Votre grand débat sur le bac m'intéresse, puisque je viens de passer les épreuves anticipées. Et à mon avis, le problème de ce bac n'est pas seulement qu'on le donne à tout le monde, mais que l'on veut homogénéiser les notes.
Exemple rapide avec le sujet de physique du bac S de cette année. Un exercice est totalement infaisable, avec un énoncé extrêmement peu clair. Du coup, modification du barème, on accorde beaucoup de points aux questions faciles et peu aux questions dures. Mais qui ça valorise ? Les élèves bons qui ont su répondre correctement voient tout leur travail renié, les élèves moyens ou mauvais se retrouvent avec une note surgonflée qui les prépare mal à la suite et à s'autoapprécier correctement. Personne n'est gagnant, mais tout le monde est regroupé... C'est peut-être ça, la nouvelle volonté de l'école. Faire des élèves égaux plutôt que des élèves bons.
(Je vais sûrement passer pour un jeune réac', tant pis
)
D'un autre côté, je comprends cette volonté de donner le bac à tout le monde, car sans bac, on ne peut rien faire. Rien du tout. Et la mention en soi n'est même plus valorisante, puisque le grand accomplissement, c'est TB. Du coup, on ne sait pas trop où placer l'objectif, surtout qu'en S plein de matières qui ne devraient jamais être évaluées bouffent un peu de points par ci par là, sous prétexte d'une "culture humaniste" (sans évaluation au bac, y'a pas de culture, c'est ça ?). Et comme on ne pourrait pas remonter le niveau du bac sans que 4-5 classes d'âge minimum fassent les frais du décalage entre les attentes actuelles et un niveau plus relevé, on ne peut que creuser encore plus bas. Par contre rien n'excuse cette homogénéisation partout où c'est possible, ça c'est juste un délire malsain.
Avec ce trop plein d'inscrits, on peut chercher les causes très loin. Trop de gens à l'université ? Le bac ne filtre rien. On devrait peut-être laisser moins d'élèves accéder à la Terminale générale, surtout S, quand ils n'ont pas le niveau. La faute à quoi ? Au flou dans le choix de la série en Seconde, dans une année sans aucun écrémage où au final on laisse passer un peu tout le monde (les recalés sont surtout des cas désespérés). Pourquoi aussi peu d'écrémage ? La faute au brevet, encore plus risible que le bac. Etc...
Désolé de la digression, je vais revenir sur ce que dit Marat : le manque d'encadrement de l'université. C'est en partie pour ça que je veux faire une CPGE MPSI : à moins d'être extrêmement sérieux et d'acquérir très vite des méthodes de travail (ça ça date de vieux, mes parents me l'ont dit), c'est impossible de tenir à l'université. Le truc c'est qu'à leur époque sortir de l'université semblait avoir son importance alors que maintenant ça fait presque tache sur le CV. Un master en ingénierie fait pouffer de rire à côté d'un diplôme d'école. Du coup on est dans un cercle vicieux entre choix par défaut, manque d'adaptation, abandon de masse, dévalution du diplôme...
Ah, et je précise quand même que je suis issu d'une classe tout ce qu'il y a de plus moyenne. Donc le coup de la prépa réservée à l'élite, c'est une joyeuse connerie qui malheureusement ne peut que décourager les gens issus de classes moyennes ou populaires de viser l'excellence quand ils en ont les moyens intellectuels.
C'est probablement pour ça que, dans les informations sur l'après bac, l'on nous parle finalement très peu de l'université, et surtout des BTS/DUT. C'est pour moi une bonne chose, mais j'ai peur que ça n'ait pas de gros effet.
Pour moi, une amélioration de ce problème très global passe par quelques points :
• Supprimer l'évaluation des matières littéraires (philo, histoire-géographie, français) au bac, et en retirer une ou deux heures au profit des maths ou de la physique. OK pour enseigner une culture humaniste aux futurs scientifiques, pas pour les importuner dans un examen officiel avec des matières où 80% d'entre eux sont nuls. Ça permettrait en plus de faire de la série L une vraie série littéraire plus qu'une série pour les nuls en science comme c'est le cas actuellement, et de ne pas faire de la S un choix par défaut : en gros, trois séries équilibrées avec de vraies particularités. De plus, le programme pourrait être approfondi et on pourrait peut-être revenir à hauteur de pays comme le Pérou*.
• Rendre le Brevet et l'accession en Seconde générale plus difficiles, afin d'avoir un écrémage pour qu'une année de choix importante soit effectuée dans les meilleures conditions.
* : Il n'y a aucun troll, j'écris ça pour une raison bien particulière (que je ne détaillerai pas, j'ai bien trop digressé).