui pourquoi et comment?).
On est dans un syndrôme "Detroit", la ville a diminué, a rénové des bouts, plutôt bien mais en dépensant de l'argent qu'on avait pas, laissé d'autres à l'abandon, du coup on est toujours à deux rues de Zola et on ne sait pas sur quel pied danser. Pourquoi rénover si on ne peut pas remplir? Que faire de cet espace inutilisé, mais encore trop entrelacé avec la ville utilisée? Notre relation économique avec Lyon semble toujours aussi peu concertée, la question des transports reste au status quo et les plans en discussion sont basés sur des données d'il y a 30 ans. S'ajoute une nouvelle question : quel sera l'impact de la fusion de région?
La transition dure depuis 30 ans, et même si le résultat est chouette par bien des côtés, on est toujours dans un état "ni fait ni à faire", donc oui, des fois on se prend un skud malveillant dans la presse et je pense que ce n'est pas une mauvaise chose si ça fait mouliner quelques cerveaux, au delà de la réplique épidermique tout à fait justifiée :D

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 11:49
by la buse
A Saint-Etienne, nous avons toujours un peu de mal à mettre en avant ce qui réussit.
La Cité du design, terme un peu abstrait (pour moi en premier) est pourtant une réussite reconnue en matière d'urbanisme et d'architecture. C'est exactement ce qu'il faut faire lorsqu'on a des friches à l'échelle de quartiers entiers.
A côté de ça y'a des trucs moches c'est évident, de nombreux commerces fermés en centre ville. Mais faut-il s'étonner de voire disparaître les dernières devantures bourgeoises d'une ex-cité ouvrière ? La mutation est longue car elle n'a probablement pas été comprise par les décideurs économiques, toujours à côté de la plaque.

La question de la complémentarité avec Lyon est bien sûre essentielle car là encore ces même décideurs économiques sont à contre courant de l'histoire en la résumant à la construction d'une autoroute.
La cité voisine qui est très souvent montrée en exemple souffre de problèmes autrement plus sérieux que la nôtre: l'air y est pollué et on y vit moins vieux que chez nous, les loyers sont exorbitants et les ménages doivent lourdement s'endetter pour se loger, se déplacer en voiture relève de l'héroïsme et il n'y a aucun lien social entre quartiers riches et pauvres. Lyon est une ville qui étouffe et qui au lieu de s'ouvrir se multiplie sur elle-même telle une tumeur cancéreuse. Il faudra bien un jour que cette ville accepte de délocaliser en partie de son économie qu'elle n'est déjà plus en mesure d'assumer ni écologiquement ni socialement.

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 13:22
by Fourina
Idaho wrote:
Al van Green wrote:
jfg wrote:
Idem lorsque l'on regarde la nouvelle génération des acteurs, chanteurs.....c'est très souvent les fils de ......
'tain c'est la même chose à la Sncf ou à Carrefour! :mrgreen: Non sérieux les gars, le "réseautage" tout le monde en a profité au moins une fois dans sa vie. ce qui change c'est le milieu dans lequel tu évolues mais c'est comme ça partout en France.
Ouaip, ça fantasme beaucoup sur les Franc-maçons, mais c'est juste un circuit de réseautage (construit par opposition au réseautage "sortie de messe" qui a la peau dure mais peut desservir par son côté "ancien-régime" ;) ).
Le réseautage, ça énerve quand on n'y a pas accès, et on ne s'en rend même pas compte quand on est dedans, on va juste naturellement vers les gens qu'on connait ou "validés" par ceux qu'on connait. Personne n'aime l'inconnu, surtout dans le boulot.
On peut seulement regretter l'industrialisation du réseautage par ces institutions (Franc-maçon, Grandes écoles, Eglise(s) et je ne parle même pas de ceux qui mangent à tous les râteliers), nul besoin d'y ajouter une couche complotiste.
Ah bon ça va alors...

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 13:36
by riflebird
Le monde sort un article suite a la polémique créée par le fameux article....mais il faut être abonné pour pouvoir le lire dans son intégralité:

http://mobile.lemonde.fr/societe/articl ... _3224.html" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 14:40
by Parasar
la buse wrote:A Saint-Etienne, nous avons toujours un peu de mal à mettre en avant ce qui réussit.
La Cité du design, terme un peu abstrait (pour moi en premier) est pourtant une réussite reconnue en matière d'urbanisme et d'architecture. C'est exactement ce qu'il faut faire lorsqu'on a des friches à l'échelle de quartiers entiers.
A côté de ça y'a des trucs moches c'est évident, de nombreux commerces fermés en centre ville. Mais faut-il s'étonner de voire disparaître les dernières devantures bourgeoises d'une ex-cité ouvrière ? La mutation est longue car elle n'a probablement pas été comprise par les décideurs économiques, toujours à côté de la plaque.

La question de la complémentarité avec Lyon est bien sûre essentielle car là encore ces même décideurs économiques sont à contre courant de l'histoire en la résumant à la construction d'une autoroute.
La cité voisine qui est très souvent montrée en exemple souffre de problèmes autrement plus sérieux que la nôtre: l'air y est pollué et on y vit moins vieux que chez nous, les loyers sont exorbitants et les ménages doivent lourdement s'endetter pour se loger, se déplacer en voiture relève de l'héroïsme et il n'y a aucun lien social entre quartiers riches et pauvres. Lyon est une ville qui étouffe et qui au lieu de s'ouvrir se multiplie sur elle-même telle une tumeur cancéreuse. Il faudra bien un jour que cette ville accepte de délocaliser en partie de son économie qu'elle n'est déjà plus en mesure d'assumer ni écologiquement ni socialement.
Les loyers Lyonnais sont à la mesure du niveau de vie, et de la taille de la ville.
Ils sont élevés comme le sont ceux de Nice par exemple.
Maintenant, et pourtant elle m'est guère sympathique, mais il faut reconnaître que Lyon est une belle ville, et que tant dans son aménagement (les berges du rhone) que dans sa comm' (la fête des lumières) elle sait y (ah ce fameux y) faire.

