Tree of life est un cas différent, je l'ai mis dans ma liste mais je suis d'accord avec le critique sortant du visionnage à Cannes :
https://www.youtube.com/watch?v=nCZ5baEQBGc
1h30 pour la poubelle, le reste c'est du grand cinéma
Cela peut foutre les boules parce que Malick alterne les fautes de goût et le prodigieux.
Il y a comme deux films, l'un très classique mais pour autant filmé avec son style parfois irritant lorsque sa caméra mobile semble en faire trop puis à d'autres moment au contraire elle semble être comme le vent et s'affranchir des contraintes. Elle entre dans la maison de cette famille naturellement comme un courant d'air et cela devient génial. Sa partie recentrée sur les relations femme époux, frères entre eux, et relation père et aîné des fils est remarquable de finesse psychologique et la réalisation d'un très bon niveau. Il est vraiment fort à ce moment, seulement lorsqu'il veut englober ce microcosme familial dans plus grand, il se plante dans de l'indigeste du kitsch new age (oui cela peut marcher ensemble
) et sa kabbale vire à une représentation assez ridicule.
Cet Arbre de Vie peut être vu comme la représentation du processus de création mettant à l'œuvre, tant dans le Macrocosme qu'est l'Univers que dans le Microcosme qu'est l'Être Humain, des énergies ou puissances créatrices émanant du Créateur. La mystique de la Kabbale utilise l'Arbre de Vie pour tenter de distinguer l'Essence Infinie (En Sof) d'un Dieu Unique et Créateur, de la manière dont il a créé à partir du vide (ex nihilo) ce monde fini (Sof) qui est le nôtre.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arbre_de_Vie_(Kabbale)
Son erreur est de vouloir représenter ce qui me semble difficile de l'être, Jane Campion par exemple y parvient mieux dans Bright Star et la dimension de son jeunes couples d'amoureux est posé dans un cadre naturaliste assez évident mais avec délicatesse. Malick adopte lui le style pompier conçu par ordinateur.
Mais son talent dans la bonne partie surnage aisément de la production actuelle. Je trouve cet extrait de la partie "famille" par exemple et là il y a une réalisation intéressante à commenter :
https://www.youtube.com/watch?v=_3cj3lHaWh4
La caméra de Malick ne virevolte pas, le fils aîné s'approche de son père car il sait qu'il a besoin de lui. Son père n'est pas de nature à se plaindre et donne toujours le change du père à la stature autoritaire et inébranlable. Il veut une réussite pour son fils et est plutôt à lui foutre une dérouillée que lui accorder de l'amour, perçu comme un signe de faiblesse. C'est le rôle de la mère dans cette famille américaine aux stéréotypes bien ancrés de l'époque et l'objet de querelles entre les époux. Le hic est que le père perd son job et l'ambiance de la famille se dégrade car il n'est pas armé pour communiquer autrement avec eux. Il se retrouve en position de faiblesse dans l'image qu'il veut renvoyer de lui.
La scène est silencieuse et c'est du cinéma de l'image, le cinéma de la plus grande noblesse débarrassé d'un dialogue superflu à la con. La caméra suit le fils de dos s'approcher en diagonale de la cage dans lequel est enfermé son père. La porte est restée ouverte comme un appel peut-être et il marque un temps d'arrêt à l'embrasure. La caméra se fixe un temps sur le père tournant le dos comme il a toujours fait sauf que le plan provoque un basculement, c'est le père qui est à terre dans une position proche du fœtus et le fils debout qui prend la lumière dans ses cheveux blonds. Le père se tourne et donne après un moment semblant interminable son autorisation, le fils entre et vient se placer à côté sans dire mot, le père fait un mouvement de rapprochement tout en jardinant, ils sont côte à côte. C'est du cinéma qui fait penser à Murnau que je vénère tant et Malick connaît aussi. Après le fils devenu âgé et prenant les traits de Sean Penn, apparemment ayant réussi professionnellement comme le voulait tant son père et se retrouvant seul du haut du building dans sa propre cage en verre, c'est plutôt du Lelouch