DISPARITION
Pierre Doris, physique rond et humour noir
Publié le jeudi 29 octobre 2009 à 06h00
L'humoriste et comédien Pierre Doris est décédé mardi soir, à Paris, des suites d'un cancer du foie, ont annoncé hier ses proches. Homme de scène, de télévision et de cinéma, Pierre Doris, de son vrai nom Pierre Tugot, devait fêter ses 90 ans aujourd'hui.
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Comédien au physique rond et à l'humour noir, Pierre Doris débute sa carrière à la fin des années 1950. Il écume alors les galas et les cabarets dans des one man shows où il laisse libre cours à un humour acide, en précurseur de Coluche et Pierre Desproges. « On me surnommait le Frankenstein du rire, le Dracula de la facétie, voire le pape de l'humour noir. C'était bien beau mais le public m'assimilait à mes blagues. Il me considérait comme un franc salaud, un bourreau d'enfants, un monstre. Et moi, je suis un tendre », confie-t-il à L'Aurore en 1978.
En 1971, Pierre Doris - de son vrai nom Pierre Tugot - montre une nouvelle facette de sa palette d'acteur : il tourne pour la télévision La maison des bois, sous la direction de Maurice Pialat. Il y interprète un garde-barrière au grand coeur qui recueille un jeune orphelin. Mais au cinéma, il reste abonné aux personnages d'affreux et aux seconds rôles. Il joue dans de nombreuses comédies, dont Fortunat (1960) aux côtés de Bourvil et Michèle Morgan, Clémentine Chérie (1962) avec Michel Serrault et Philippe Noiret, Les rois du gag (1983) de Claude Zidi. En 1981, il prête ses traits au héros de Frédéric Dard, Bérurier, dans San Antonio ne pense qu'à ça.
Du boulevard aux classiques
Homme de scène avant tout, Pierre Doris interprète aussi bien des comédies de boulevard (Assassins associés, Oscar) que des opérettes ou des classiques (Ubu Roi, Pygmalion, Le barbier de Séville), en particulier les pièces de Molière qu'il affectionne particulièrement après l'avoir découvert sur le tard.
Avec Pierre Doris, « c'est toute une époque de l'humour à la française qui disparaît », a réagi hier Frédéric Mitterrand, soulignant que le comédien « incarnait une culture populaire de qualité, faite de bons mots qu'il devait à une maîtrise parfaite de la langue française ». « Il aurait dû fêter ce jeudi ses 90 ans : n'était notre peine, nous pourrions croire qu'il a voulu, une fois encore, nous jouer un tour », a ajouté le ministre de la Culture.
Je l'aimais beaucoup, ce type...