Bien sûr, ce craquage était autorisé par le RCL, pour les 20 ans d'un groupe ultra de Lens...Danish wrote:Ca m’étonnerait: ce genre de craquage de fumi est visiblement bien programmé et organisé à l'avance. Impossible de l'effectuer suite à un but dont l'existence et le minutage sont incertains.Diabolovert wrote:Un craquage comme à Lens aurait encore été possible et peut-être même toléré chez nous aujourd'hui après un but si une poignée de débiles n'avaient pas, avant, été trop loin dans la connerie à répétition!
Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Moderators: Barre transversale, Poteau gauche, Poteau droit, Ligne de but
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Par le club+mairie et on verra demain soir, si ils ont eu le droit de la lfpmerlin wrote:Bien sûr, ce craquage était autorisé par le RCL, pour les 20 ans d'un groupe ultra de Lens...Danish wrote:Ca m’étonnerait: ce genre de craquage de fumi est visiblement bien programmé et organisé à l'avance. Impossible de l'effectuer suite à un but dont l'existence et le minutage sont incertains.Diabolovert wrote:Un craquage comme à Lens aurait encore été possible et peut-être même toléré chez nous aujourd'hui après un but si une poignée de débiles n'avaient pas, avant, été trop loin dans la connerie à répétition!
Pourtant que la montagne est belle, Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? .............vive l'ardeche.................
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Bien d'accord. Sans parler DES GROS CONS qui lancent des projectiles dans la cage du gardien adverse voir sur Ruffier ... ça me rend fouDiabolovert wrote:Des mecs encagoulés qui courent comme des dératés au milieu des autres avec un fumi à la main et escaladant des sièges, j'appelle ça des inconscients et des irresponsables!Tom wrote:c'est ce que proposait Romeyer: quelques personnes qui peuvent allumer des fumis en toute sécurité . c'est joli mais c'est plus du programmé que du craquage post but qui était plus fabuleux . Enfin ce sera une nouvelle forme de craquage totalement contrôlé ou du moins une seule personne peut se brûler le doigt et non 10 autour en le protégeant des caméras.
Un craquage comme à Lens aurait encore été possible et peut-être même toléré chez nous aujourd'hui après un but si une poignée de débiles n'avaient pas, avant, été trop loin dans la connerie à répétition!
"Souvent touché, JAMAIS coulé" JEREMIE JANOT
-
- Posts: 410
- Joined: 29 Aug 2009, 09:00
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Les Ultras Lensois ont au moins compris une chose: il faut s'adapter et même si j'ai l'impression qu'entre vous vous les prenez bien pour des rigolos, eux ont encore leur bâche présente au stade, leurs drapeaux, leurs écharpes et, comble de l'ironie, craquent encore des fumis en chantant alors que vous, les costauds rebelles bornés dissous, vous êtes sur la touche à ruminer vos rancoeurs et que ces Lensois vous mettent clairement la rage même si vous ne l'admettrez jamais!LeForezLibre wrote:N'importe quoi Romeyer c'est pas Obama, il aurait rien changé.Diabolovert wrote: Un craquage comme à Lens aurait encore été possible et peut-être même toléré chez nous aujourd'hui après un but si une poignée de débiles n'avaient pas, avant, été trop loin dans la connerie à répétition!
En plus, craquer au bord du terrain après un but, mais vraiment arrêtez de vous faire retourner le cerveau. Aujourd'hui, en Kop Sud, des gens sont interdits de stade pour être monté sur une barrière et tu me parles de craquer devant la tribune, à côté de stadiers qui mettent des coups de taser à ceux qui descendent de la barrière
Quand aux coups de Taser (pas de plaintes?), ils sont inadmissibles et même si cette société de sécurité est clairement minable, faut-il vous remettre le vieux grillage et vous revoir parqués comme des animaux de zoo pour que chacun reste dans son coin imparti sans brancher l'autre?
P² est devenu le forum officiel des GA ou quoi?
-
- Posts: 2756
- Joined: 21 May 2011, 14:26
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
"Vous" ? Je ne suis qu'un lambda du Kop Sud très intéressé par le sujet et qui, ayant la majorité des faits ayant eu lieu depuis 2 ans, a choisi de défendre ceux qui m'ont amené à Geoffroy.Diabolovert wrote:
Les Ultras Lensois ont au moins compris une chose: il faut s'adapter et même si j'ai l'impression qu'entre vous vous les prenez bien pour des rigolos, eux ont encore leur bâche présente au stade, leurs drapeaux, leurs écharpes et, comble de l'ironie, craquent encore des fumis en chantant alors que vous, les costauds rebelles bornés dissous, vous êtes sur la touche à ruminer vos rancoeurs et que ces Lensois vous mettent clairement la rage même si vous ne l'admettrez jamais!
D'ailleurs le groupe Red Tigers vit tellement dans un monde parfait qu'au début de l'année 2012, il s'était mis en sommeil et avait commencé à annoncer un peu partout une... auto-dissolution. Le genre de trucs qu'on sait quand on s'intéresse un peu au sujet avant de déverser sa rage ?
Ce qui a changé ? Un club qui est venu les re-chercher (malgré les menaces de dissolution par l'Etat, les interdictions de tifos...) malgré le fait qu'ils soient dans le collimateur, parce qu'il était mal sportivement et que la campagne d'abonnement s'annonçait comme la plus mauvaise de l'histoire de Bollaert. Du coup, le club s'est rendu compte qu'en Ligue 2, sans Red Tigers le stade était vide et qu'ils avaient besoin d'eux. En gros, s'ils sont là, c'est parce qu'ils ont de bonnes relations avec Martel qui les a presque sauvé avant de leur autoriser de rentrer sur la pelouse pour craquer et de les rencontrer très souvent.
Voilà pour eux. Ce qu'est le Kop Sud actuellement, le kop lensois l'a été durant 6 mois. Avant de se rendre compte que ça allait tuer la campagne d'abonnement. On verra l'an prochain s'il n'y a pas de Coupe d'Europe...
Last edited by LeForezLibre on 19 Feb 2014, 23:04, edited 2 times in total.
-
- Posts: 5034
- Joined: 17 Aug 2011, 14:30
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Je peux t'assurer que tu fais erreur sur de nombreux points.Diabolovert wrote:Les Ultras Lensois ont au moins compris une chose: il faut s'adapter et même si j'ai l'impression qu'entre vous vous les prenez bien pour des rigolos, eux ont encore leur bâche présente au stade, leurs drapeaux, leurs écharpes et, comble de l'ironie, craquent encore des fumis en chantant alors que vous, les costauds rebelles bornés dissous, vous êtes sur la touche à ruminer vos rancoeurs et que ces Lensois vous mettent clairement la rage même si vous ne l'admettrez jamais!LeForezLibre wrote:N'importe quoi Romeyer c'est pas Obama, il aurait rien changé.Diabolovert wrote: Un craquage comme à Lens aurait encore été possible et peut-être même toléré chez nous aujourd'hui après un but si une poignée de débiles n'avaient pas, avant, été trop loin dans la connerie à répétition!
