Turiaf, l'anti-bling-bling
Un an après Tony Parker, champion avec les San Antonio Spurs, un autre Français va goûter aux joies des Finales NBA. L'intérieur des Los Angeles Lakers, Ronny Turiaf, se frottera au Big Three des Boston Celtics, dès jeudi soir, avec des rêves de grandeur pleins la tête. Même si, jusque-là, il a peu joué durant ces play-offs.
Pour tout basketteur, signer chez les Los Angeles Lakers, franchise mythique en NBA, est un rêve. Mais une fois le maillot or sur les épaules se pose un autre problème: comment exister dans l'ombre de la star Kobe Bryant ? Ronny Turiaf a trouvé la réponse en faisant de l'arrière All-Star un allié. Un ami. Et même si l'intérieur français a moins joué en play-offs qu'en saison régulière, il n'entend pas bouder son plaisir avant les Finales qui opposeront la franchise californienne aux Boston Celtics, au meilleur des sept matches.
Avec seulement 9,6 minutes de jeu en moyenne par match depuis le début des phases finales, contre 18,7 minutes le reste de l'année, Turiaf a logiquement vu son rendement baisser (2,1 points, 1,8 rebonds contre 6,6 points, 3,9 rebonds). "Je ne vais pas faire la fine bouche. Bien sûr que j'aimerais jouer plus, mais il y a d'autres joueurs et un coach qui fait ses choix, explique-t-il dans les colonnes de 20 Minutes. C'est à moi de bosser dur pour m'imposer, et j'apprends beaucoup." Comment pourrait-il en être autrement quand un monstre de travail comme Bryant le prend sous son aile et lui enseigne "la persévérance et la perfection" ?
Face aux San Antonio Spurs, en finale de la conférence Ouest, les Lakers n'ont eu besoin que de cinq matches pour en terminer (4-1). Une série qui a permis à Tony Parker, meneur de jeu des Texans, champions NBA l'an passé, de passer le témoin tricolore à son compatriote. "C'est bien pour moi et pour le basket français d'avoir un joueur en Finales NBA. Avec ce succès face aux Spurs, j'arrive presque au sommet de l'Himalaya", lâche-t-il, du haut de ses 2,08 mètres, sur les ondes de RMC. Le prochain obstacle, les Celtics, tombeurs des Detroit Pistons à l'Est (4-2), ne sera pas le plus simple à franchir car la franchise du Massachussetts a terminé la saison régulière en tête des bilans. Mais Turiaf y croit.
"Emmerder au maximum, même quelques minutes"
Bosseur de l'ombre cantonné au bout du banc par son coach, Phil Jackson, le Français ne vit que sa troisième saison dans la Ligue nord-américaine depuis son départ de l'université de Gonzaga, à l'été 2005. Et sa trajectoire a croisé celle des poids lourds des raquettes. "Là, j'ai joué contre Duncan, un des mecs que j'admirais quand j'étais à l'Insep. Même si ce n'est que quelques minutes, je me donne à fond et j'essaie de l'emmerder au maximum pour qu'il prenne des shoots difficiles." Jeudi soir, lors du premier match des Finales contre les Celtics, au TD Banknorth Garden de Boston, "il y aura des monuments comme Kevin Garnett. Ce sera chaud !"
Et qui sait, si "Master Zen" lui accorde davantage sa confiance, peut-être Turiaf pourra-t-il jouer des coudes avec Kendrick Perkins et grappiller des minutes à Pau Gasol, titulaire au poste cinq des Lakers ? "On est en Finales NBA, c'est énorme. Seulement, le travail ne s'arrête pas là, il reste une marche à gravir", prévient-il. L'histoire ne retient que les vainqueurs. Tony Parker, triple champion avec San Antonio et MVP des Finales l'an dernier, en sait quelque chose. Alors oui, Ronny Turiaf n'aura pas le même impact que "TP", mais ce n'est pas son rôle, ni son ambition première. Lui veut escalader les échelons, un à un. Et se faire un nom. Cela passe par une bague au doigt. Au rabais diront certains. Il s'en contentera.
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