paranoid wrote:Justement, l'euro n'a rien à faire dans la liste des maux que tu citais, c'est ce que j'ai voulu dire (et oui, ta métaphore était relativement peu pertinente

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Je ne citais pas des maux, je caricaturais le discours des réacs qui souvent sont contre l'€. D'ailleurs je crois pas que beaucoup de réacs soutiennent encore le minitel
D'ailleurs, pour préciser ma méthode philosophico-analytique (et vice versa), elle peut s'appliquer en général (en admettant une marge de souplesse, hein), mais elle peut aussi s'appliquer au particulier sans préjuger du général*1 (car après tout, on peut imaginer trouver un transgenre, qui fut mère porteuse et soutient les Femen, et qui en même temps décide de s'installer dans une caverne pour vivre de chasse et de cueillette parce que le Néolithique c’était l’âge d’or).
Exemple sur l'€.
Réac = c'était mieux avant, rendez-nous le Franc Fort (version républicaine ou vichyste) / le Napoléon (version bonapartiste) / les Louis d'or (version royaliste) / le Sesterce (version jupitérienne).
Conservateur = Meuh non, l'€ c'est super génial. Allez, on corrige des trucs dans son utilisation parce que ça frotte à certains endroits, mais pas plus. Éventuellement, le seul truc qu'on accepte, c'est de continuer d'étendre la zone € pour aller, pourquoi pas un jour, vers une monnaie unique mondiale - ah, ce serait tellement beau !
Autres = c'est là que ça devient compliqué, parce que les autres, ils partagent pas la solution, mais seulement deux constats :
A/ C'était mieux avant ? Ah bon ? Faut avoir la mémoire courte. Le Franc (et ses ancêtres) a toujours été un instrument de domination de l'Etat central ; alors depuis qu'il est allié avec les bourgeois capitalistes qui savent s'en servir, nous autres on morfle.
B/ L'€, s'est super génial ? Faudrait voir à pas nous prendre pour des cons, on le voit bien que ça l'est pas tant que ça. Non seulement on est toujours aussi dominés qu'avant, mais on n'a même plus l'embryon de pouvoir éphémère qu'on pouvait espérer avoir sur des dirigeants nationaux. Alors OK j’ai plus besoin de passer à la banque avant d’aller manger des pizzas à Naples, mais bon…Salauds de technocrates capitalistes proto-tyranniques.
Le début de solution qui serait le mien, ce serait d'arrêter de monolithiser*2 la monnaie (€, Franc, Paquet) :
- Se rappeler que jusqu’au XVIè siècle environ pour ce qui concerne la France, plusieurs monnaies coexistaient sans que ça pose problème à personne, sinon au Roi…parce que ça donnait trop de manœuvre budgétaire à ses affidés puissants qu’il voulait réduire à coi.
- Considérer qu’ensuite, l’histoire de la monnaie unique en France depuis mettons François 1er jusqu’à Mitterrand, c’est l’histoire de la domination de l’Etat central sur tout le reste, à commencer sur ses sujets/administrés, et que finalement, c’est pas obligé, d’être dominé par l’Etat central (c’est quand même lui qui nous a envoyé à la boucherie en 14 et en 40).
- Remarquer que les économistes sont bien charpentés sur la monnaie ; on n’est pas sur un champ vierge, et on est tout à fait capable d’identifier différents types d’usages et de besoins auxquels répond la monnaie. Bref, admettre que finalement, la monnaie pourrait être vue comme un outil à l’usage de chacun - mettons un tournevis ;
- Constater que se contenter d’un tournevis standard et unique c’est complètement con puisqu’il y a plein de vis de plein de tailles et avec des encoches de formes différentes.
- Constater aussi que de toutes façons, les gens par eux-mêmes en ont marre de leur tournevis standard à la con et en bricolent d’autres plus ou moins bien foutus et ambitieux : bitcoin, monnaies locales, barter, banques de temps, points de fidélité, cartes-cadeaux etc.
- Conclure en se disant que peut-être, de tout ça, on pourrait sortir des trucs un peu plus systémiques et mieux pensés, notamment dans des optiques comme : limiter la thésaurisation et l’accumulation improductive ; limiter la fuite de la monnaie des territoires pauvres vers les riches ; avoir une approche plus souple sur l’inflation, etc.
*1 : Surtout en France : si l'on considère que la langue est révélatrice d'une conception particulière du monde (après tout, c'est par les mots qu'on explicite ce qu'on ressent), alors les francophones sont les types les plus irréguliers et réfractaires du monde, puisque la seule règle de grammaire simple en Français c'est que chaque règle induit une flopée d'exceptions et de cas flous qui appellent des "tolérances" (c'est-à-dire des apories où on ne peut pas trancher tellement c'est complexe) ; sans compter les inventions permanentes*2bis et le refus général de toute réforme simplificatrice. Ça doit être ça, l’identité française. Soyons-en fiers.
*2 et *2bis : Vous voyez, « monolithiser », je suis sûr que ça n’existe pas. Pourtant ça veut bien dire ce que ça veut dire : action de transformer en gros bloc de pierre immuable (monolithe). Le suffixe « -iser » mettant en avant le côté procédural ; ce qui à l’inverse suggère que le processus n’est pas nécessaire et peut être stoppé.