Si les Suns ont préservé l'essentiel et enlevé 107-102 la première manche de leur série face aux Lakers, les troupes de l'Arizona ont néanmoins dû composer avec des Californiens particulièrement pugnaces, dominateurs au rebond et, surtout, les empêchant de développer leur jeu de transition. Par chance pour Phœnix, rien ne s'est vraiment passé comme attendu puisque Kobe Bryant a dû, lui, se contenter de 22 points... Suffisant aux Suns pour éviter une déconvenue similaire à celle des Nets piégés par les Pacers 88-90. Pistons et Mavs n'ont, eux, pas tremblé.

Il y avait bien ici et là quelques considérations pour les Bucks ou les Grizzlies, les deux outsiders lancés dans leur quête de l'impossible. Il était certes également question de savoir si les Pacers, forts d'un effectif qui n'avait rien à envier à celui de leurs hôtes, au contraire de leurs résultats, étaient capables de faire douter d'emblée les Nets. Et la réponse a d'ailleurs été positive. Mais parmi les interrogations du jour, il n'y en avait bien, ou presque, que pour le combat royal entre le jeu des Suns et le Je des Lakers, à savoir l'inénarrable Kobe Bryant. A tel point qu'à force d'élucubrations, certains n'hésitaient pas à imaginer un nouveau dimanche historique et à considérer le record de points inscrits lors d'un match en playoffs menacé.
Mais Michael Jordan peut aller arpenter les greens l'esprit tranquille ce lundi: ses 63 points, passés divinement aux Celtics il y a 20 ans, n'ont même finalement jamais été évoqués. Toutes les conditions étaient pourtant bel et bien réunies pour assister à une nouvelle apparition de la comète Bryant. Kobe Bryant n'avait-il pas tourné à 43 points de moyenne lors des quatre matches de saison régulière ? Le dimanche, diffusion à la télé nationale oblige, n'était-il pas son meilleur jour avec plus de 40 points de moyenne contre 35 pour les autres jours ? Oui et encore oui! Et pourtant...
Car Saint Thomas ne s'y était pas trompé en affirmant qu'il ne fallait croire que ce que l'on voyait. Son homonyme Tim Thomas de le rappeler à tous en volant la vedette à l'arrière californien. Puisque cette soirée à Phœnix aura mis à mal les plus belles prédictions, certaines acquises pourtant comme certitudes, ce n'est en effet ni Steve Nash, ni Shawn Marion, les habituelles vedettes locales, qui ont mené la cavalcade des Suns à bon port. La lumière est en effet venue du dernier venu, Tim Thomas, arraché cet hiver de son spleen Chicagoan et régénéré au contact de Phœnix. "J'ai juste veillé à être agressif des deux côtés du parquet. Rien d'autre." cherchait à relativiser l'ancien Bull. Avec 22 points à 8 sur 10 aux tirs, le héros de la soirée ayant enquillé ses huit premiers tirs, et 15 rebonds, nouveau record en playoffs, Thomas a pourtant bien été le premier architecte du succès des siens.
Intérieur nuit...

Ce qui, pour autant, ne signifie évidemment pas qu'il ait été le seul Sun à briller. Malgré une éclipse longue de deux quart-temps, Nash a ainsi compilé 20 points et 10 passes et son compère all-star s'est quant à lui fendu de 19 points et 7 rebonds. Et Boris Diaw, un temps gêné par les fautes, d'y aller de 15 points à 6 sur 16 aux tirs (ce qui en a fait la première option offensive des Suns), 6 rebonds et 4 passes tandis que Leandro Barbosa faisait mouche sur la ligne pour afficher, lui aussi, 15 unités à son compteur. Respectueuse des coutumes locales la victoire de Phœnix n'a donc pas manqué d'être collective mais n'a toutefois pas obéi aux préceptes du jeu de transition. "On n'a pas très bien joué mais on l'a emporté. C'est rassurant pour la suite car on a une belle marge de progression." souhaitait d'ailleurs retenir Steve Nash. Attentifs quant à leur repli défensif, les Lakers ont en effet tout particulièrement contrarié leurs hôtes dans ce domaine, les hommes de Mike D'Antoni devant se contenter de dix points inscrits en contre-attaque.
Mais plus encore que cette défense efficace, le principal axe de travail de Phil Jackson a bien été le jeu intérieur. Souhaitant profiter à plein du cinq de petite taille présenté par les Suns en l'absence de Kurt Thomas et Amare Soudemire, les Lakers se sont en effet évertués à jouer près du cercle. Avec une certaine réussite, si ce n'est celle de Kobe Bryant. Un temps menés de 16 points dans le second acte, ils ont même réussi à furtivement virer en tête à l'entame du dernier quart après un tir primé de Sasha Vujacic. Car en plus d'avoir été tout particulièrement dominateurs au rebond, avec 47 prises dont 15 rebonds offensifs pour 22 points inscrits sur des paniers de seconde chance, les Californiens ont également pu compter sur l'inhabituel écot des seconds rôles, à l'image de Luke Walton ou Kwame Brown, respectivement 19 et 14 points, et sur la contribution de Lamar Odom, auteur suant à lui de 21 points et 14 rebonds.
Des efforts restés néanmoins insuffisants du fait du mauvais soir de leur leader Kobe Bryant. Avec seulement 22 points à 7 sur 21, KB8 n'a bien été que l'ombre de lui-même et ses quatre échecs consécutifs dans les ultimes minutes alors qu'il était encore temps pour le soliste californien d'endosser son traditionnel costume de héros ont pesé lourd dans la balance. "Je n'ai jamais réussi à trouver le rythme, concédait KB8 après coup, ce n'est pas parce qu'on a choisi de jouer à l'intérieur que j'ai manqué mes tirs ce soir. On peut les prendre à l'intérieur et il faut continuer. Tout ce dont j'avais besoin, c'était de rentrer un ou deux tirs et ce serait parti. Mais j'ai confiance pour la suite." Les Suns sont prévenus...
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