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 15:50
by Idaho
Fourina wrote:Ah bon ça va alors...
Pas forcément, le réseautage, j'aime pas ça, je le fais pas et j'évite les gens qui le font, même si au fond, le simple fait de bien t'entendre avec tes collègues peut être défini comme tel (un jour l'un d'eux sera peut-être ton chef, ou sera dans une autre boîte qui a besoin d'un mec comme toi, la vie est faite d'interactions).
J'ai juste parfois l'impression que ça n'a pas l'air suffisant et qu'il faudrait en plus que ça cache une vérité mystérieuse et si possible horrible :)

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 15:58
by guinnesstime
moi, en tout cas, pour éviter d'être taxer de "réseautage" si je devais choisir d'aider un mec de poto² ou une quenelle, je choisirais la quenelle. :diable:

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 16:11
by Poteau gauche
Lu dans la dernière édition du Monde :

Retour sur une indignation collective à Saint-Etienne

Image

Esprit de Noël, es-tu là ? Voilà une histoire peu banale. Celle d’une ville, Saint-Etienne, qui semble avoir fait l’union sacrée (ou presque), dans une belle démonstration de solidarité, contre un article de journal. Une belle histoire d’arroseur arrosé, où Le Monde tient le rôle de la dinde, qui se prend plein de marrons, faute d’avoir su anticiper les ressorts psychologiques d’une cité à la fierté chevillée aux murs.

Une histoire édifiante de notre temps, aussi, où les réseaux sociaux démontrent leur puissance face aux tigres de papier. Une histoire si classique de politique, enfin, où un maire a su habilement manœuvrer, en se saisissant de l’occasion qui lui était offerte de se poser en héraut de l’honneur local bafoué.

Retour en arrière. C’est un article plutôt ordinaire, publié en tête de page 11 de l’édition pas plus extraordinaire du 9 décembre, qui a mis le feu aux poudres.

Intitulé « A Saint-Etienne, le centre-ville miné par la pauvreté », il pose la capitale du Forez comme l’illustration grandeur nature d’un phénomène mis en avant dans une étude de l’Insee et bien connu des géographes et urbanistes : celui des agglomérations où habitants aisés et classes moyennes font leurs valises pour s’installer en périphérie, de préférence dans des maisons individuelles, laissant le cœur des villes à leur dénuement.

Apostrophe personnalisée

La journaliste Sylvia Zappi, qui s’est rendue sur place, décrit la décrépitude de certains quartiers, notamment ceux de Beaubrun et de Tarentaize, comme l’on tire une sonnette d’alarme. Elle narre en introduction des « immeubles délabrés qui donnent le bourdon », « des façades couvertes de suie », « des bâtisses qui tombent en ruine », et dépeint l’ancienne cité de Manufrance comme la « capitale des taudis ». La prose est subjective, comme peuvent parfois l’être des descriptions de reportages, et ne cherche pas à s’en cacher. Les mots sont stridents, ils ne se veulent pas blessants. Raté. Ils l’ont manifestement été.

Déluge de courriers, avalanche de réactions sur Twitter, pluie de réactions acides, courroucées ou désabusées sur le site Internet du Monde… Voilà bien longtemps qu’un article, dans une institution qui vient de fêter ses 70 ans, n’avait suscité pareille levée de boucliers. Une chronique du médiateur s’est emparée de cette affaire, donnant largement la parole aux mécontents. Mais elle n’a pas circonscrit le brasier.

La polémique s’est invitée, samedi 21 décembre, jusque dans les travées du stade Geoffroy-Guichard, le temple de l’AS Saint-Etienne, dans cette ville où le foot tient une place centrale. De mémoire de journaliste du Monde, on n’avait jamais rien vu de semblable. Une gigantesque banderole, large comme le terrain, a été déployée par les supporteurs, avec cette apostrophe personnalisée : « Descend (sic) dans le taudis, on va t’apprendre à refaire Le Monde ». Comment aurait-on pu se dérober face à pareille invitation ?

Autant le poser clairement : l’objet de cet article n’est pas de faire un mea culpa, en se couvrant de cendres, pas plus que de jouer les fiers-à-bras. Mais plus simplement de tenter de comprendre ce phénomène rare, qui a cristallisé la fierté d’une ville contre un reportage, en revenant sur les lieux du « crime ».

Hashtag « #Stephanoisfiers »

Lorsqu’il a découvert l’article, l’ancien maire PS (2008-2014), Maurice Vincent, est, dit-il, resté « scotché ». « Il y a eu une émotion spontanée et générale, chez les politiques et les intellectuels. Moi, c’est comme si j’avais pris un poing dans la figure. Le cliché de la capitale des taudis, ça date d’il y a cinquante ans », relève-t-il. Et de préciser, à la manière d’un vieux lecteur : « Je crois que venant d’un autre journal, ça n’aurait pas été pareil. Mais Le Monde, c’est Le Monde, quand même. »

Qui aime bien châtie bien, dit l’adage. Il fut le premier à appeler notre correspondant à Saint-Etienne, Vincent Charbonnier, dont le téléphone a vite chauffé. Il fut aussi le premier intervenant d’un article publié dans le quotidien régional Le Progrès dès le 10 décembre sur « l’étrange et stigmatisante vision du Monde ».