En plus, craquer au bord du terrain après un but, mais vraiment arrêtez de vous faire retourner le cerveau. Aujourd'hui, en Kop Sud, des gens sont interdits de stade pour être monté sur une barrière et tu me parles de craquer devant la tribune, à côté de stadiers qui mettent des coups de taser à ceux qui descendent de la barrière
Quand aux coups de Taser (pas de plaintes?), ils sont inadmissibles et même si cette société de sécurité est clairement minable, faut-il vous remettre le vieux grillage et vous revoir parqués comme des animaux de zoo pour que chacun reste dans son coin imparti sans brancher l'autre?
P² est devenu le forum officiel des GA ou quoi?
Notamment les MF et les GA pour leur anniversaires respectifs se seraient vu refuser un craquage encadré. Idem pour les cierges magiques en Europa league (bien que utiliser "en fraude" ensuite sans sanction).
A confirmer mais je ne pense pas me montrer il me semble même avoir lu cette infos ici.
Bien dommage sinon me ton agressif de ton post.
Et a mon avis le forum est loin d'être le lieu de rencontre des GA car aux dernières nouvelles les responsables ne s'expriment pas sur internet, ni même leur membre.
Tout simplement (a mon avis) bon nombre de supporters déplorent la tournure des événements et beaucoup voit le vent tourner et se range "de leur côté".
-
- Posts: 410
- Joined: 29 Aug 2009, 09:00
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Je ne demande que ça qu'on puisse définitivement me convaincre pour me ranger aussi. Mon précédent post ne se veut pas agressif mais persuadé que la tournure des évènements, aurait pu prendre un tout autre sens en mettant une simple goutte d'eau dans son vin! Engager le bras de fer contre toutes les institutions du pays n'était pas tenable sans y laisser sa peau! C'est une énorme histoire partie en sucette qui fait saigner tous nos coeurs de supporters, GA ou pas, et même le mien aussi parce que moi aussi je pense que c'est un énorme gâchis et que ça été trop loin dans l'escalade pour, au départ, une histoire de quelques fumis interdits craqués n'importe quand, à la sauvette par 2 ou 3 provocateurs.Sempre Sainté wrote:Je peux t'assurer que tu fais erreur sur de nombreux points.Diabolovert wrote:Les Ultras Lensois ont au moins compris une chose: il faut s'adapter et même si j'ai l'impression qu'entre vous vous les prenez bien pour des rigolos, eux ont encore leur bâche présente au stade, leurs drapeaux, leurs écharpes et, comble de l'ironie, craquent encore des fumis en chantant alors que vous, les costauds rebelles bornés dissous, vous êtes sur la touche à ruminer vos rancoeurs et que ces Lensois vous mettent clairement la rage même si vous ne l'admettrez jamais!LeForezLibre wrote:N'importe quoi Romeyer c'est pas Obama, il aurait rien changé.Diabolovert wrote: Un craquage comme à Lens aurait encore été possible et peut-être même toléré chez nous aujourd'hui après un but si une poignée de débiles n'avaient pas, avant, été trop loin dans la connerie à répétition!
En plus, craquer au bord du terrain après un but, mais vraiment arrêtez de vous faire retourner le cerveau. Aujourd'hui, en Kop Sud, des gens sont interdits de stade pour être monté sur une barrière et tu me parles de craquer devant la tribune, à côté de stadiers qui mettent des coups de taser à ceux qui descendent de la barrière
Quand aux coups de Taser (pas de plaintes?), ils sont inadmissibles et même si cette société de sécurité est clairement minable, faut-il vous remettre le vieux grillage et vous revoir parqués comme des animaux de zoo pour que chacun reste dans son coin imparti sans brancher l'autre?
P² est devenu le forum officiel des GA ou quoi?
Notamment les MF et les GA pour leur anniversaires respectifs se seraient vu refuser un craquage encadré. Idem pour les cierges magiques en Europa league (bien que utiliser "en fraude" ensuite sans sanction).
A confirmer mais je ne pense pas me montrer il me semble même avoir lu cette infos ici.
Bien dommage sinon me ton agressif de ton post.
Et a mon avis le forum est loin d'être le lieu de rencontre des GA car aux dernières nouvelles les responsables ne s'expriment pas sur internet, ni même leur membre.
Tout simplement (a mon avis) bon nombre de supporters déplorent la tournure des événements et beaucoup voit le vent tourner et se range "de leur côté".
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
J'ai retrouvé un article de Sofoot datant de septembre 2012 sur le sujet des fumigènes, pour relancer le débat. Désolé si cet article est déjà arrivé sur ce sujet.
http://www.sofoot.com/on-peut-utiliser- ... 61547.html" onclick="window.open(this.href);return false;
L'article montre l'expérience fumigène en Norvège. J'étais passé à côté lors de sa parution, mais il reste bien entendu d'actualité. Il montre les réticences des différentes instances (nationales et européennes) sur le sujet, et ce même si la pratique est sécurisée, encadrée, contrôlée.
Il explique aussi en donnant un exemple concret comment on peut justement utiliser des fumis en toute sécurité dans un stade, chose qui restait abstraite pour moi jusqu'à maintenant.
La grande différence qui ressort de cet article, c'est entre le "supportariat" Norvégien et Français (ce n'est peut-être pas uniquement français, peut-être dirons-nous latin). On sent les norvégiens très respectueux des règles, et essaient par toutes les voies légales de faire adopter leur pratique dans le stade.
Tandis que notre modèle est plus de se rebeller face aux règles, de se battre, quitte à y perdre des plumes. C'est une mentalité d'ailleurs très présente dans notre société, et pas qu'au niveau du "supportariat".
Ne voyez pas mon commentaire comme une critique, mais plutôt comme une constatation de la situation. Si je me fourvoie, ou s'il me manque des éléments, n'hésitez pas à me le faire remarquer. J'attends vos remarques.
http://www.sofoot.com/on-peut-utiliser- ... 61547.html" onclick="window.open(this.href);return false;
L'article montre l'expérience fumigène en Norvège. J'étais passé à côté lors de sa parution, mais il reste bien entendu d'actualité. Il montre les réticences des différentes instances (nationales et européennes) sur le sujet, et ce même si la pratique est sécurisée, encadrée, contrôlée.
Il explique aussi en donnant un exemple concret comment on peut justement utiliser des fumis en toute sécurité dans un stade, chose qui restait abstraite pour moi jusqu'à maintenant.
La grande différence qui ressort de cet article, c'est entre le "supportariat" Norvégien et Français (ce n'est peut-être pas uniquement français, peut-être dirons-nous latin). On sent les norvégiens très respectueux des règles, et essaient par toutes les voies légales de faire adopter leur pratique dans le stade.
Tandis que notre modèle est plus de se rebeller face aux règles, de se battre, quitte à y perdre des plumes. C'est une mentalité d'ailleurs très présente dans notre société, et pas qu'au niveau du "supportariat".
Ne voyez pas mon commentaire comme une critique, mais plutôt comme une constatation de la situation. Si je me fourvoie, ou s'il me manque des éléments, n'hésitez pas à me le faire remarquer. J'attends vos remarques.
