@ Xavinou : Toujours dans un souci de lisibilité...
1- L'économie comme paradigme : Je n'entends pas que la prédominance de l'économie est une création volontaire ; c'est bien sûr le résultat d'un processus de longue durée. Ce que je veux dire, c'est que ce résultat n'est que temporaire, et de la même manière que la religion ou la politique ont chuté de leur piédestal, l'économique finira par être supplanté, et redeviendra un enjeu secondaire déterminé par autre chose. Ce qui me semble d'ailleurs absolument nécessaire.
2- Démocratie directe / relocalisation / etc. : Je ne suis pas forcément partisan d'une démocratie directe intégrale, tu sais ; et le référendum n'est, on est d'accord, que rarement le bon outil à une échelle aussi dilatée que la France. Tout le monde ne peut pas s'occuper de tout tout le temps ; mais chacun devrait pouvoir,
s'il le souhaite, donner son opinion réfléchie.
Ensuite, j'accorde beaucoup d'importance à l'idée de processus, de dynamique, de construction progressive.
Prenons l'exemple de la monnaie, tiens. Dans la France de Charlemagne, c'était absolument inimaginable que la monnaie puisse être centralisée au niveau de l'Etat - ne serait-ce que parce que l'Etat n'était qu'un embryon mal dégrossi. Chaque baron un peu puissant battait sa propre monnaie. Sous Louis XIV, il était en revanche impensable que la monnaie ne soit pas l'attribut exclusif de l'Etat monarchique. 300 ans plus tard, l'Etat n'a plus grand chose à dire sur la monnaie ; c'est une entité européenne qui se veut indépendante qui la gère. Mais dans le même temps, tu vois fleurir des monnaies locales ou des monnaies-sans-le-savoir (genre des points de fidélité ou des chèques-dej, par exemple, qui sont de la monnaie puisqu'il s'agit de supports objectivés avec une valeur permettant un échange économique).
Ce n'est pas parce que quelque chose semble inimaginable aujourd'hui qu'il ne sera pas possible demain. Tirons le fil de la pelote, et voyons ce qui se dénoue !
3- Services à la personne : Là, tu extrapoles grandement ce que je dis. Je précise bien que sur le domaine des SAP, je ne porte pas de jugement, je constate. Et à dire vrai, je pense que cette marchandisation des SAP est une réponse possible à une nécessité évidente : dans notre société, le temps nous est déjà tellement compté pour s'occuper de nous-mêmes ; il est difficile de s'occuper des autres en plus. En revanche, est-ce la marchandisation la bonne réponse ? Je ne sais pas.
4- Transcendance / rationalité : Crois-tu vraiment que la création de notre organisation économique est le résultat rationnel des comportements humains ? Pour le coup, ça me semble assez naïf. L'idée de Profit porte en elle-même une large part mythique et irrationnelle, par exemple qu'il est un but en soi ou qu'il peut être maximisé en toutes circonstances (ou qu’il est le moteur de tout comportement humain…on croirait une théorie freudienne décalée !)
Quant à la transcendance... si l'exploitation de l'idée de Dieu suffit à dominer des centaines de millions de personnes, c'est bien que ces centaines de millions de personnes avaient besoin de croire en Dieu... et donc d'une transcendance. Une précision peut-être, pour être sûrs qu'on se comprenne : une transcendance n'est pas forcément d'ordre religieux. Un supporter Ultra qui consacre la moitié de ses revenus et la majeure partie de son temps libre pour son club ou son groupe Ultra est typiquement quelqu'un qui exprime un besoin de travailler à quelque chose qui le dépasse en tant qu’individu, bref quelque chose qui le transcende.
5- Communisme / Dictature / Profit : Je pense sincèrement que tout régime politique qui n’est pas une vraie démocratie (c'est-à-dire qui s’organise de manière à ce que le pouvoir soit accessible à chacun, et jamais attribué définitivement à une caste particulière) tend à la dictature. Ensuite, regarde la communisme chinois : pour l’avoir vu de mes yeux, c’est l’un des pires libéralismes économiques que je connaisse. Et c’est pourtant une vraie dictature…
Enfin, je te cite : « l'élément moteur chez l'être humain qui est la recherche du profit. » Ah bon. Un terroriste islamiste qui se fait exploser dans un avion, son élément moteur, c’est le profit. Un Ultra qui sacrifie tout à son club, son élément moteur, c’est le profit. Une jeune femme surdiplômée prétendante à devenir cadre à échéance moyenne en région parisienne et qui abandonne tout pour devenir paludière à Guérande (exemple vrai), son élément moteur, c’est le profit. Généralisation fausse !
6- Démarche personnelle : c’est justement le sens de tout ce que je dis ! Bien sûr que ma démarche est personnelle, qu’elle ne sera jamais la même que la tienne, ni que celle d’aucun potonaute… ne serait-ce que parce qu’on croira jamais tous dans les mêmes idées.
J’aime beaucoup cette conversation