A Paris, ce sont les boîtes de courriels qui ont débordé. Car l’imaginatif maire de la ville, Gaël Perdriau (UMP), avec un sens politique certain, s’est rapidement mis en position de mener la fronde. Roué à la communication moderne, cet ancien cadre commercial a l’habitude, chaque jour, de poster sur Facebook un petit message pour les Stéphanois. Là, il s’est empressé de lancer sur Twitter le hashtag « #Stephanoisfiers », pour inviter les habitants à envoyer leurs plus belles photos de Saint-Etienne. Succès garanti… D’autant que, pour relayer cette initiative, il s’est servi des panneaux municipaux lumineux, en y livrant en sus l’adresse électronique du rédacteur en chef du service France du journal, Thomas Wieder, rapidement inondé de messages.

M. Perdriau se défend d’avoir bondi sur l’occasion pour faire un « coup ». « Saint-Etienne a un taux de chômage dans la moyenne nationale, et a fait des efforts énormes pour s’en sortir. Etre ramené cinquante ans en arrière, c’est insupportable », argumente-t-il. « Son initiative a un côté populiste – il l’est – mais, en l’occurrence, elle a surtout été populaire »,souligne M. Vincent.

« Ici, les gens ne défendent pas qu’un club, mais un territoire »

Dans les rangs de l’opposition, on ne se prive pas, cependant, d’observer que le maire se retrouve lui aussi en position d’arroseur arrosé : « Il est pris à son propre jeu. Il a fait une campagne municipale très à droite et très exagérée sur l’insécurité et la pauvreté. Il ne faut pas s’étonner, après, que certains aient une mauvaise image de Saint-Etienne », attaque Florent Pigeon, l’actuel chef de file du PS municipal. Cette campagne s’était alors révélée très efficace : entre les deux tours, M. Perdriau a séduit une part importante de l’électorat du FN, dont le score est passé de 18,3 % à 11,8 %.

Contesté sur la forme, l’article du Monde ne soulevait pas moins un sujet très sensible dans la ville, et que personne ne conteste : celui d’un centre qui se dévitalise. « Le problème existe, je ne le nie pas, mais on essaie de faire venir des investisseurs », assure M. Perdriau. « C’est sûr que, ces dernières années, de nombreuses familles de classe moyenne sont parties en périphérie, comme dans beaucoup d’autres villes », admet en écho M. Vincent. Et les différentes municipalités, les unes après les autres, n’ont pour l’heure pas trouvé la martingale qui permettrait de remédier à ce phénomène.

Comment ce mouvement de fronde contre Le Monde a-t-il fini par s’exprimer jusque dans les tribunes du stade Geoffroy-Guichard ? Mystère. Les membres des Magic fans – le groupe de supporteurs qui a déployé la banderole – que nous avons contactés ne nous ont pas répondu. « L’expression des supporteurs est libre », assure Philippe Lyonnet, le directeur de la communication des Verts. Cet ancien journaliste de L’Equipe, qui connaît par cœur son anthropologie footballistique, note tout de même un particularisme bien local : « Ici, les gens ne défendent pas qu’un club, mais un territoire. » A Saint-Etienne, on ne dit pas aux joueurs de foot de « mouiller le maillot », pour les inciter à courir, mais d’« aller à la mine ».

«Difficulté à se trouver un chemin d’avenir »

Et si le nœud était-là ? Tel article aurait-il, ailleurs, suscité pareille indignation ? Rien n’est moins sûr. « Il y a ici une fierté particulière, héritée de l’histoire. La ville a beaucoup souffert il y a une quarantaine d’années, lorsque son industrie minière et métallurgique s’est effondrée. Il y a une solidarité, une chaleur », veut croire M. Perdriau. « On se bat ensemble depuis des décennies », appuie M. Pigeon.

Ce cliché-là, personne ne le rejette. Tant pis s’il masque aussi, peut-être, une réalité un peu plus complexe. « Historiquement, Saint-Etienne est une double colonie industrielle, sous l’influence de Paris – de l’Etat – et de Lyon. C’est un territoire de gens venus d’ailleurs, pour des raisons économiques. C’est un territoire qui a connu une crise psychologique majeure, qui s’en est plutôt bien tiré, mais qui a parfois tendance à se voir mourir. Il y a ici, plus qu’ailleurs, une absence de sérénité face au passé et une difficulté à se trouver un chemin d’avenir, qui explique peut-être la virulence des réactions », estime Philippe Peyre, le directeur-conservateur du Musée de la mine.

Pour terminer notre voyage, nous nous sommes arrêtés devant les panneaux publicitaires où s’étale la nouvelle campagne promotionnelle de la ville, lancée deux jours après l’article du Monde, mais conçue plusieurs semaines auparavant. Son slogan ? « Saint-Etienne change le monde. »M. Perdriau s’amuse beaucoup de cet heureux hasard.

Pierre Jaxel-Truer

http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 16:14
by Idaho
guinnesstime wrote:moi, en tout cas, pour éviter d'être taxer de "réseautage" si je devais choisir d'aider un mec de poto² ou une quenelle, je choisirais la quenelle. :diable:
En même temps, on leur vole leurs boulots sur Lyon, ça serait un juste retour des choses de les aider à s'insérer :mrgreen:

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 16:32
by Idaho
Merci pour l'article complet :)

Il se mettent un peu en scène, Le Monde quand même, et ça leur fait un bon feuilleton. Mais bon, c'est bien d'avoir obtenu un droit de suite. Allez, maintenant on enchaîne avec un débat d'urbanistes :)
Belle banderole des Magics, j'avais pas vu :super:

