En marche En vert wrote: ↑30 Mar 2019, 20:24
Olaf wrote: ↑30 Mar 2019, 19:42
En marche en vert, la question, la vraie, c'est celle-ci : comment TON monde, que tu défends bec et ongles, va survivre sans énergie à bon marché, avec des terres et de l'eau inutilisables, sans les métaux rares dont il a tellement besoin, avec les vagues de migration de plus en plus fortes qui s'annoncent, un climat qui va changer à une vitesse inouie, j'en passe et des meilleures ?
Les alternatives ? Mais ouvre les yeux ! Elles se pensent et s'expérimentent partout autour de toi. Dans les ZAD et dans les banlieues, au fin fond des campagnes comme au coeur des villes.
Seulement votre prétendue "pensée complexe" est INCAPABLE d'imaginer autre chose qu'un système monolithique et descendant. INCAPABLE de voir autre chose que les chiffres de Pôle Emploi et du CAC 40.
Ta question ne prouve qu'une chose : ton inculture crasse et ton manque de curiosité.
Oser parler d'inculture et citer en modèle pour la France les zadistes j'avoue que cela laisse rêveur. C'est pour moi la décadence absolue.
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Quand à tes solutions bien-sûr que je les vois des supérettes collaboratives, du covoiturage...en gros des initiatives micro micro pas un modèle de développement. Elles ont énormément le mérite à exister sauf que tu n'empêcheras pas les gens de préférer aller en Thaïlande pour citer une destination à la mode plutôt qu'à Brioude (même si perso je ne comprends pas mais bon...), Tu n'empêcheras pas les gens de consommer certes des fruits du coin mais aussi des bananes et des mangues. Tu n'empêcheras pas les gens qui ont un boulot top à Lyon de vivre à saint Etienne. Et s'il y a bien une chose dont je suis persuadé c'est que tu ne donneras jamais envie à 95% des gens de vivre comme des zadistes.
On a un modèle de développement qui a ses limites, mais limites qu'on repousse de plus en plus. Est ce que ça sera suffisant je sais pas. Mais je sais qu'il y a toujours plus de chances qu'on s'en sorte par la science et le progrès que par un monde dont tu rêves mais qui a 0% de chances de survenir.
Alors, la v’là, ma réponse : ta société que tu défends tant, y a 250 ans, elle était complètement embryonnaire et personne ne pouvait la prévoir – sauf peut-être des esprits éminemment supérieurs. On vivait sous une monarchie de droit divin qui semblait éternelle (même les Lumières, sauf Rousseau, ne remettaient guère en cause ni le principe monarchique, ni le principe divin, fussent-ils sous d’autres formes) ; les machines étaient encore l’apanage des géo-trouvetout de tous poils ; l’industrie (ou ce qui en tenait lieu) se cantonnait aux métiers à tisser et aux moulins ; on se déplaçait quasi uniquement grâce aux chevaux ; l’abolition des frontières était une hérésie et Michel Drucker n’était pas né.
Sans remonter aussi loin, suffirait de mettre les grands-parents morts des gilets jaunes (des gens nés entre 1880 et 1930, quoi) dans une grande arène dans l’Au-Delà, et de leur faire une présentation powerpoint : voici la vie de vos petits-enfants. Déjà, ils hallucineraient devant le powerpoint, mais encore plus devant le reste : la majorité du temps d’éveil se passe devant des écrans ; les gens ne produisent plus rien eux-mêmes mais travaillent pour tout acheter (et si possible, sans même avoir à cuisiner/repriser/bricoler derrière) ; les paysans auront disparu au profit d’entrepreneurs agricoles vivant uniquement grâce à des subventions ; on jette autant qu’on ne consomme (sinon plus) ; les animaux de leur quotidien sont devenus des pièces de musée qu’on exhibe dans des zoos ou des « fermes pédagogiques » ; y a tellement de bagnoles qu’en ville c’est la guerre avec les piétons ; pour trouver un produit fabriqué en France, faut soit se lever tôt, soit avoir la bourse à Rothschild ; d’ailleurs les Français ont développé leur palette de couleurs épidermiques ; les Bosches sont nos meilleurs amis ; les femmes ont le droit de vote ; etc.
La vie, ça se révolutionne tout le temps, et tu t'en rends compte 2 ou 3 générations après, et ceci sans que personne n’ait formalisé un programme global et précis pour y arriver. Donnée empirique.
Je pense qu’on n’a plus le temps malheureusement. Mais admettons qu’on l’ait.
