Sud-Ouest d'aujourd'hui
Girondins de Bordeaux : alerte aux fumigènes !
Le club, reçu en commission de discipline à ce sujet aujourd'hui, est en pétard contre l'utilisation de fumigènes, face aux risques de blessures et de suspension du stade.
Le club paie au moins 100 000 euros d'amendes par saison. (photo archives fabien cottereau)
Les Girondins de Bordeaux et les Ultras, le groupe de supporters du virage sud, entretiennent des relations de confiance et de respect. Même s'ils ne sont pas toujours d'accord, leur dialogue et leur coopération font du stade Chaban-Delmas une enceinte à la fois animée et sûre, où l'on ne connaît pas les bagarres, les jets de projectiles, où les familles peuvent venir dans toutes les tribunes. Mais un dossier perturbe l'entente cordiale, celui de l'usage des fumigènes et pétards. Au point que le club s'alarme d'une possible suspension du stade, totale ou partielle, une perspective que les Ultras réfutent. Le point sur le dossier.
1 Les faits, les sanctions prises et en suspens
« Bordeaux est depuis six mois sous le coup d'une suspension de deux matches avec sursis (comme Saint-Etienne et Lens), après l'usage de fumigènes lors du Bordeaux - Marseille de la saison précédente », rappelle Alain Deveesler, directeur général du club. De nouveaux tirs sont intervenus fin 2012 contre Marseille, puis contre Troyes. Une commission de discipline, aujourd'hui, examinera les faits enregistrés contre Troyes. Le club paie 100 000 euros d'amendes par saison, parfois plus, pour ces infractions.
2 Le contexte : on joue au chat et à la souris
Avant le tout dernier Bordeaux - Marseille, les Ultras ont préparé pour leur 25e anniversaire, avec le club, une sorte de feu d'artifice, animation de fin de match. « Un dossier travaillé aussi avec la ville, les pompiers », explique Laurent Perpigna, l'un des responsables des Ultras. « Nous avons montré notre esprit de responsabilité. Malgré tout, l'autorisation nous a été refusée par la Préfecture, qui n'était pas hostile à notre idée, mais j'ai cru comprendre que l'ordre est venu du ministère de l'Intérieur. Alors, je crois qu'il y a un acharnement à notre égard, qu'on refuse de tenir compte de tout le travail que nous faisons avec le club pour que Chaban soit un stade sans problème. »
La conséquence du rendez-vous raté du 25e anniversaire est « qu'il y a un stock de 100 fumigènes, ou pots à fumée, explique David Lafarge, responsable de la sécurité aux Girondins, et que certains ont décidé de jouer au chat et à la souris et profitent de match sans dispositif policier important, comme celui de Troyes. »
3 Les reproches des dirigeants au virage
« Je peux accepter de mettre à part l'usage des fumigènes pour un classique comme Bordeaux - Marseille, dit Alain Deveesler, mais contre Troyes ! On voit un fumigène partir à la mi-temps alors qu'il ne se passe rien ! Quel intérêt ? Ces tirs, et ceux des pétards, sont d'abord un risque pour ceux qui les allument, les fumigènes peuvent mettre le feu aux vêtements larges et épais que l'on porte en hiver », dit le directeur général du club. « Les pétards sont encore plus dangereux car on ne maîtrise pas le temps d'allumage de la mèche. »
« Les gens qui utilisent ces engins ne sont pas des supporters pour moi, dit M. Deveesler. Ils font courir ces risques, ils font condamner leur club à de lourdes amendes et nous exposent à des matches à huis clos. Il faut qu'ils arrêtent de croire que la Ligue ne lèvera jamais le sursis, qu'ils cessent de penser que Bordeaux n'est pas punissable. Nice a déjà été sanctionné cette saison par deux huis clos partiels (tribune sud fermée contre Lille et PSG). »
4 Un problème de générations ?
Ces jets de fumigènes sont le fait d'Ultras de la nouvelle génération, plus jeunes, moins contrôlables. « Il est beaucoup plus difficile de discuter avec eux, si vous les avez, demandez-leur pourquoi ils font cela, moi je ne sais pas », dit Alain Deveesler. David Lafarge, qui est en contact avec eux, évoque « des jeunes de 18 à 25 ans » et un dialogue « poussé au maximum ». Laurent Perpigna, 39 ans, refuse de leur interdire l'usage de fumigènes et estime que les plus anciens des Ultras « jouent leur rôle en veillant à ce que l'utilisation des engins ne soit pas dangereuse pour les spectateurs et ne perturbe pas la rencontre. Si on voit que toutes les fumées partent vers le terrain et font risquer l'interruption, on utilise la sono des Ultras et on fait passer le message. Mais ce n'est pas à nous d'aller au-delà. »
5 Les risques de suspension
« À la commission de discipline de la Ligue ce jeudi, Bordeaux ne risque pas de suspension reconnaît, Alain Deveesler, car il faut des infractions à la hauteur des faits ayant entraîné la peine prononcée avec sursis, nous n'en sommes pas là. » Mais la répétition des incidents peut jouer et, surtout, un Bordeaux - PSG à haut risque arrive à grands pas, le 20 janvier. Laurent Perpigna ne croit pas à une telle suspension. « Ce serait incompréhensible, ou elle prouverait que la Ligue nous en veut parce que les Ultras ne gardent pas la langue dans leur poche pour la critiquer, en face à face ou par banderoles, par exemple pour la vente des droits télé au plus offrant. »
Laurent Perpigna voit dans le mauvais classement des supporters bordelais au championnat des tribunes organisé par la Ligue (20e et dernier), une preuve que « Paris a les Bordelais dans le nez. »
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si le club dialoguait un peu ...