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 16:36
by Fourina
Juste pour rappeler que l'expression "capitale des taudis" n'est pas née de la journaliste, mais était le surnom parfois utilisée pour qualifier Sainté et Marseille après la guerre, qui comportait un nombre important de logements indignes, insalubres et indécents comme on dit aujourd'hui. Il faudrait retrouver les chiffres des logements sans eau courante ou sans latrines, c'était assez stupéfiant. Quoique je ne suis pas sûr que la journaliste fasse référence à ça volontairement :pascontent2:

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 16:47
by Fourina
Idaho wrote:
Fourina wrote:Ah bon ça va alors...
Pas forcément, le réseautage, j'aime pas ça, je le fais pas et j'évite les gens qui le font, même si au fond, le simple fait de bien t'entendre avec tes collègues peut être défini comme tel (un jour l'un d'eux sera peut-être ton chef, ou sera dans une autre boîte qui a besoin d'un mec comme toi, la vie est faite d'interactions).
J'ai juste parfois l'impression que ça n'a pas l'air suffisant et qu'il faudrait en plus que ça cache une vérité mystérieuse et si possible horrible :)
En fait j'ai du mal à voir la franc-maçonnerie comme un simple réseau comparable à celui des grandes écoles, quand cette dernière a eu une influence considérable sur la laïcité et donc (en conséquence plus ou moins importante il me semble) sur la sécularisation progressive de la France, qui est un des bouleversements (en bien ou en mal) les plus importants qu'on ait connu depuis 1 siècle.

Et elle s'en vante évidemment, même si il se dit que son influence politique a baissé et qu'elle s'oriente vers le spiritualisme... une baisse de son influence politique je veux, mais quelle blague cette orientation. Quel spiritualisme a besoin de ne jamais dévoiler ce qu'il s'y dit, ceux qui en sont, et où il s'y passe ?

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 17:16
by Ulysse42
Le secret c'est pour nourrir les fantasmes et paraitre plus important que ça ne l'est pour attirer de nouveaux membres. Et ça marche super bien.

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 17:26
by Idaho
J'avais plutôt l'impression qu'ils s'étaient sécularisés en même temps que la France, vu qu'ils ont une origine religieuse. Mais il est vrai qu'ils ont fait partie des défenseurs de la laïcité (comme les protestants), ce qui semble logique quand tu "recrutes" surtout chez ce qu'on appelle les élites républicaines : les mouvements et les idées de leurs membres, c'est toujours "l’œuf ou la poule" :)
Pour l'orientation spirituelle, difficile à dire, c'est tellement fourre-tout, mais bon, les secrets, l'anonymat (relatif) les costumes et tout le folklore, c'est leur fond de commerce, je serais étonné qu'ils y renoncent, ça ferait d'eux un bête club genre le club des Cent, et puis fini les "Une" de l'Express et du Point tous les 3 mois :mrgreen:

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 17:35
by Fourina
Un certain Peillon, ministre de l'éducation pendant 2 ans, nous fait un petit résumé en 4 minutes de la laïcité (bon le titre est racoleur)...

http://www.youtube.com/watch?v=kUB54depqlM[/video]

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 18:49
by Poteau droit
Article paru aujourd'hui sur le site Contrepoints :

Geoffroy Guichard, la sagesse d’un entrepreneur

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Vous connaissez probablement le stade Geoffroy Guichard, mais connaissez-vous l’entrepreneur, fondateur du groupe Casino, à qui ce stade doit son nom ?

Geoffroy Guichard (image libre de droits)Si tous les amateurs de ballon rond connaissent le nom de Geoffroy Guichard, moins nombreux sont ceux qui savent que ce nom de stade célèbre est celui du fondateur du groupe Casino. Petit épicier devenu grand patron, il a laissé un journal qui exprime sa vision du monde et des êtres : « Combien de temps notre souvenir vivra-t-il chez nos enfants et nos petits-enfants ? De quelle utilité pourra être, pour eux et pour leurs descendants, l’expérience acquise par leur père et leur ancêtre au cours de son existence ? Si j’en juge par ce que je vois autour de moi, ce souvenir n’aura qu’une bien faible durée. Les morts vont vite ! »

De l’épicerie aux magasins à succursales

Né à Feurs petite ville de la plaine du Forez à 45 km au nord de Saint-Etienne, en 1867, il n’est pas allé au-delà du baccalauréat : son père, petit épicier, avait besoin de lui. C’est sans enthousiasme qu’il embrasse une carrière dans le petit commerce. Il vient s’installer à Saint-Etienne et épouse la fille d’un épicier, Antonia Perrachon. Il s’associe avec un cousin de sa femme pour tenir une épicerie installée dans un ancien casino lyrique (d’où le curieux nom que devait prendre son entreprise). Soucieux de sortir de la médiocrité de sa situation, il fait un voyage d’études à Reims où s’était développée une formule de magasins à succursales dans l’alimentation. Il va donc créer la « Société des Magasins du Casino et établissements économiques d’alimentation » en 1898, société en commandite par actions qui lui permet de drainer des capitaux tout en conservant le contrôle de l’affaire.

Le nombre de succursales passe de 50 en 1900 à 450 en 1914. En difficulté à la suite de problèmes rencontrés comme l’incendie de ses entrepôts, il refuse de faire appel à des capitaux extérieurs. Pour lui, l’appel au crédit des banques doit être une exception et ne doit avoir qu’un caractère momentané, on doit s’agrandir, bâtir, acheter avec ses « économies ». Selon ses mots : « l’esprit d’économie et l’amour du travail sont à la base de la réussite en affaires ». Confronté à des problèmes avec ses fournisseurs, soucieux également de contrôler la qualité des produits vendus, Guichard va décider de passer à la production d’une partie de ses produits alimentaires, notamment le chocolat, le café, le pain, l’huile, etc. Il dépose la marque Casino en 1904. Avec les tickets prime, il lance le premier programme de fidélisation en France (1902).

