___ wrote: ↑03 Jan 2020, 19:18
ZDV wrote: ↑03 Jan 2020, 12:01
"« Ce qui domine, c’est l’indignation. J’avais sous les yeux les souffrances (...) alors j’ai grandi comme révolutionnaire, avec les espoirs des déshérités. Qu’aurais-je pu devenir d’autre que socialiste à outrance, blanquiste, plutôt communiste au fond ? »
De qui c'est ?
Mussolini, 15 ans avant le parti fasciste.
L'humain est un animal guidé par des récits, c'est sa spécificité. Il "choisi" plus ou moins le corpus d'un récit, mais c'est changeant, il peut passer d'un récit à l'autre au gré de ficelles émotionelles qui sont constitutive de sa personnalité (sommes des déterminismes). Bien malin, mais alors bien bien malin qui peut réellemnet se définir lui même sur le spectre idéologique pur. D'ailleurs si tout le monde prend des postures en permanance, c'est pour s'auto rassurer de bien rester dans son récit (biais d'avertion à la perte pour beaucoup). Et avec la capacité des humains à autojustifier à peu près tout pour se rendre la réalité supportable, il y a une porosité entre les récits qui est proprement passionnante à tenter de comprendre.
D'autant que le récit a souvent pour fonction de masquer les motivations profondes des actes.
Ce qui me sidère le plus, c'est de voir que malgré plusieurs décennies d'éducation universelle avec pour objectif d'émanciper les individus par la connaissance, on aboutisse à une impuissance générale devant les formes de domestication (ce n'est même plus de la domination à ce stade...) inventées par les possesseurs du capital.
Quoique, pour faire le lien avec un message de Latornade juste au-dessus, peut-être que ça explique pourquoi chez nous, on se laisse un peu moins tondre que de l'autre côté de la Manche ou de l'Atlantique.
Tu t'interroges sur la domestication. Mais elle n'est pas plus forte qu'avant. Qu'une partie de Sapiens, choisisse (progressivement) la sédentarité, c'est à dire le sacrifice de sa santé, de sa taille, de sa dentition (qui ont dégénérés immédiatement) c'était un pas bien plus dur. Et pourquoi ? Pour capter de la calories plus facilement (agriculture). Pour la sécurité. Et ce mode de vie, produisant 1 enfant tous les 18 mois contre 1 enfant tous les 3-4 ans chez les nomades, a faire la différence.
Nous sommes tous, en europe tout du moins, sélectionné pour choisir la sécurité, le confort, notre circuit à récompense dopaminique est hypersensible (satisfaire le besoin de manger, sexe, status social(ego),prendre l'information, économiser son énergie (maximiser son confort).
Entre nous, qui refuserait une opération du coeur pour soi ou son proche, simplement au titre que c'est un effet de la domestication (et du capitalisme productiviste), à savoir l'emprise sur les ressoruces, sur l'énergies, la division des tâches etc.
Quand à la motivation de nos actes, je pense que le récit est le desinhibiteur de l'action. Quand tu te poses, que tu sort de tes schémas mentaux habituels, de tes réflexes, quand tu apprends à penser contre toi...
Et bine si la raison est juste active, je pense que tu te rends compte de la complexité extrême des choses, leur côté éminament chaotique, l'impossibilité à supporter les conséquences de ses actes, dont on ne connais jamais la portée du fait des rétroactions.
Ce sont les récits qui permettent la justification en un tout cohérent, un refuge, une excuse à agir. Je pense que nous en sommes prisonnier quoi qu'il arrive. Quand on tente de s'en sortir, c'est si dur qu'on replonge (parfois dans un nouveau récit, mais on replonge).