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
En général, les études sur les groupes Ultra mettent en évidence que les groupes naviguent au cours de leur histoire sur une ligne rébellion/radicalité --- institutionnalisation/partenariat. Très clairement, les GA, qui étaient il y a 1 an encore un groupe plutôt "institutionnalisé", sont repartis dans la voie de la radicalisation.
Reste la question de l'analyse : pourquoi cette radicalisation ? Pour moi, c'est clairement une répression subite et perçue comme injuste qui l'a provoquée.
Reste la question de l'analyse : pourquoi cette radicalisation ? Pour moi, c'est clairement une répression subite et perçue comme injuste qui l'a provoquée.
-
- Posts: 4529
- Joined: 01 Jun 2007, 16:32
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
http://www.fier-panda.fr/article/le-sta ... s-passions" onclick="window.open(this.href);return false;
Le Stade, le théâtre des passions
L’autre soir, pris par un accès de je ne sais quoi, je me suis rendu au Parc Des Princes, enceinte qui servait autrefois de stade au Paris Saint Germain. J’arrive, je m‘installe. Après un pénible avant match animé par un DJ à mèche durant lequel mes proches voisins de sièges sont occupés à agiter frénétiquement un petit fanion ou un ballon gonflable gentiment offert par le club, les joueurs entrent sur la pelouse au son d’un morceau de Phil Collins. Pendant une seconde j’me demande si je ne suis pas à un spectacle du Stade Français…Le match commence, première action dangereuse, je me lève et je braille comme un veau. Le gars derrière moi, me tape sur la fesse et me demande de m’asseoir. Je suis incompréhension, j’aurais été moins surpris s’il m’avait demandé de lui réciter le théorème d'Euler en arithmétique modulaire. Contraint et forcé par ce grand noir en K-Way rouge et oreillette qui s’approche, je m’assois. Grosse faute, l’***_** d’en face savate un de mes joueurs. Ni une ni deux, je traite sa mère et me moque de ses penchants sexuels. Là, le papa d’à côté me demande de modérer mes propos parce que « il y’a des enfants ici. » Un enfant dans un stade, il tenait un ballon. Là, j’ai compris que c’était fini. Je me tais je m’assois, j’ai froid et j’ai payé 40 balles pour regarder un match que j’aurais mieux vu de chez moi.
« Je n’aime pas beaucoup cette idée qu’un match devrait être une grande fête pour les familles, à l’américaine, avec des hots dogs, des chapeaux et des enfants. Le football n’est pas un spectacle comme un autre, c’est une chose sérieuse. Le football ne devrait pas être ludique. » (Alessandro Piperno)
Un stade n’est pas un multiplexe. Un stade n’est pas un centre commercial. Un stade n’est pas une salle de concert. Un stade ne doit pas être beau ou propre. Plutôt le noble Stadio Olimpico de Rome que la vulgaire Allianz Arena de Munich. Les seules odeurs qui doivent y être tolérées sont celle du graillon, de la bière, du gazon et de l’urine de centaines d’hommes, debout la bite au vent, le verre en plastique coincé entre les dents. Des odeurs de foule, des effluves de samedi soir, parce que oui, le stade est un lieu nocturne, un lieu qui vit, qui vibre, qui respire, qui bat. Le stade ne doit pas être un endroit poli et courtois, c’est un espace de liberté individuelle et collective. Pas une zone de non-droit non, mais une zone de droit fluctuant. Moi, je veux continuer à y insulter les mecs d’en face. A traiter le gardien en rouge d’***_** juste parce qu’il aura eu le malheur de dégager le ballon. A imaginer la vie dissolue et les mœurs légères de la maman de l’avant centre en rouge qui, de toute manière, ne me comprendra pas puisqu’il ne parle pas un mot de français. Mais qu’à cela ne tienne, je ne le fais pas contre lui, je le fais pour moi.
« La tragédie est […]une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d’une narration, et qui par l’entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre. » (Aristote)
Dans un stade, on a le droit de ne pas être raffiné ou élégant, on a même le devoir de ne pas l’être. On n’est pas là pour rester assis (d’ailleurs les sièges devraient en être bannis) et se lever uniquement pour applaudir gentiment de belles actions. Non est là pour rester debout, en plein vent, insulter les crevures d’en face et parfois les nôtres aussi. Pour instaurer la fierté aux nôtres et la peur aux autres. On est là pour sauter, tous ensemble, jeunes, vieux, maigres, gros, mecs, meufs. Sauter pour montrer aux enviandés de la tribune d’en face qu’on n’est pas des flamands. On doit avoir le droit de traiter les autres de lécheurs de nœuds, de faire des doigts à tout le monde et n’importe qui, hommes, femmes, enfants. Le stade est le lieu de l’irrationalité, de la déraison. La logique n’y a pas sa place, seules les passions de toutes sortes y sont tolérées. Je veux y avoir le droit d’envoyer mon numéro 10 au four avant, douze minutes plus tard, d’avoir envie de lui chanter « Un Enfant de Toi » de Phil Barney. Le stade produit son propre spectacle, raconte sa propre histoire, son propre récit dont il est à la fois le décor de l’action et l’acteur principal. On doit y être fourbe, de mauvaise foi, grossier mais jamais violent. Le stade ne doit pas être un espace violent, c’est un endroit où là violence individuelle et collective doit être déchargée. Purgée. Un lieu de catharsis aristotélicienne donc.
« Dans la vie de tous les jours je suis, en général, quelqu'un d'assez rationnel, qui analyse les choses et pense beaucoup à ce qu'il fait. Mais quand je me retrouve ensuite dans un stade de football, tout disparait. Tout n'est plus que passion et insultes. C'est absolument idiot et le pire, c'est que je le sais. Mais j'aime ça. » (Martin Caparros)
Le stade est aussi et surtout le lieu de l’amour. Sous touts ses formes. Un endroit plein de sueur et de larmes. Quand tu le quittes tu dois être épuisé, en sueur, avoir la gorge sèche et le souffle court. Epuisé mais satisfait, repus, dans un état de béatitude semblable à celui provoqué par une longue nuit de tendresse avec une jeune escort ou un peu farouche jeune homme. C’est cela la passion. J’ai oublié la plupart des matches auxquels j’ai assisté : les scores, les buteurs, le déroulement de la partie ... plus aucun souvenir. Par contre je me souviens de chaque chant, de chaque odeur, du nombre de marches pour accéder à la tribune. J’ai annulé des sorties en famille ou avec mes meilleurs potes pour me rendre au stade. Pas pour la qualité du jeu proposé qui, je le sais, allait être exécrable, mais pour sentir vivre cette enceinte de bêton, pour communier avec les miens, pour cracher à la gueule des onze mecs en rouge qui sont venus nous défier chez nous, sur notre territoire et pour dire à un enfant de onze piges d’aller niquer son alcoolique de mère. Tout ça parce qu’il ne porte pas les même couleurs que moi. C’est idiot, irrationnel, dénué de tout sens commun, de tout intellect. Cela est purement passionnel. Traitez-moi de pauvre type ou de beauf si cela vous chante, allez-y insultez ma mère. Ici on a le droit. Mais ne venez pas vous plaindre si, en retour, je vous crache au visage en vous traitant de pédé.