Dès avant 1914 apparaît le thème des petits commerçants victime de la « grande distribution » auquel une brochure de Casino répond : « On a prétendu que les maisons à succursales, dans le genre de la société du Casino, provoquaient la disparition du petit commerce individualiste : nous devons réfuter cette erreur. Ce ne sont pas les sociétés à succursales multiples qui ont mis le petit commerce dans la situation lamentable dans laquelle il se débat. Les causes sont d’ordre général. C’est d’abord la mentalité nouvelle qui se manifeste dans la masse des consommateurs s’attachant avant tout à la propreté, à la tenue des magasins, recherchant le bon marché, voulant un choix complet de marchandises. » L’État était donc intervenu en augmentant de façon importante la patente des magasins à succursales multiples, ce qui n’a en rien empêché le déclin du petit commerce.

Le succès et la gloire

Geoffroy Guichard (Crédits Altrensa, licence Creative Commons)Pendant la Grande guerre, il met au service de la collectivité son expérience et ses moyens commerciaux. C’est aussi l’approfondissement d’une politique sociale précoce : fondation en faveur des orphelins de guerre, aide aux familles des mobilisés. Le « familiamisme » Casino avait pris la forme d’allocations familiales, retraites, secours mutuels, participation aux résultats…Une des conséquences devait être d’intervenir aussi dans le domaine des loisirs : l’Association sportive (1920) devait être développée par son fils Pierre et devenir l’ASSE, le vert étant, à l’époque, la couleur de Casino.

Après la guerre, il peut s’appuyer sur les compétences de son beau-frère polytechnicien, qui met en place la modernisation de l’entreprise. Le réseau Casino étant surtout implanté dans le sud, il prend le contrôle de l’Épargne, entreprise à succursales du sud-ouest (1925). À la fin des années 20, le groupe est à son apogée, présent dans 28 départements, employant 2000 personnes. La publicité qui avait été utilisé très tôt connaît un grand développement : en 1931, le rôle clé de l’épicier maison est personnalisé par le bonhomme Casino. Dans sa main droite, un globe symbolisant la vision universelle du commerce défendue par le groupe stéphanois, dans la gauche, une balance de justice reflétant la relation de confiance instaurée entre le client et la société. Une devise accompagne cette silhouette affublée d’un tablier vert : « Je suis partout. Je vends de tout. »

Geoffroy Guichard a fait appel au plus célèbre graphiste de l’époque pour croquer ce bonhomme, Cassandre, créateur du logo de la marque Yves Saint-Laurent, des affiches d’Hôtel du Nord, du paquebot Normandie et du slogan « Dubo, Dubon, Dubonnet », auquel le musée d’art moderne de New York consacra une exposition dès 1936 ! Sa ligne sobre, influencée par le Bauhaus, fait la part belle au message, facile à saisir.

En 1930, à l’issue d’un voyage aux États-Unis avec ses fils Mario et Jean, il adopte un certain nombre d’innovations américaines : caisses enregistreuses, vitrines frigorifiques, libre-service, publicité de marques. Comme il le note : « c’est un coup de fouet pour le cas où nous serions tentés de vivre sur l’acquis ».

Les recettes du succès

Il entreprend la rédaction de ses Souvenirs le 9 mars 1927. Comme le note un de ses biographes, « le véritable homme d’action est celui qui conçoit et réalise en vue de la durée. (…) Une belle vie est une œuvre d’art qui survit à son « ouvrier », par l’exemple et c’est par là qu’elle est féconde ». « J’étais paraît-il extrêmement turbulent et très vaniteux », or tous les témoignages nous le présentent calme et modeste. C’est en se réformant soi-même que l’on réforme le mieux autrui.

Il attribuait sa réussite à l’abandon d’une partie des profits : « si j’avais chaque année retiré la participation à laquelle j’avais légalement droit », ses affaires ne se seraient pas autant développées. Pour lui, l’entrepreneur idéal « ne doit jamais dépenser plus de la moitié de ce qu’il gagne en année normale. Il doit en outre, placer ses économies, de façon à en avoir toujours une partie importante facilement mobilisable. On ne doit pas immobiliser en immeubles ou en propriétés, ou en valeurs difficilement négociables, plus d’un tiers de ce qu’on possède. »

Il ne veut pas distribuer tous les bénéfices aux actionnaires : il préfère les mettre en réserve et en contrepartie donne des actions gratuites aux actionnaires. La capitalisation des réserves permet d’autofinancer la croissance du Casino. Sinon pour des investissements exceptionnels, il devait avoir recours à l’épargne publique, par emprunts obligataires : à 5 reprises entre 1911 et 1940 ou par augmentation de capital à 6 reprises.

Il reste fidèle aux traditions du XIXe s. : les enfants Guichard ont du suivre une formation professionnelle faisant des stages dans divers services avant d’accéder à la direction. Il ne voulait pas de désœuvrés ou de chefs de maison honoraires mais des « travailleurs capables de diriger eux-mêmes, et de donner l’exemple ». Il conseille à ses fils :