Quand je parle des alternatives, je parle pas que des communautés intégrées type ZAD - eux pour moi c’est une avant-garde : on ne sera jamais une société de zadistes, mais la crème de ce qu’ils auront expérimenté infusera toute seule (ouais je sais, c’est bizarre comme image, une crème qui infuse ; je ne suis pas Chateaubriand, désolé).
Ça peut être les PTCE, ça peut être les exploitations agricoles urbaines (de plus en plus nombreuses), ça peut être les boîtes textiles qui recréent une filière nationale en ce moment sous nos yeux, ça peut être la myriade de projets autour du réemploi, ça peut être ceux qui refusent de prendre l’avion (regarde en Suède, ils ont même créé un salon pour eux), ça peut être l’asso de quartier qui tient (gratuitement, joyeusement et bénévolement) le rôle d’une conciergerie, ça peut être le petit patron qui tient à bien payer ses employés, ça peut être une banque qui refuse de financer le moindre projet qui ne colle pas à ses valeurs (La Nef), j’en passe et des milliards, ça peut être le cadre d’Altice qu’en a marre de sa vie merdique et absurde et qui essaie de se reconvertir dans un truc qui lui donne envie de se lever le matin, etc.
Je vais te prendre un exemple précis, qui n’a rien d’anarcho-gauchiste : les Alchimistes, qui développent le projet de poser un peu partout des composteurs semi-industriels…à vocation MICRO-LOCALE en milieu urbain. Hors de question pour eux d’affréter une flotte de poids lourds pour engorger les routes/polluer l’air/détruire la qualité de vie des riverains pour aller déverser le compost dans des méga usines de méthanisation (qui ont le même inconvénient que les camions) en spéculant sur le cours de je ne sais quel machin - le tout en accordant une grande place à l’animation de quartier, voire, au moins sur un de leurs sites, en coopération (et aps en compétition !) avec d'autres entreprises, l'accompagnement des initiatives citoyennes. Ah oui, c’est pas une asso de babas rêveurs : c’est une SAS (fondée par l’un des gars qu’a créé Etic ; tu connais Etic ? Sont pas parfaits, mais entre eux et une foncière classique…)
Ils prennent le contrepied de la société industrialo-suicidaire qui est la nôtre : revenir à taille humaine, remettre l’humain au centre et là l'initiative des actions (et pas des discours), refuser l’aliénation qui est celle de la rentabilité du capital.
C'est à l'échelle d'un territoire de vie que ça doit se jouer, la transition. C'est pour ça que vous êtes incapable de l'envisager : vous avez peur de la liberté. Vous avez besoin d'un Guide qui depuis l'Elysée, montre la voie à toute la Nation, et que ça descende de manière uniforme. Pfff. Et après c'est nous les égalitaires forcenés.
A partir de là, quel programme pour un Etat centralisé ? Pas compliqué : aider ce type de projets à tenir la route, en ne se substituant surtout pas à eux. Comment ça se passe ?
- Propriété foncière : lutter par tous les moyens contre la propriété foncière individuelle. C’est une invention de la fin du Moyen-Age, et c’est une catastrophe. La « commune », c’est quoi à votre avis, à part l’assise territoriale partagée par les habitants ? Y a plein de foncières partagées qui existent (depuis Etic, justement, jusqu’à Terre de Liens en passant par tous les projets d’habitat coopératif). La terre, c’est un commun dont on aura besoin pour recréer en local les choses nécessaires à la vie : la bouffe, l’eau, l’énergie, les fringues et les objets de première nécessité (et pas en mode industriel, mais en favorisant les projets artisanaux, au max semi-indus. ; en plus, on règlera le problème du chômage et une partie de celui du sens de la vie.) La laisser au Marché, c’est se jeter dans un brasier.
- On arrête de faire les vierges effarouchées sur le protectionnisme. Tout le monde en fait sauf les Européens ; on n’est pas condamnés à être plus cons que le reste du monde. Des droits de douane basés sur des critères écolo ; ce serait rigolo, non ?
- Et puis pour financer tout ça on se recrée des monnaies nationale et locales, qui peuvent tout à fait s’articuler avec l’€. Et me dites pas que c’est pas possible : Facebook envisage de créer la sienne ; eux ils ont compris l’intérêt, ils s’arrêtent pas à des préjugés idéologiques débiles - comme les mafieux inventeurs du Bitcoin.
- Et puis la taxe Tobin, rien que pour faire chier ! Et pas à 0,01% ; à 80%. Et si ça fait fuir les capitaux spéculatifs, eh ben tant mieux ! On gagnera du temps dans la transition.
Et ça, je suis désolé, c’est pas impossible du tout. Tous les leviers existent.