« Le sport est un phénomène de civilisation tellement important qu’il ne devrait être ni ignoré ni négligé par la classe dirigeante et les intellectuels » (Pierre Paolo Pasolini)
Le stade est le seul endroit de l’espace public où, chaque semaine, j’ai pu serrer des inconnus dans mes bras. Je me jette contre la poitrine d’un quarantenaire obèse à la face rougeaude qui sent la bière et la sueur. Je me réfugie dans son giron, mon visage sous ses aisselles jaunies et moites. Sur le moment, durant quelques secondes, j’aime cet homme, que je ne connais pas, de toute mon âme. Pendant un bref instant, cette personne représente tout pour moi, la personne la plus importante au monde. Puis, un autre inconnu, m’attrape par le cou, me retourne vers lui, et m’embrasse de toutes ses forces. Il m’aime et je l’aime aussi. D’un amour fraternel et puissant. Un amour de classe, une passion prolétarienne. Des gens que je ne connaissais pas, des gens de tous bords, de toutes sortes, des personnes que j’aurais peut-être détesté dans la vraie vie mais ici, tous les quinze jours, ils étaient mes frères. Je sens les vibrations du béton, la foule debout qui chante, saute, frappe des mains, la seule musique tolérable à l’intérieur de l’enceinte. Des voix. Du rythme. De l’émotion pure. Rien, rien ne sera jamais plus beau qu’un stade qui chante. Debout, écharpes tendues, dans un grand moment de Passion et d’Amour.
Le Stade, le théâtre des passions
L’autre soir, pris par un accès de je ne sais quoi, je me suis rendu au Parc Des Princes, enceinte qui servait autrefois de stade au Paris Saint Germain. J’arrive, je m‘installe. Après un pénible avant match animé par un DJ à mèche durant lequel mes proches voisins de sièges sont occupés à agiter frénétiquement un petit fanion ou un ballon gonflable gentiment offert par le club, les joueurs entrent sur la pelouse au son d’un morceau de Phil Collins. Pendant une seconde j’me demande si je ne suis pas à un spectacle du Stade Français…Le match commence, première action dangereuse, je me lève et je braille comme un veau. Le gars derrière moi, me tape sur la fesse et me demande de m’asseoir. Je suis incompréhension, j’aurais été moins surpris s’il m’avait demandé de lui réciter le théorème d'Euler en arithmétique modulaire. Contraint et forcé par ce grand noir en K-Way rouge et oreillette qui s’approche, je m’assois. Grosse faute, l’***_** d’en face savate un de mes joueurs. Ni une ni deux, je traite sa mère et me moque de ses penchants sexuels. Là, le papa d’à côté me demande de modérer mes propos parce que « il y’a des enfants ici. » Un enfant dans un stade, il tenait un ballon. Là, j’ai compris que c’était fini. Je me tais je m’assois, j’ai froid et j’ai payé 40 balles pour regarder un match que j’aurais mieux vu de chez moi.
« Je n’aime pas beaucoup cette idée qu’un match devrait être une grande fête pour les familles, à l’américaine, avec des hots dogs, des chapeaux et des enfants. Le football n’est pas un spectacle comme un autre, c’est une chose sérieuse. Le football ne devrait pas être ludique. » (Alessandro Piperno)
Un stade n’est pas un multiplexe. Un stade n’est pas un centre commercial. Un stade n’est pas une salle de concert. Un stade ne doit pas être beau ou propre. Plutôt le noble Stadio Olimpico de Rome que la vulgaire Allianz Arena de Munich. Les seules odeurs qui doivent y être tolérées sont celle du graillon, de la bière, du gazon et de l’urine de centaines d’hommes, debout la bite au vent, le verre en plastique coincé entre les dents. Des odeurs de foule, des effluves de samedi soir, parce que oui, le stade est un lieu nocturne, un lieu qui vit, qui vibre, qui respire, qui bat. Le stade ne doit pas être un endroit poli et courtois, c’est un espace de liberté individuelle et collective. Pas une zone de non-droit non, mais une zone de droit fluctuant. Moi, je veux continuer à y insulter les mecs d’en face. A traiter le gardien en rouge d’***_** juste parce qu’il aura eu le malheur de dégager le ballon. A imaginer la vie dissolue et les mœurs légères de la maman de l’avant centre en rouge qui, de toute manière, ne me comprendra pas puisqu’il ne parle pas un mot de français. Mais qu’à cela ne tienne, je ne le fais pas contre lui, je le fais pour moi.
« La tragédie est […]une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d’une narration, et qui par l’entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre. » (Aristote)
Dans un stade, on a le droit de ne pas être raffiné ou élégant, on a même le devoir de ne pas l’être. On n’est pas là pour rester assis (d’ailleurs les sièges devraient en être bannis) et se lever uniquement pour applaudir gentiment de belles actions. Non est là pour rester debout, en plein vent, insulter les crevures d’en face et parfois les nôtres aussi. Pour instaurer la fierté aux nôtres et la peur aux autres. On est là pour sauter, tous ensemble, jeunes, vieux, maigres, gros, mecs, meufs. Sauter pour montrer aux enviandés de la tribune d’en face qu’on n’est pas des flamands. On doit avoir le droit de traiter les autres de lécheurs de nœuds, de faire des doigts à tout le monde et n’importe qui, hommes, femmes, enfants. Le stade est le lieu de l’irrationalité, de la déraison. La logique n’y a pas sa place, seules les passions de toutes sortes y sont tolérées. Je veux y avoir le droit d’envoyer mon numéro 10 au four avant, douze minutes plus tard, d’avoir envie de lui chanter « Un Enfant de Toi » de Phil Barney. Le stade produit son propre spectacle, raconte sa propre histoire, son propre récit dont il est à la fois le décor de l’action et l’acteur principal. On doit y être fourbe, de mauvaise foi, grossier mais jamais violent. Le stade ne doit pas être un espace violent, c’est un endroit où là violence individuelle et collective doit être déchargée. Purgée. Un lieu de catharsis aristotélicienne donc.
« Dans la vie de tous les jours je suis, en général, quelqu'un d'assez rationnel, qui analyse les choses et pense beaucoup à ce qu'il fait. Mais quand je me retrouve ensuite dans un stade de football, tout disparait. Tout n'est plus que passion et insultes. C'est absolument idiot et le pire, c'est que je le sais. Mais j'aime ça. » (Martin Caparros)
Le stade est aussi et surtout le lieu de l’amour. Sous touts ses formes. Un endroit plein de sueur et de larmes. Quand tu le quittes tu dois être épuisé, en sueur, avoir la gorge sèche et le souffle court. Epuisé mais satisfait, repus, dans un état de béatitude semblable à celui provoqué par une longue nuit de tendresse avec une jeune escort ou un peu farouche jeune homme. C’est cela la passion. J’ai oublié la plupart des matches auxquels j’ai assisté : les scores, les buteurs, le déroulement de la partie ... plus aucun souvenir. Par contre je me souviens de chaque chant, de chaque odeur, du nombre de marches pour accéder à la tribune. J’ai annulé des sorties en famille ou avec mes meilleurs potes pour me rendre au stade. Pas pour la qualité du jeu proposé qui, je le sais, allait être exécrable, mais pour sentir vivre cette enceinte de bêton, pour communier avec les miens, pour cracher à la gueule des onze mecs en rouge qui sont venus nous défier chez nous, sur notre territoire et pour dire à un enfant de onze piges d’aller niquer son alcoolique de mère. Tout ça parce qu’il ne porte pas les même couleurs que moi. C’est idiot, irrationnel, dénué de tout sens commun, de tout intellect. Cela est purement passionnel. Traitez-moi de pauvre type ou de beauf si cela vous chante, allez-y insultez ma mère. Ici on a le droit. Mais ne venez pas vous plaindre si, en retour, je vous crache au visage en vous traitant de pédé.