« la place de gérant ne doit pas être réservée à celui qui n’est pas capable de se créer une situation par lui-même mais bien au plus intelligent et à celui qui présente le plus de qualités commerciales : travail, économie, droiture, calme et maîtrise de lui-même. Au conseil de gérance, les deux tiers des membres au moins doivent être des commerçants ; le nombre des techniciens ne devra pas dépasser un tiers. Un ingénieur peut d’ailleurs devenir commerçant, à la condition qu’il fasse l’apprentissage du détail, et passe par tous les services. »
Pour Guichard, « il faut se méfier, sauf en des cas exceptionnels qui exigent l’urgence dans la prise des mesures, des décisions hâtives ; il faut se donner le temps de réfléchir, se rappeler qu’une affaire manquée n’est jamais une mauvaise affaire ; et il faut autant que possible, remettre au lendemain ce qu’on ne peut faire la veille. » Parmi les propos qui restent d’actualité, relevons qu’à ses yeux, « l’argent doit être considéré comme un moyen et non comme un but de la vie » et « spéculer à la bourse quand on n’est pas initié c’est comme acheter une vache à la chandelle ». Il se méfie de la bourse et possédait dans sa bibliothèque une Histoire de Wall Street : « Celui qui compte faire des bénéfices et gagner de l’argent autrement que par son travail, se leurre. Toujours le spéculateur est victime de sa passion… »

Il compare l’entreprise française et l’entreprise américaine :

« Nous n’avons entrepris des agrandissements et des développements qu’après nous être assurés des moyens d’y faire face. C’est avec nos propres ressources que notre capital a été, le plus souvent augmenté, et c’est avec nos frais généraux que nous avons effectué la plupart de nos amortissements. La méthode américaine a des avantages, elle permet de voir plus grand, d’installer plus rationnellement les entrepôts et les usines, et d’arriver plus vite au résultat espéré ; mais qu’un événement imprévu se produise, qu’une crise éclate, c’est la gêne, la lutte pour la trésorerie, et peut-être la ruine, qui sont l’aboutissement d’une situation que l’on avait tout lieu de croire prospère. »
Il s’efforce d’inculquer à ses enfants de bons principes mais aussi de les inciter à ne pas négliger ce qui lui a fait défaut :

« J’ai pu me rendre compte de l’état d’infériorité dans lequel nous met l’ignorance de l’anglais. Je vous recommande instamment, mes chers enfants, de faire apprendre à vos fils l’anglais, d’abord, puis une autre langue à volonté : l’allemand, l’italien, l’espagnol ou le portugais. De plus en plus, nous sommes amenés à nous déplacer, à entrer en relations avec nos voisins. Nous devons être en mesure de tenir notre rang. »

« À mon avis, il y a en affaires autre chose que le bénéfice (…). Il faut se souvenir que le commerce n’est pas une science ; c’est un art. L’arithmétique n’en est pas la seule règle ; la psychologie, le savoir-faire jouent un rôle important. Il faut savoir, en certaines circonstances, se montrer généreux, confiant, cordial : le tout est de ne pas dépasser la mesure ; c’est affaire d’intelligence et de tact. C’est évidemment plus compliqué et plus désagréable que de se placer au seul point de vue des intérêts pécuniaires, mais les avantages, au point de vue de la considération et de la réputation, sont incomparables».
Il donne aussi des conseils intéressants sur les relations avec le personnel : « Vous devez donner à vos gérants, dans les visites qu’ils font à l’entrepôt, l’impression de la puissance…Mais il faut éviter qu’ils aient l’impression que la maison est riche, et que notre installation est trop luxueuse. La puissance engendre l’admiration et la crainte ; la richesse excite la jalousie et la haine. » Il souligne : « La seule façon d’inspirer la confiance est d’attirer la considération (ce qu’on appelle communément le bon esprit), c’est la justice. »

Fin de parcours

Si Geoffroy Guichard s’est mis à écrire c’est qu’il songe à se retirer. Le 25 octobre 1929, dans une Assemblée Générale extraordinaire, il annonce sa volonté de quitter la société pour la laisser à ses enfants. Mais il va continuer de suivre de très près la marche des affaires. Chacun de ses fils va être en charge d’un département spécialisé.

Dans sa dernière lettre, il recommande à ses enfants de maintenir l’entente entre eux : « Tous vos efforts doivent tendre à inculquer cet état d’esprit à vos enfants et petits-enfants, en les habituant très jeunes au respect des traditions familiales et religieuses, et en cherchant à en faire, en même temps que des gens instruits, des travailleurs sérieux, modestes, et non de simples intellectuels, ni des hommes brillants ou mondains. »

Au moment du front populaire, il soulignait la responsabilité du patronat : « Certes beaucoup de patrons se sont intéressés très efficacement à leur personnel. Beaucoup ont créé des œuvres admirables pour combattre la maladie, le chômage, et préparer à leurs collaborateurs une vieillesse heureuse, mais il faut reconnaître que c’est là l’exception… » L’entreprise n’est d’ailleurs pas épargnée par les mouvements de grève mais la direction décide de ne renvoyer aucun employé.

Geoffroy Guichard devait décéder en 1940 dans une clinique parisienne. Après des funérailles très solennelles à Saint-Étienne, il devait être inhumé dans le cimetière de sa petite ville natale.

Gérard-Michel Thermeau

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Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 19:06
by Poteau gauche
Article paru aujourd'hui sur le site Arrêt sur images :

SAINT-ETIENNE "CAPITALE DES TAUDIS" : COMMENT LE MONDE TENTE D'ÉTEINDRE L'INCENDIE

Saint-Etienne 1 / Le Monde 0 ? Le quotidien revient aujourd’hui sur la polémique ouverte depuis la publication le 8 décembre d’un article sur la pauvreté du centre-ville de Saint-Etienne qui a choqué les habitants. Ces derniers, ancien et actuel maires en tête, ont exprimé leur colère à force de courriers, de messages sur les réseaux sociaux ou encore de banderoles comme celle affichée samedi dernier au stade Geoffroy-Guichard, temple de l’AS Saint-Etienne. En jeu : l’image d’une ville qui – comme de nombreuses autres villes en France – voit son centre se paupériser.

