Interview de Popote sur foot365
Football365 prend des nouvelles chaque mardi d'un ancien joueur de L1 retiré des terrains. Invité du « Que deviens-tu » cette semaine : Lionel Potillon, aujourd'hui au service marketing de Saint-Etienne.
Lionel Potillon, que faites-vous actuellement ?
J'ai arrêté le football en 2007 avec Sochaux lorsque nous avions remporté la Coupe de France. Immédiatement, j'ai repris mes études à la faculté de Rouen où j'ai étudié un master de marketing et management du sport professionnel. En parallèle, je suis revenu à Saint-Etienne où j'ai intégré le service marketing et développement du club.
Retrouver le chemin de la faculté n'a-t-il pas été difficile ?
Difficile non, c'était dans mon intérêt. Je m'étais complètement préparé à cela. Ce n'était pas un arrêt brutal et forcé, bien au contraire, c'était mûrement réfléchi. Cela m'a permis de bien me préparer et puis tout au long de ma carrière, je ne voulais pas me couper complètement de la scolarité. J'avais passé un diplôme de relation public-attaché de presse, un diplôme d'assurance, mon brevet d'entraîneur premier et second degré. J'avais fait différentes choses qui me permettait de garder une certaine activité intellectuelle.
En quoi consiste votre tache à Saint-Étienne ?
C'est tout ce qui est merchandising, développement, relations avec les clubs amateurs de la région. Toute la partie événementielle également et une autre communication et organisation. On fait des déplacements ponctuels avec des professionnels et des entreprises commerciales. On fait des visites aussi avec des joueurs, à la mairie et dans les écoles.
Saint-Étienne est votre club de cœur. Une période inoubliable de votre carrière...
C'est vrai que Saint-Étienne fait partie de ma vie. J'ai toujours aimé, avant d'habiter ici, la ferveur qu'il y a. J'ai toujours dit qu'à la fin de ma carrière, je reviendrai vivre ici, même si à la base, je suis bourguignon et non de Saint-Étienne. Au niveau des mes huit années de footballeur, il y a eu de très bons moments et des plus compliqués aussi, avec notamment l'affaire des faux passeports. Je me souviens aussi de mes différentes blessures, notamment à un genou qui m'avait éloigné des terrains pendant neuf mois. C'est vrai qu'il y a eu des passages compliqués, mais au final, je ne retiens que les points positifs de cette expérience.
Vous auriez aimé finir votre carrière à Saint-Étienne mais ça ne s'est pas fait. Le regrettez-vous ?
Non. Quand j'avais arrêté à Sochaux, je savais que je revenais vivre à Saint Etienne. J'avais déclaré dans un média que si Saint-Étienne avait besoin d'un joueur d'expérience gratuit pendant un an, j'étais prêt à le faire. Malheureusement, l'entraîneur de l'époque Laurent Roussey a estimé ne pas avoir besoin de ce joueur d'expérience, donc cela s'est arrêté là. Mais ça a été complètement oublié de ma part du fait que ce n'était pas du tout quelque que chose de vital pour moi.
« Ronaldinho ? Un artiste »
Puis est arrivé le PSG....
C'était également un très bon moment. Je m'entendais très bien avec Luis Fernandez. Si je suis venu à l'époque à Paris, c'était pour partager une expérience avec un entraîneur tel que lui. Le club en lui-même me convenait parfaitement. J'étais un joueur qui avait besoin de pression, de ferveur médiatique et populaire. A Paris, j'étais gâté parce que c'était comme ça en permanence. J'en avais besoin, contrairement à d'autres joueurs inhibés par ça. L'aventure s'est terminée en queue de poisson dans le sens où Vahid Halilhodzic me fait prolonger quatre ans et dès le lendemain, il me fait comprendre en fait qu'il n'avait pas besoin de moi et qu'il ne comptait pas du tout sur moi. Reynald Denoueix, alors entraîneur de la Real Sociedad, me suivait depuis pas mal de temps, il a souhaité ardemment ma venue, et du coup je suis parti le rejoindre en Espagne.
Pourquoi une telle décision de la part de Vahid Halilhodzic ?
Je ne sais pas. Ce que j'ai pu lire dans la presse, c'est qu'il me considérait, avec Jérôme Leroy, comme un sous-marin de Luis Fernandez, ce qui était absolument faux, bien qu'ayant une très bonne relation avec ce dernier. C'est dommage parce que je pense que l'aventure avec Paris aurait pu continuer et même durer un long moment.
Vous avez côtoyé de grands joueurs au PSG. Lequel vous a le plus marqué ?