« Le sport est un phénomène de civilisation tellement important qu’il ne devrait être ni ignoré ni négligé par la classe dirigeante et les intellectuels » (Pierre Paolo Pasolini)
Le stade est le seul endroit de l’espace public où, chaque semaine, j’ai pu serrer des inconnus dans mes bras. Je me jette contre la poitrine d’un quarantenaire obèse à la face rougeaude qui sent la bière et la sueur. Je me réfugie dans son giron, mon visage sous ses aisselles jaunies et moites. Sur le moment, durant quelques secondes, j’aime cet homme, que je ne connais pas, de toute mon âme. Pendant un bref instant, cette personne représente tout pour moi, la personne la plus importante au monde. Puis, un autre inconnu, m’attrape par le cou, me retourne vers lui, et m’embrasse de toutes ses forces. Il m’aime et je l’aime aussi. D’un amour fraternel et puissant. Un amour de classe, une passion prolétarienne. Des gens que je ne connaissais pas, des gens de tous bords, de toutes sortes, des personnes que j’aurais peut-être détesté dans la vraie vie mais ici, tous les quinze jours, ils étaient mes frères. Je sens les vibrations du béton, la foule debout qui chante, saute, frappe des mains, la seule musique tolérable à l’intérieur de l’enceinte. Des voix. Du rythme. De l’émotion pure. Rien, rien ne sera jamais plus beau qu’un stade qui chante. Debout, écharpes tendues, dans un grand moment de Passion et d’Amour.
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Si l'on met de côté les insultes que je n'apprécie guère (et qui prennent de plus en plus de places et sont désormais la base des chants les plus repris .. .cf match contre l'on dimanche), cet article montre bien l'évolution du foot moderne alors que le stade devrait rester un lieu "à part".
NB: cela m'est arrivé à moi aussi de serrer dans mes bras des gens en Kop Nord que je ne connaissais pas
NB: cela m'est arrivé à moi aussi de serrer dans mes bras des gens en Kop Nord que je ne connaissais pas
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
ça fait du bien de lire ça.
-
- Posts: 5064
- Joined: 03 Sep 2005, 18:52
- Location: tahiti of course !!!
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
un texte qui décrit bien en effet la malheureuse evolution et de ce que l'on veut faire des stades hélas.hcatteau wrote:Si l'on met de côté les insultes que je n'apprécie guère (et qui prennent de plus en plus de places et sont désormais la base des chants les plus repris .. .cf match contre l'on dimanche), cet article montre bien l'évolution du foot moderne alors que le stade devrait rester un lieu "à part".
NB: cela m'est arrivé à moi aussi de serrer dans mes bras des gens en Kop Nord que je ne connaissais pas
aprés les insultes, vous croyez que j'ai dit quoi lors du tacle de diawarra week end dernier ? un bon gros et gras en.....dégage !! arbitre tu as de la m....dans les yeux . et j'etais seul devant ma tv ....
Ici c'est le lagon !!
-
- Posts: 5064
- Joined: 03 Sep 2005, 18:52
- Location: tahiti of course !!!
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
je crois meme qu'au parc le 15/03 je vais me faire virer....
Ici c'est le lagon !!
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Parenthèse sur la musique d'entrée au Parc et juste pour ma gouverne, il me semble que ça fait longtemps que c'est Genesis?
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
L'Essor vient de publier cet article sur le monde des Ultras.
Leur activité est sujette à tensions. C’est dans ce contexte que la sociologue stéphanoise Bérangère Ginhoux, 31 ans, a soutenu cet automne une thèse monumentale (600 pages, 6 ans de travail) sur les groupes ultras, en particulier ceux de sa ville. Elle espère en tirer un livre. Entretien.
Comment en êtes-vous venue à réaliser cette thèse sur les ultras ?
Je suis passionnée de foot, je le pratique. J’ai été très jeune à G.-Guichard. Plus grande, dans les kops. Voir ce type avec un mégaphone dos au jeu, cet investissement, ça m’a captivée ! Je suis abonnée au kop sud et j’ai été sympathisante des Green Angels. J’ai évidemment lu Génération supporter de Philippe Broussard (1990, référence sur le sujet). Lancée dans des études de sociologie, je rêvais qu’un prof m’accorde de travailler sur ce sujet. Ce fut le cas. Ma thèse lancée en 2007 au sein du centre Max-Weber (université Lyon-Saint-Etienne) – Les Ultras. Sociologie de l’affrontement sportif et urbain – n’est pas une première mais a ses spécificités. Elle fait suite à mes mémoires d’étude. C’est un travail d’observatrice, ne jugeant ni les ultras, ni les décisions judiciaires à leur encontre. Et si Saint-Etienne est son terrain principal, l’objet, ce sont les ultras en général. J’ai beaucoup échangé avec d’autres groupes et aussi les services de sécurité stéphanois, lyonnais, parisiens et même suisses afin d’étudier « l’autre côté ». Chez ces derniers, les spécialisés ultras sont de plus en plus présents…
Etre un ultra, c’est quoi ?
C’est un déviant : vis-à-vis des normes, de son comportement agité par rapport aux spectateurs et autres supporters non ultras : il est debout, chante, sort des fumigènes… Le vrai investi fait de grands sacrifices – vies familiale, sentimentale, études, travail – afin d’animer son stade, organiser les déplacements. Même si à Sainté, il n’est pas le seul à se déplacer et le sait, les ultras se considèrent comme les plus fidèles et se doivent de soutenir l’équipe 90 min quoi qu’il se passe. Chaque groupe a sa particularité mais c’est un monde commun, sur ses codes, sa culture. En fait, être ultra, ce n’est être plus que supporter. Un phénomène à appréhender au-delà du match et même du foot. C’est sans doute le plus de cette thèse : analyser un monde social qui s’autonomise vis-à-vis du foot et des directions de club.
D’où vient le phénomène ? On le dit d’origine italienne ?