Si "l’objet de cet article n’est pas de faire un mea culpa, en se couvrant de cendres, pas plus que de jouer les fier-à-bras", son auteur, le journaliste du Monde Pierre Jaxel-Truer, cherche néanmoins à déminer une polémique qui peine à s’éteindre depuis le 8 décembre dernier. Ce jour-là, Le Monde publie deux articles signés Sylvia Zappi qui prennent pour point de départ l’étude de l’Insee intitulée "France, portrait social" publiée le 19 novembre. Le premier article résume l’étude qui tend à montrer que "les pauvres vivent majoritairement dans les villes centres et les banlieues des agglomérations" et non dans les couronnes. "Dans plus de la moitié des métropoles, les revenus sont même plus élevés dans la banlieue que dans la couronne : c’est le cas à Toulouse, Nice ou Rennes". Exception notable : Paris et Lyon dont "les centres concentrent les revenus les plus élevés" nous apprend l’article.

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Pour illustrer cette étude, la journaliste décide de se rendre à Saint-Etienne. Son reportage commence sur ces mots : "le ciel est bas mais l’impression de grisaille, presque poisseuse, ne vient pas de là. Dans ce quartier de Saint-Etienne, ce sont les immeubles délabrés qui donnent le bourdon. Les façades sont comme couvertes de suie. Là, des cabanes surplombent le dernier étage d’une construction". S’ensuit alors un tableau de "la capitale des taudis", "cette ville frappée par la crise industrielle" qui connaît un taux de pauvreté de 22 % – bien au-delà de la moyenne nationale (14 %) – ainsi qu’une description des quartiers Tarentaize, Beaubrun ou encore Crêt de Roc et Jacquard. "Le tout fait comme un croissant de pauvreté qui est toujours là, autour de l’hôtel de ville" décrit Jean-Noël Blanc, sociologue urbaniste à la retraite cité par la journaliste dont l’article publié sur le site du Monde est accompagné de quatre photos d’habitations délabrées.

"MERCI POUR L’OBJECTIVITÉ !"

Aussitôt l’article paru, des voix stéphanoises s’élèvent et s’indignent, à commencer par l’ancien maire PS de la ville et actuel sénateur de La Loire Maurice Vincent qui signe une tribune dès le lendemain dans Le Progrès (accès payant) sur "l’étrange et stigmatisante vision du Monde". Dans un communiqué paru sur son site, l’élu dénonce "un parti pris misérabiliste [qui] n’est pas acceptable". Selon lui, "à partir d’une vraie question qui concerne toutes les villes (la localisation dans la couronne verte, souvent en maison individuelle, des catégories moyennes et supérieures) l’article aligne cliché sur cliché, autour d’une photo du pire des immeubles promis à la démolition. Merci pour l’objectivité !" S’il ne nie pas le taux de pauvreté de Saint-Etienne, il le compare néanmoins à ceux de Montpellier ou Lille (25%), Strasbourg (24 %), Poitiers (22%), Grenoble (18%)… "ce qui relativise tout de même un peu le jugement" estime Vincent qui, au passage, corrige l’orthographe des noms de quartiers malmené par la journaliste.

Autre élu vent debout : l’actuel maire UMP de la ville, Gaël Perdriau. Interrogé le lendemain de la parution de l’article du Monde par France bleu Saint-Etienne, il soutient qu’en "photographiant des immeubles qui sont voués à la démolition dans les mois qui viennent, la journaliste a fait un choix délibéré, très orienté". Il est vrai que sur les quatre photos publiées, aucune ne précise que les bâtiments doivent être démolis. Pour autant, Jaxel-Truer y voit une récupération de la part de Perdriau : "l’imaginatif maire de la ville, avec un sens politique certain, s’est rapidement mis en position de mener la fronde. Roué à la communication moderne, cet ancien cadre commercial […] s’est empressé de lancer sur Twitter le hashtag «#Stephanoisfiers», pour inviter les habitants à envoyer leurs plus belles photos de Saint-Etienne. Succès garanti… D’autant que, pour relayer cette initiative, il s’est servi des panneaux municipaux lumineux, en y livrant en sus l’adresse électronique du rédacteur en chef du service France du journal, Thomas Wieder, rapidement inondé de messages."

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Une récupération ? C’est également l’avis du médiateur du Monde qui donne la parole aux mécontents tout en justifiant l’article de la journaliste dans la ligne de mire des encolérés. Le médiateur évoque lui aussi "une opération rondement encouragée, sinon menée en sous-main, par la mairie fraîchement élue" et se demande du reste ce qui a outragé la fierté des Stéphanois. Certes la journaliste aurait pu écrire sur une autre ville comme Toulouse ou Rennes mais "c’est Saint-Etienne qui a été choisie. Au grand dam de ses habitants". Genre : pas de bol pour vous. Et de demander aux lecteurs si "Le Monde a manqué de pudeur ou de circonspection lorsque, dans une belle galerie de portraits racontant «Les visages de l’immigration à Saint-Etienne» (Le Monde du 7 février 2014), il fut l’un des rares journaux « parisiens » à raconter cette «grande mixité sociale et culturelle», cet art du «vivre ensemble» qui font la richesse et la modernité de la métropole forézienne – autant que le numérique et le design, n’en déplaise à M. le Maire ?"

N'EN DÉPLAISE AU MONDE...