Ronaldinho, évidemment. C'est un joueur complètement atypique. Un artiste avec tout ce que cela peut comporter. J'avais souvent l'habitude de dire que je le voyais faire des choses avec une boite de strapping carrée que je ne pourrais pas reproduire avec un ballon. C'était un joueur fabuleux.
Vous êtes ensuite parti en Espagne avec la Real Sociedad...
J'avais absolument demandé à Reynald Denoueix que cela soit un prêt sans option d'achat. C'est-à-dire que j'avais la certitude de revenir après un an. Je ne connaissais absolument pas ce qu'était l'étranger, et étant quelqu'un de familial, quand on part à l'étranger, cela a beaucoup d'incidences sur la vie de tous les jours. Je voulais avoir une première idée avant de m'engager sur une longue échéance. C'est pour cela que je n'ai fait qu'un an, mais cela s'est bien passé. J'étais arrivé en Espagne fin août, il m'a fallu un temps d'adaptation, en plus je m'étais fais une déchirure à la cuisse, mais au final j'ai fait toute la deuxième partie de la saison. Il faut savoir que j'étais en concurrence avec le capitaine historique du club, Agustín Aranzábal, qui avait une quarantaine de sélections en équipe nationale et qui était capitaine depuis de nombreuses années donc c'était loin d'être acquis.
Et donc pourquoi êtes-vous revenu en France ?
Lors de ma négociation pour prolonger, au moment où cela allait se concrétiser, Denoueix a été débarqué, et l'entraîneur qui a suivi était parti sur une autre politique. Les négociations n'ont pas abouti.
Vous avez finalement fini à Sochaux....
A mon retour de prêt, je retourne à Paris. Mais Vahid était toujours là et il était hors de question de travailler avec un dictateur, je ne pouvais pas rester. J'ai donc souhaité partir. Guy Lacombe, alors entraîneur de Sochaux et avec qui je m'entendais bien, me suivait depuis pas mal de temps. Il a contacté mes agents. On était sur la même longueur d'onde, cela s'est donc concrétisé très vite.
« Halilhodzic ? Aucun intérêt pour moi »
Vahid Halilhodzic vous a visiblement marqué...
Pour moi c'était impossible de travailler avec lui. On n'avait pas la même conception de la valeur humaine donc c'était impossible. Ce n'était pas une question de travail, c'est juste qu'humainement, Halilhodzic est le genre de personnage qui, pour moi, n'a aucun intérêt.
Le dialogue était difficile...
Vous savez, lorsqu'un entraîneur vous dit à la première réunion : « Ici on est dans une démocratie, mais ça ne sert à rien vu qu'il n'y a que moi qui parle et qui ait raison », vous avez tout compris. Moi j'ai besoin d'un rapport de confiance, ce qui s'est fait avec tous les autres entraîneurs que j'ai eu, que ce soit avec Nouzaret, Denoueix ou Fernandez. Après, qu'il fasse cela avec d'autres joueurs et qui acceptent ce fonctionnement, c'est leur problème, mais avec moi c'était trop compliqué. Pourtant, je ne pense pas être un joueur compliqué, bien au contraire (rires).
Pourquoi avez-vous refusé d'être l'adjoint de Christophe Galtier à Saint-Etienne après votre carrière ?
Je voulais découvrir la face cachée du football, ce qu'on n'imagine pas lorsque l'on est joueur pour ensuite revenir sur le terrain et devenir un bon manager et un bon entraîneur. La proposition était venue trop tôt.
Il n'est pas à exclure de vous voir sur un banc de touche dans le futur ?
C'est même plus qu'envisageable. J'ai passé les diplômes d'entraîneur. Mais je voulais d'abord découvrir l'autre côté du football pour avoir toutes les cartes en main et être le mieux armé.
Vous avez connu de grands stades avec des ambiances énormes. Si vous deviez n'en retenir qu'un, lequel serait-il ?
Je vais aller plus loin. J'ai eu la chance dans ma carrière de jouer à Saint Etienne avec la pression du Chaudron. J'ai eu la chance de jouer à Paris, au Parc des Princes, où c'était la même chose. J'ai également eu la chance d'aller en Espagne où c'était identique car la Real Sociedad est un club basque très populaire, où le foot est quelque chose d'important. Et puis j'ai fini à Sochaux, où l'ambiance était un peu plus fade. Cela reste un petit regret car il y avait un manque de pression et de ferveur.
http://www.football365.fr/quedevienstu/ ... eur-.shtml" onclick="window.open(this.href);return false;
bonne lecture !