Oui, comme l’illustre son vocabulaire : « ultra » donc mais aussi « tifos » et « capo » (animations ; chef, Ndlr). On peut faire remonter sa naissance aux stades italiens des années 60 et le contexte politique alors agité du pays. Il est importé en France dans les années 80 : à Marseille en 1984 puis à Nice, Paris et Saint-Etienne qui connaît une première expérience avec les Fighters en 1988 avant les Magic Fans (MF) en 1991 et les Green Angels (GA) en 1992. Il faut différencier ultras et hooligans. Les seconds, de tradition anglaise, sont des bandes informelles avec des pubs pour QG. Ils se battent plus souvent et leurs chants au stade sont spontanés. Même agités, les ultras sont beaucoup plus organisés, hiérarchisés, dans leur statut, actions, animations. Quasi du militantisme. Des associations avec un vrai local. A G.-Guichard, l’ambiance autrefois spontanée dépend d’eux.
Beaucoup dénoncent un caractère sectaire, une violence inhérente…
Un côté sectaire, oui, mais comme dans tout militantisme : religieux, associatif… On peut y faire « carrière », il y a une hiérarchie : responsable local, secrétaire, trésorier, président. La fonction de « méga » (parler dans le mégaphone dos au but) aussi. Prestigieuse mais que tout le monde ne peut pas assurer, réclamant un sacrifice et ne se confondant pas forcément avec celle de leader. Le bureau consulte, discute mais a le dernier mot. Quant à la violence, c’est une part d’eux oui, mais dans le cadre d’une rivalité entre ultras, en plus des animations. Ce qui n’est pas compris, c’est qu’il s’agit d’affrontements seulement entre eux, dans leur monde. Courir après un supporter non ultra n’a aucun intérêt, voire est déshonorant.
Quel est le profil des ultras stéphanois ?
De jeunes hommes, entre 15 et 30 ans issus de toutes les classes sociales même si les moyennes dominent. La plupart sont alors lycéens, étudiants, travailleurs précaires, intérimaires ou chômeurs. La « carrière » type s’arrête entre 25-30 ans quand viennent un emploi stable, une copine, un enfant. Ce qui n’empêche pas de rester au stade, en devenant membre « périphérique ». Une spécificité stéphanoise : des membres actifs de 40 ans. Et l’avis des anciens compte beaucoup ici. Les MF ont un fonctionnement plus rigide que les GA qui, eux, ne se considèrent plus responsables des actes des membres depuis leur auto-dissolution. D’où l’absence de fumigènes en Nord où des consignes sont imposées.
Combien sont-ils à Saint-Etienne ?
Qui est ultra ? Celui qui s’abonne par leur biais ? (Le club propose des abonnements avantageux via les groupes de supporters, donnant parfois une adhésion de facto, Ndlr). Ce mode de « recrutement » a varié dans le temps, les MF ont préféré à un moment donné accorder la carte de membre à part. J’ai des évaluations sur 2010/2011 : le nombre d’abonnés au stade était de 2 000 via les MF, 1 500 via les GA. Les « sympathisants » (cartés ou pas) 1 600 chez les MF et 1 200 chez les GA. Le nombre d’encartés : 300 pour les premiers, 150 pour les seconds. Le « noyau dur » variait, lui, respectivement de 80 à 100 et de 50 à 80.
Avec les derniers événements, est-ce la fin des ultras à Saint-Etienne et en France ?
Après PSG/Caen en 1993, il y a eu la loi Alliot-Marie. Puis la bâche sur les Ch’ti, la mort d’un supporter parisien, les affrontements avec les Marseillais ont précipité les choses avec une médiatisation à outrance, faisant du Parc des princes le moule « consommateurs sages » voulu par les propriétaires du PSG. Les interdictions de stade sont de plus en plus fréquentes et la perspective Euro 2016 aidant, on essaie de les effacer. Avec les événements à Nice, des Stéphanois se sont tirés une balle dans le pied. La judiciarisation, la désolidarisation des autres supporters, notamment à Sainté, attaquent le moral, la motivation d’en être. C’est clairement une période de déclin.
Leur activité est sujette à tensions. C’est dans ce contexte que la sociologue stéphanoise Bérangère Ginhoux, 31 ans, a soutenu cet automne une thèse monumentale (600 pages, 6 ans de travail) sur les groupes ultras, en particulier ceux de sa ville. Elle espère en tirer un livre. Entretien.
Comment en êtes-vous venue à réaliser cette thèse sur les ultras ?
Je suis passionnée de foot, je le pratique. J’ai été très jeune à G.-Guichard. Plus grande, dans les kops. Voir ce type avec un mégaphone dos au jeu, cet investissement, ça m’a captivée ! Je suis abonnée au kop sud et j’ai été sympathisante des Green Angels. J’ai évidemment lu Génération supporter de Philippe Broussard (1990, référence sur le sujet). Lancée dans des études de sociologie, je rêvais qu’un prof m’accorde de travailler sur ce sujet. Ce fut le cas. Ma thèse lancée en 2007 au sein du centre Max-Weber (université Lyon-Saint-Etienne) – Les Ultras. Sociologie de l’affrontement sportif et urbain – n’est pas une première mais a ses spécificités. Elle fait suite à mes mémoires d’étude. C’est un travail d’observatrice, ne jugeant ni les ultras, ni les décisions judiciaires à leur encontre. Et si Saint-Etienne est son terrain principal, l’objet, ce sont les ultras en général. J’ai beaucoup échangé avec d’autres groupes et aussi les services de sécurité stéphanois, lyonnais, parisiens et même suisses afin d’étudier « l’autre côté ». Chez ces derniers, les spécialisés ultras sont de plus en plus présents…
Etre un ultra, c’est quoi ?
C’est un déviant : vis-à-vis des normes, de son comportement agité par rapport aux spectateurs et autres supporters non ultras : il est debout, chante, sort des fumigènes… Le vrai investi fait de grands sacrifices – vies familiale, sentimentale, études, travail – afin d’animer son stade, organiser les déplacements. Même si à Sainté, il n’est pas le seul à se déplacer et le sait, les ultras se considèrent comme les plus fidèles et se doivent de soutenir l’équipe 90 min quoi qu’il se passe. Chaque groupe a sa particularité mais c’est un monde commun, sur ses codes, sa culture. En fait, être ultra, ce n’est être plus que supporter. Un phénomène à appréhender au-delà du match et même du foot. C’est sans doute le plus de cette thèse : analyser un monde social qui s’autonomise vis-à-vis du foot et des directions de club.
D’où vient le phénomène ? On le dit d’origine italienne ?
Oui, comme l’illustre son vocabulaire : « ultra » donc mais aussi « tifos » et « capo » (animations ; chef, Ndlr). On peut faire remonter sa naissance aux stades italiens des années 60 et le contexte politique alors agité du pays. Il est importé en France dans les années 80 : à Marseille en 1984 puis à Nice, Paris et Saint-Etienne qui connaît une première expérience avec les Fighters en 1988 avant les Magic Fans (MF) en 1991 et les Green Angels (GA) en 1992. Il faut différencier ultras et hooligans. Les seconds, de tradition anglaise, sont des bandes informelles avec des pubs pour QG. Ils se battent plus souvent et leurs chants au stade sont spontanés. Même agités, les ultras sont beaucoup plus organisés, hiérarchisés, dans leur statut, actions, animations. Quasi du militantisme. Des associations avec un vrai local. A G.-Guichard, l’ambiance autrefois spontanée dépend d’eux.