Cette autosatisfaction du médiateur n’a pas eu l’heur de plaire à une lectrice citée dans le billet en question et qui poste un commentaire à l’issue de sa publication. Pour cette dernière, "malgré les citations de Stéphanois «en colère», vous justifiez le parti pris de Mme Zappi. Pourtant celle-ci a fait preuve d’une incontestable partialité, tant sur le fond (élargissement à une ville entière d’une observation portant sur deux quartiers) que sur la forme par des expressions blessantes (capitale des taudis, ambiance poisseuse, etc.)." Cette colère n’a rien de politique pour cette fidèle mais mécontente lectrice du Monde qui redoute "l’effet désastreux de cet article sur les jeunes cadres qui sont tentés de venir vivre à Saint-Etienne, pour y travailler dans le design, le numérique, l’optique…" Au micro de France bleu, certains habitants regrettent eux aussi la mauvaise publicité faite à leur ville. D’ailleurs nombreux sont ceux qui ont répondu à l’appel du maire en envoyant sur twitter de belles photos reprises sur le site du Progrès.

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Et qu’en pense la journaliste visée ? Interrogée par France bleu, elle se défend d’être cette "Parisienne caricaturée" décrite dans certaines réactions – elle précise vivre en Seine-Saint-Denis – et affirme avoir voulu montrer la réalité de la pauvreté d’un cœur de ville et de certains quartiers de Saint-Etienne qui, "pour le moins, ont manqué d’attention". Même défense le 12 décembre dans une vidéo publiée sur le site du Monde où Zappi dit avoir choisi Saint-Etienne car la ville se situe dans le tiers supérieur des villes pauvres de France et avoir exclu de fait les villes les plus pauvres comme Roubaix ou Béziers qui sont "dans une caricature des extrêmes de la pauvreté". Elle reconnaît que "quand on habite une ville et qu’on l’aime, on n’a pas trop envie de voir cet aspect-là" avant d’ajouter : "c’est une réalité, certaines villes mettent de côté leurs quartiers pauvres et attirent les classes moyennes avec de belles constructions".

Mais les explications de la journaliste ne calment pas les esprits stéphanois échaudés. Aussi Le Monde publie le 19 décembre une tribune signée par quatre géographes de l’Université Jean Monnet reprise dans son intégralité sur le blog du médiateur du Monde. L’une des géographes, Christel Morel Journel, avait été citée par Zappi et si elle ne conteste pas la réalité de ses propos, elle en conteste l'utilisation, comme elle le fait savoir à France bleu. Dans l’article de Zappi, l’intervention de la géographe se résume à cette phrase : "les équipes ont laissé place à une logique libérale qui a vu s'opérer un affinage social par le bas, à l'américaine. Les Blancs et les classes moyennes s'en sont allées, laissant ces quartiers aux pauvres immigrés." Un peu court donc pour ces spécialistes du territoire qui reviennent sur l’histoire très spécifique de Saint-Etienne et sur quelques approximations dont le fameux "croissant de pauvreté" : si la situation des quartiers de Tarentaize et de Beaubrun reste préoccupante, voire alarmante, "sur la partie ouest du Crêt-de-Roc, l’intervention publique forte a permis d’enclencher une évolution encourageante avec une progression du revenu médian près de quatre fois supérieure à l’inflation et une vacance du logement en diminution. L’évolution des indicateurs du quartier de Jacquard est assez positive tout en étant beaucoup plus discrète".

ALLEZ LES VERTS S'Y METTENT

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Malgré toutes les initiatives du Monde pour éteindre l’incendie, la colère est toujours aussi vive si on en croit Jaxel-Truer qui raconte que "la polémique s’est invitée, samedi 21 décembre, jusque dans les travées du stade Geoffroy-Guichard, le temple de l’AS Saint-Etienne, dans cette ville où le foot tient une place centrale. De mémoire de journaliste du Monde, on n’avait jamais rien vu de semblable. Une gigantesque banderole, large comme le terrain, a été déployée par les supporteurs, avec cette apostrophe personnalisée : «Descend (sic) dans le taudis, on va t’apprendre à refaire Le Monde»". Le journaliste cherche donc à comprendre pourquoi tant de haine. Est-ce parce qu’il y a à Saint-Etienne "une fierté particulière, héritée de l’histoire, une solidarité, une chaleur" comme l’affirme l’actuel maire cité par le journaliste ? Ou est-ce que, selon le directeur-conservateur du Musée de la mine également cité, "il y a ici, plus qu’ailleurs, une absence de sérénité face au passé et une difficulté à se trouver un chemin d’avenir, qui explique peut-être la virulence des réactions" ?

Ironie de l’histoire : la ville a lancé le 17 décembre dernier sa nouvelle campagne de communication intitulée Saint-Etienne change le monde. Ça ne s’invente pas.

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Anne-Sophie Jacques

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Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 19:27
by Ulysse42
Le Monde wrote: Comment ce mouvement de fronde contre Le Monde a-t-il fini par s’exprimer jusque dans les tribunes du stade Geoffroy-Guichard ? Mystère. Les membres des Magic fans – le groupe de supporteurs qui a déployé la banderole – que nous avons contactés ne nous ont pas répondu. « L’expression des supporteurs est libre », assure Philippe Lyonnet, le directeur de la communication des Verts.
Les mecs vont jusqu'à insinuer que le club ou la ville aurait fourni la banderole aux MF c'est ça ? Décidément ils ne connaissent vraiment pas grand chose les pauvres...

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 21:14
by rouge
comme disait avec raison Brassens l:
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part.
Mon dieu, qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si on n'y rencontrait cette race incongrue’,

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 26 Dec 2014, 22:11
by Moufles
Le Monde, c’était mieux avant :modo:

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 27 Dec 2014, 02:32
by Fourina
rouge wrote:comme disait avec raison Brassens l:
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part,
Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part.
Mon dieu, qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si on n'y rencontrait cette race incongrue’,
C'est si simple dit comme ça !

Re: La ville de Saint-Etienne

Posted: 27 Dec 2014, 08:51
by merlin
Vengeance d'un IDS ? :diable:

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