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Il y a tout juste un an, l'Insee annonçait que l'ensemble des mesures fiscales exerceraient en 2018 un effet négatif sur le pouvoir d'achat des Français, et pour son malheur Bercy n'a pas voulu l'entendre!
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Dans leur étude , les économistes de l'Insee décrivent l'impact spécifique de chaque mesure fiscale. Ils notent, entre autres, que la transformation de l'ISF et l'aménagement de la taxation des produits financiers auront un effet positif de 0,3% en 2018 sur le pouvoir d'achat global des Français. Ils signalent également que l'alourdissement des taxations sur le tabac et des carburants exercera une ponction globale de 0,3% et 0,2% respectivement, soit donc de 0,5% pour les taxes indirectes. Par ailleurs l'Insee souligne qu'en raison du calendrier choisi par le gouvernement pour ses mesures (relèvement des taxes et de la CSG au premier trimestre, baisse de la taxe d'habitation au quatrième) l'effet négatif global sur le pouvoir d'achat jouerait essentiellement en début d'année, pour devenir positif ensuite.
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Cette analyse déplaît fortement au gouvernement et dès le 20 décembre, à la sortie du conseil des ministres, Benjamin Griveaux , le porte-parole, réplique: «Nous contestons formellement l'étude de l'Insee pour une raison très simple: le raisonnement est fait à consommation équivalente, or la fiscalité indirecte sur le tabac et sur le diesel a pour vocation de changer les comportements
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L'argument avancé par le gouvernement n'est donc pas dénué de sens, sauf qu'il rate l'essentiel: quelle que soit la réaction des consommateurs dans leurs achats, les hausses de taxes indirectes constituent bel et bien une amputation du pouvoir d'achat. Et cela, que les consommateurs maintiennent leur volume de consommation ou qu'ils le réduisent en réaction à la hausse de prix du produit car ils n'ont pas assez d'argent
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Cette polémique ne manque pas de sel et on peut juger affligeant qu'un gouvernement prenne ainsi ses distances avec ses propres experts dont la rigueur scientifique est reconnue internationalement. Précisons qu'en l'occurrence il ne s'agit pas d'un problème de prévisions, art évidemment difficile, mais d'une simple analyse factuelle de la part de l'Insee pour calculer l'impact financier direct de mesures fiscales, sans préjuger de la réaction des ménages obligés dans certains cas de renoncer à leurs achats.
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Les conseillers de l'Élysée, de Matignon, et plus encore de Bercy dont les questions fiscales relèvent directement, auraient été bien inspirés de prendre acte des analyses de l'Insee au lieu de les dénigrer. Ils y auraient appris trois choses. Que leurs mesures allaient en tant que telles entraîner une diminution du pouvoir d'achat en 2018, qu'elles étaient très mal réparties dans l'année, et que la facture était très discutable socialement, puisque pratiquement seuls les 300.000 contribuables de l'ISF auront été bénéficiaires dans les changements de fiscalité.
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Une triple erreur fatale de jugement, qui constitue un déni de réalité de gros calibre. Et le pire est que certains députés LRREM croient faire aujourd'hui amende honorable en disant que la Macronie a été «trop technique, trop subtile, trop intelligente» (sic) dans son approche de la politique économique.
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"Comment Bercy a refusé de voir l'impact désastreux des taxes sur le pouvoir d'achat en 2018" :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018 ... n-2018.php