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Municipales : Saint-Etienne, d’une triangulaire à l’autre
Divisée, la droite avait perdu Saint-Etienne en 2008, après 25 ans de règne, au profit de Maurice Vincent (PS). Rassemblée cette fois derrière l’UMP Gaël Perdriau, allié à l’UDI, elle compte bien reprendre la ville, malgré le retour du FN.
Il y a six ans, le parti lepéniste n’avait pas présenté de candidat dans l’ancienne ville minière. Le scrutin fut cependant l’occasion d’une triangulaire au second tour entre le maire sortant Michel Thiollière (UMP-radicaux), Gilles Artigues (MoDem) et Maurice Vincent.
Le socialiste l’emporta dans cette ville de centre-droit depuis la guerre, à l’exception d’une parenthèse communiste entre 1978 et 1983.
Le 23 mars, M. Vincent, 58 ans, professeur d’économie, sénateur de la Loire, brigue sa succession. Avec le soutien du PCF et des radicaux de gauche, mais pas d’EELV, comme en 2008 - les Verts firent alors moins de 5% des voix. Le Parti de Gauche et Lutte Ouvrière chacun ont leurs candidats.
Le Front national aussi: Gabriel de Peyrecave, qui devrait se qualifier à Saint-Etienne, où Marine Le Pen a obtenu 17,65% des suffrages à la présidentielle. Mais cette triangulaire-là «ne fait pas peur» à Gaël Perdriau, 41 ans.
«Le FN était présent au second tour en 1989, 1995 et 2001, on a toujours gagné», rappelle ce cadre d’ERDF, élu conseiller municipal à 22 ans - ce n’est pas «un Perdriau de l’année», plaisantent certains. «On dit que la ville va basculer en mars parce que la droite s’est réunie, mais c’est plus complexe que ça», rétorque Maurice Vincent.
Outre le FN, il évoque la candidature d’un entrepreneur local, «signe que la liste UMP-UDI, qui n’est qu’une union de façade, fait des mécontents».
Un accord le jour de l’armistice
La défaite de 2008 a, de fait, été longue à digérer pour la droite et le centre, qui n’ont recommencé à se parler qu’aux dernières cantonales.
«Il a fallu panser la blessure», reconnaît Gaël Perdriau. Son pacte avec Gilles Artigues (passé à l’UDI), qui sera premier adjoint en cas de victoire, a d’ailleurs été signé... le 11 novembre dernier, jour d’armistice. «Après le défilé», précise le candidat UMP, «très heureux d’avoir trouvé un accord entre Stéphanois», là où M. Vincent voit la main de Jean-François Copé, dont M. Perdriau est proche. Le 12 novembre, le président de l’UMP, en visite à Saint-Etienne, avait salué un accord «emblématique».
L’objectif du challenger ? Retrouver 200.000 habitants en 2030, contre 170.000 aujourd’hui, dans une ville qui en perd depuis un demi-siècle. L’emploi, la sécurité et la propreté sont ses priorités pour y parvenir.
«Je veux être le VRP de Saint-Etienne, vendre la Cité du Design (installée sur le site de la «Manu», l’ancienne manufactures d’armes de la ville, ndlr) aux industriels européens. Ce travail n’a pas été fait», affirme M. Perdriau.
Le légendaire maillot «Manufrance» des Verts de l’ASSE en vitrine de sa permanence, il accuse son rival d’avoir «abîmé l’image de la ville» en ne parlant, pendant six ans, que d’emprunts toxiques. «Faute de projets, car il a été élu par surprise».
En face, Maurice Vincent se dit «serein», fort d’un bilan «assez incontestable»: désendettement de la municipalité, baisse du prix de l’eau, création d’un ticket de transports en commun valable une heure et demie, piétonnisation du centre-ville, taux de chômage dans la moyenne, rénovation du stade Geoffroy-Guichard... Il évoque aussi des classements favorables en matière de délinquance, balayant l’idée que la vie des Stéphanois serait «pourrie» par les incivilités.
«J’ai vu passer trois directeurs départementaux de la Sécurité publique, ils ont tous dit que c’était calme pour une grande ville», souligne le maire.
Regagner des habitants est certes «un enjeu majeur», mais Saint-Etienne part de loin car, les reconversions industrielles qu’elle a subies (mines, sidérurgie, armement, textile traditionnel, cycles) «n’ont pas d’équivalent en France», selon lui. «On est dans le rebond, il faut l’amplifier», estime M. Vincent, qui quittera le Sénat en 2017 s’il reste maire. Réponse le 30 mars.
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