Intéressant. Je crois que je cerne mieux ton point de vue.
En préambule, je dois quand même dire que j'ai un peu de mal avec ta manière d'opposer l'homme blanc au reste du monde. Non, il n'y a pas d'un côté l'homme blanc et de l'autre les opprimés, c'est plus complexe. L'homme blanc (en tant que "groupe", pas en tant qu'individu bien sûr) a été un grand colonisateur, un dominant, un esclavagiste, mais ce n'est pas le seul à avoir conquis et asservi, puisqu'on retrouve de l'esclavage et de la ségrégation un peu partout. Mieux, il est tout de même à l'origine de progrès et d'avancées notables pour l'humanité, comme l'abolition de l'esclavage. Aujourd'hui, ce sont d'ailleurs les sociétés occidentales d'origine et de majorité blanche qui sont les plus ouvertes, les plus tolérantes, les plus "multiculturelles".
Alors, pour tout te dire, je crois que si l'homme blanc est sensible au discours d'un beauf démago comme Trump, c'est qu'il en a marre d'être culpabilisé à outrance et vu comme la cause de tous les maux de l'humanité. Il est le seul à qui on dénie tout droit au communautarisme, au nationalisme, à la "fierté", alors que ces notions sont soit encouragées soit tolérées pour toutes les autres catégories au monde (qui traitera les japonais de sales racistes parce que leur pays est trop homogène ethniquement ?). On le traite sans arrêt de sale raciste, de privilégié, parce que sa société n'est pas encore assez colorée, parce que les postes importants dans son pays sont encore trop occupés par des blancs, bref parce qu'il existe encore un peu. Ces débats sont inconcevables dans un pays à majorité non-blanche. Tu imagines les Algériens chouiner parce qu'ils n'ont pas assez de chinois et de chrétiens dans leur gouvernement ?
Ce n'est pas pour autant qu'il faut justifier la discrimination chez nous. C'est juste que dans toute société multiculturelle, par nature conflictuelle selon moi, la population nettement majoritaire sera naturellement plus discriminante que discriminée. Sauf exception (colonisation, etc). Il ne s'agit donc pas d'une question de blancs, c'est simplement humain.
Je sais que ce discours va me faire passer pour un nazi, mais il faut avoir conscience que c'est le ressenti de beaucoup de gens, et que plus on le nie ou on le diabolise, plus on en voir les répercussions politiques concrètes. Moi, je n'ai pas forcément de grande conscience communautaire (mon histoire est celle d'un déraciné), et je suis quelqu'un d'assez ouvert, donc je fais avec, mais beaucoup n'ont pas ma tolérance. Le redneck ricain ou le petit ouvrier français qu'on culpabilise sans cesse, il est pas forcément méchant mais il en a marre des moralistes antiracistes. C'est juste une réalité, un constat, et non un jugement personnel de ma part. Un constat, donc, qui explique en partie le détachement des classes populaires vis à vis de la gauche.
A côté de ça, je comprends aussi tout à fait le fils d'immigré qui n'arrive pas à s'intégrer et qui se sent discriminé. Lui aussi a le droit d'en avoir marre. Mais ce que je veux dire, c'est que la solution à tout ça n'est pas de se faire la guerre et de s'exclure. On peut chouiner entre soi, comme mwasi et les identitaires de fdesouche, mais après ? La situation est telle qu'elle est, alors on s'adapte et on tente de coexister, même si ça demande des efforts. On essaie d'être accueillant quand on est la majorité, et on s'adapte à la culture dominante quand on est une minorité de culture étrangère (sans se renier pour autant). Tout simplement.
Pour le reste :
ce n'est jamais seulement et totalement une communauté qui s'isole, mais des rapports sociaux plus complexes qui séparent la marge des individus est souvent plus réduite qu'on ne le croit
Je suis d'accord, c'est complexe. Mais quand même, la ségrégation découle aussi de l'ignorance, du refus de se confronter à l'autre, etc. Or, quand je vois BLM ou le PIR, je me dis que si ces gens là étaient au pouvoir on aurait vite un apartheid d'un nouveau genre, si tu vois ce que je veux dire. Idem quand j'entends certaines féministes radicales, notamment américaines (zut, on va croire que je suis anti-ricains à force, mais même pas).
les nouvelles générations sont finalement plus conservatrices aujourd'hui que celles qui les ont précédés
Même constat. Sauf que moi, je ne le déplore pas, je le salue. Le conservatisme dont tu parles, et dont je me réclame, n'est pas du passéisme buté et rigide, seulement une volonté de retrouver des repères, un cadre, qui ont été détruits ces dernières décennies. Et c'est très positif. Au fond, le conservatisme actuel répond aux dérives de la société, exactement comme le progressisme des années 60 résultait d'une société trop immobiliste et en décalage avec les aspirations de son temps. Je sais que tu ne partageras jamais ce point de vue, mais la pensée "déconstructrice" de la gauche post-moderne est allée trop loin dans la fragilisation des repères, des fondements, des structures ancestrales de la société. Elle le paie aujourd'hui, comme les conservateurs des années 60 ont payé leur manque de lucidité.
Un dernière chose, je ne pense que nous "vivons dans une dictature patriarcale et suprématiste blanche", je crois au contraire que les sociétés blanches traditionnelles ou les pouvoirs blancs dans une société muñticulturelle" sont dans une étape ultime de lent, long et inexorable déclin" commencé avec la décolonisation ...
Oui, c'est certain. Ce que j'aimerais comprendre, c'est pourquoi ce serait quelque chose de fondamentalement positif pour toi, alors que les sociétés X (X = n'importe quelle catégorie non-blanche) traditionnelles ou les pouvoirs X en société multiculturelle ont le droit de s'épanouir sans être considérés comme rétrogrades ou fascistes.
L'avenir dira s'ils sont les derniers soubresauts de l'animal blessé ou si le vieux lion peut reprendre le pouvoir. Inutile de te dire que je vote pour la première hypothèse .... C'est peut être ce qui nous sépare ....
Pourquoi cette volonté de voir l'homme blanc mourir ou perdre tout pouvoir ? Pour ma part, je suis pour l'égalité en droit et pour le respect des minorités. Je salue les avancées qui ont été faites en ce sens. Mais au bout d'un moment, la lutte perpétuelle finit par dénier à l'homme blanc, éternel oppresseur, le simple doit d'exister. Il y a quelques mois j'étais tombé sur l'article d'un site "progressiste" américain (salon.com), qui disait carrément que pour le bien de l'humanité il fallait empêcher les hommes blancs d'exercer tout pouvoir. De la lutte pour la justice sociale à la création d'un nouveau nazisme, il n'y a qu'un pas, il faut croire !