Beaucoup dénoncent un caractère sectaire, une violence inhérente…
Un côté sectaire, oui, mais comme dans tout militantisme : religieux, associatif… On peut y faire « carrière », il y a une hiérarchie : responsable local, secrétaire, trésorier, président. La fonction de « méga » (parler dans le mégaphone dos au but) aussi. Prestigieuse mais que tout le monde ne peut pas assurer, réclamant un sacrifice et ne se confondant pas forcément avec celle de leader. Le bureau consulte, discute mais a le dernier mot. Quant à la violence, c’est une part d’eux oui, mais dans le cadre d’une rivalité entre ultras, en plus des animations. Ce qui n’est pas compris, c’est qu’il s’agit d’affrontements seulement entre eux, dans leur monde. Courir après un supporter non ultra n’a aucun intérêt, voire est déshonorant.
Quel est le profil des ultras stéphanois ?
De jeunes hommes, entre 15 et 30 ans issus de toutes les classes sociales même si les moyennes dominent. La plupart sont alors lycéens, étudiants, travailleurs précaires, intérimaires ou chômeurs. La « carrière » type s’arrête entre 25-30 ans quand viennent un emploi stable, une copine, un enfant. Ce qui n’empêche pas de rester au stade, en devenant membre « périphérique ». Une spécificité stéphanoise : des membres actifs de 40 ans. Et l’avis des anciens compte beaucoup ici. Les MF ont un fonctionnement plus rigide que les GA qui, eux, ne se considèrent plus responsables des actes des membres depuis leur auto-dissolution. D’où l’absence de fumigènes en Nord où des consignes sont imposées.
Combien sont-ils à Saint-Etienne ?
Qui est ultra ? Celui qui s’abonne par leur biais ? (Le club propose des abonnements avantageux via les groupes de supporters, donnant parfois une adhésion de facto, Ndlr). Ce mode de « recrutement » a varié dans le temps, les MF ont préféré à un moment donné accorder la carte de membre à part. J’ai des évaluations sur 2010/2011 : le nombre d’abonnés au stade était de 2 000 via les MF, 1 500 via les GA. Les « sympathisants » (cartés ou pas) 1 600 chez les MF et 1 200 chez les GA. Le nombre d’encartés : 300 pour les premiers, 150 pour les seconds. Le « noyau dur » variait, lui, respectivement de 80 à 100 et de 50 à 80.
Avec les derniers événements, est-ce la fin des ultras à Saint-Etienne et en France ?
Après PSG/Caen en 1993, il y a eu la loi Alliot-Marie. Puis la bâche sur les Ch’ti, la mort d’un supporter parisien, les affrontements avec les Marseillais ont précipité les choses avec une médiatisation à outrance, faisant du Parc des princes le moule « consommateurs sages » voulu par les propriétaires du PSG. Les interdictions de stade sont de plus en plus fréquentes et la perspective Euro 2016 aidant, on essaie de les effacer. Avec les événements à Nice, des Stéphanois se sont tirés une balle dans le pied. La judiciarisation, la désolidarisation des autres supporters, notamment à Sainté, attaquent le moral, la motivation d’en être. C’est clairement une période de déclin.
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
600 pages pour définir les ultras.
En plus comme disait Coluche,ça doit être écrit petit avec pas une image dedans
En plus comme disait Coluche,ça doit être écrit petit avec pas une image dedans
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
T'rès bon article .rayonvert wrote:L'Essor vient de publier cet article sur le monde des Ultras.
Leur activité est sujette à tensions. C’est dans ce contexte que la sociologue stéphanoise Bérangère Ginhoux, 31 ans, a soutenu cet automne une thèse monumentale (600 pages, 6 ans de travail) sur les groupes ultras, en particulier ceux de sa ville. Elle espère en tirer un livre. Entretien.
Comment en êtes-vous venue à réaliser cette thèse sur les ultras ?
Je suis passionnée de foot, je le pratique. J’ai été très jeune à G.-Guichard. Plus grande, dans les kops. Voir ce type avec un mégaphone dos au jeu, cet investissement, ça m’a captivée ! Je suis abonnée au kop sud et j’ai été sympathisante des Green Angels. J’ai évidemment lu Génération supporter de Philippe Broussard (1990, référence sur le sujet). Lancée dans des études de sociologie, je rêvais qu’un prof m’accorde de travailler sur ce sujet. Ce fut le cas. Ma thèse lancée en 2007 au sein du centre Max-Weber (université Lyon-Saint-Etienne) – Les Ultras. Sociologie de l’affrontement sportif et urbain – n’est pas une première mais a ses spécificités. Elle fait suite à mes mémoires d’étude. C’est un travail d’observatrice, ne jugeant ni les ultras, ni les décisions judiciaires à leur encontre. Et si Saint-Etienne est son terrain principal, l’objet, ce sont les ultras en général. J’ai beaucoup échangé avec d’autres groupes et aussi les services de sécurité stéphanois, lyonnais, parisiens et même suisses afin d’étudier « l’autre côté ». Chez ces derniers, les spécialisés ultras sont de plus en plus présents…
Etre un ultra, c’est quoi ?
C’est un déviant : vis-à-vis des normes, de son comportement agité par rapport aux spectateurs et autres supporters non ultras : il est debout, chante, sort des fumigènes… Le vrai investi fait de grands sacrifices – vies familiale, sentimentale, études, travail – afin d’animer son stade, organiser les déplacements. Même si à Sainté, il n’est pas le seul à se déplacer et le sait, les ultras se considèrent comme les plus fidèles et se doivent de soutenir l’équipe 90 min quoi qu’il se passe. Chaque groupe a sa particularité mais c’est un monde commun, sur ses codes, sa culture. En fait, être ultra, ce n’est être plus que supporter. Un phénomène à appréhender au-delà du match et même du foot. C’est sans doute le plus de cette thèse : analyser un monde social qui s’autonomise vis-à-vis du foot et des directions de club.
D’où vient le phénomène ? On le dit d’origine italienne ?
Oui, comme l’illustre son vocabulaire : « ultra » donc mais aussi « tifos » et « capo » (animations ; chef, Ndlr). On peut faire remonter sa naissance aux stades italiens des années 60 et le contexte politique alors agité du pays. Il est importé en France dans les années 80 : à Marseille en 1984 puis à Nice, Paris et Saint-Etienne qui connaît une première expérience avec les Fighters en 1988 avant les Magic Fans (MF) en 1991 et les Green Angels (GA) en 1992. Il faut différencier ultras et hooligans. Les seconds, de tradition anglaise, sont des bandes informelles avec des pubs pour QG. Ils se battent plus souvent et leurs chants au stade sont spontanés. Même agités, les ultras sont beaucoup plus organisés, hiérarchisés, dans leur statut, actions, animations. Quasi du militantisme. Des associations avec un vrai local. A G.-Guichard, l’ambiance autrefois spontanée dépend d’eux.
Beaucoup dénoncent un caractère sectaire, une violence inhérente…
Un côté sectaire, oui, mais comme dans tout militantisme : religieux, associatif… On peut y faire « carrière », il y a une hiérarchie : responsable local, secrétaire, trésorier, président. La fonction de « méga » (parler dans le mégaphone dos au but) aussi. Prestigieuse mais que tout le monde ne peut pas assurer, réclamant un sacrifice et ne se confondant pas forcément avec celle de leader. Le bureau consulte, discute mais a le dernier mot. Quant à la violence, c’est une part d’eux oui, mais dans le cadre d’une rivalité entre ultras, en plus des animations. Ce qui n’est pas compris, c’est qu’il s’agit d’affrontements seulement entre eux, dans leur monde. Courir après un supporter non ultra n’a aucun intérêt, voire est déshonorant.
Quel est le profil des ultras stéphanois ?
De jeunes hommes, entre 15 et 30 ans issus de toutes les classes sociales même si les moyennes dominent. La plupart sont alors lycéens, étudiants, travailleurs précaires, intérimaires ou chômeurs. La « carrière » type s’arrête entre 25-30 ans quand viennent un emploi stable, une copine, un enfant. Ce qui n’empêche pas de rester au stade, en devenant membre « périphérique ». Une spécificité stéphanoise : des membres actifs de 40 ans. Et l’avis des anciens compte beaucoup ici. Les MF ont un fonctionnement plus rigide que les GA qui, eux, ne se considèrent plus responsables des actes des membres depuis leur auto-dissolution. D’où l’absence de fumigènes en Nord où des consignes sont imposées.
Combien sont-ils à Saint-Etienne ?
Qui est ultra ? Celui qui s’abonne par leur biais ? (Le club propose des abonnements avantageux via les groupes de supporters, donnant parfois une adhésion de facto, Ndlr). Ce mode de « recrutement » a varié dans le temps, les MF ont préféré à un moment donné accorder la carte de membre à part. J’ai des évaluations sur 2010/2011 : le nombre d’abonnés au stade était de 2 000 via les MF, 1 500 via les GA. Les « sympathisants » (cartés ou pas) 1 600 chez les MF et 1 200 chez les GA. Le nombre d’encartés : 300 pour les premiers, 150 pour les seconds. Le « noyau dur » variait, lui, respectivement de 80 à 100 et de 50 à 80.
Avec les derniers événements, est-ce la fin des ultras à Saint-Etienne et en France ?
Après PSG/Caen en 1993, il y a eu la loi Alliot-Marie. Puis la bâche sur les Ch’ti, la mort d’un supporter parisien, les affrontements avec les Marseillais ont précipité les choses avec une médiatisation à outrance, faisant du Parc des princes le moule « consommateurs sages » voulu par les propriétaires du PSG. Les interdictions de stade sont de plus en plus fréquentes et la perspective Euro 2016 aidant, on essaie de les effacer. Avec les événements à Nice, des Stéphanois se sont tirés une balle dans le pied. La judiciarisation, la désolidarisation des autres supporters, notamment à Sainté, attaquent le moral, la motivation d’en être. C’est clairement une période de déclin.
"Moi Saint-Etienne c'est mon pays, c'est ma raison de vivre ..."
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Yep, son discours me semble plus lucide et plus complet que celui de la plupart des "spécialistes" auto-proclamés du sujet. La Sainté touch, sans doute.
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Voilà comment France Football va prendre un exemple pour en faire une généralité.
Elle est belle la vie de journaliste.
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
et attendez d'avoir vu le reportage de demain soir sur TMC avec comme sujet ultras hools !! ca sent l'amalgame a 10 kms
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Celui qui a fait le dplt avec les supp, il est souvent présent dans l'emission sur l'equip Tv, à partir de 22h30.
un ptit chauve qui a un débit important quand il s'énerve, on comprend rien.
un ptit chauve qui a un débit important quand il s'énerve, on comprend rien.
Pourtant que la montagne est belle, Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? .............vive l'ardeche.................
-
- Posts: 5034
- Joined: 17 Aug 2011, 14:30
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Mais sérieusement qqn croit à ce genre d'articles ?
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Leur activité est sujette à tensions. C’est dans ce contexte que la sociologue stéphanoise Bérangère Ginhoux, 31 ans, a soutenu cet automne une thèse monumentale (600 pages, 6 ans de travail) sur les groupes ultras, en particulier ceux de sa ville. Elle espère en tirer un livre. Entretien.
Comment en êtes-vous venue à réaliser cette thèse sur les ultras ?
Je suis passionnée de foot, je le pratique. J’ai été très jeune à G.-Guichard. Plus grande, dans les kops. Voir ce type avec un mégaphone dos au jeu, cet investissement, ça m’a captivée ! Je suis abonnée au kop sud et j’ai été sympathisante des Green Angels. J’ai évidemment lu Génération supporter de Philippe Broussard (1990, référence sur le sujet). Lancée dans des études de sociologie, je rêvais qu’un prof m’accorde de travailler sur ce sujet. Ce fut le cas. Ma thèse lancée en 2007 au sein du centre Max-Weber (université Lyon-Saint-Etienne) – Les Ultras. Sociologie de l’affrontement sportif et urbain – n’est pas une première mais a ses spécificités. Elle fait suite à mes mémoires d’étude. C’est un travail d’observatrice, ne jugeant ni les ultras, ni les décisions judiciaires à leur encontre. Et si Saint-Etienne est son terrain principal, l’objet, ce sont les ultras en général. J’ai beaucoup échangé avec d’autres groupes et aussi les services de sécurité stéphanois, lyonnais, parisiens et même suisses afin d’étudier « l’autre côté ». Chez ces derniers, les spécialisés ultras sont de plus en plus présents…
Etre un ultra, c’est quoi ?
C’est un déviant : vis-à-vis des normes, de son comportement agité par rapport aux spectateurs et autres supporters non ultras : il est debout, chante, sort des fumigènes… Le vrai investi fait de grands sacrifices – vies familiale, sentimentale, études, travail – afin d’animer son stade, organiser les déplacements. Même si à Sainté, il n’est pas le seul à se déplacer et le sait, les ultras se considèrent comme les plus fidèles et se doivent de soutenir l’équipe 90 min quoi qu’il se passe. Chaque groupe a sa particularité mais c’est un monde commun, sur ses codes, sa culture. En fait, être ultra, ce n’est être plus que supporter. Un phénomène à appréhender au-delà du match et même du foot. C’est sans doute le plus de cette thèse : analyser un monde social qui s’autonomise vis-à-vis du foot et des directions de club.
D’où vient le phénomène ? On le dit d’origine italienne ?
Oui, comme l’illustre son vocabulaire : « ultra » donc mais aussi « tifos » et « capo » (animations ; chef, Ndlr). On peut faire remonter sa naissance aux stades italiens des années 60 et le contexte politique alors agité du pays. Il est importé en France dans les années 80 : à Marseille en 1984 puis à Nice, Paris et Saint-Etienne qui connaît une première expérience avec les Fighters en 1988 avant les Magic Fans (MF) en 1991 et les Green Angels (GA) en 1992. Il faut différencier ultras et hooligans. Les seconds, de tradition anglaise, sont des bandes informelles avec des pubs pour QG. Ils se battent plus souvent et leurs chants au stade sont spontanés. Même agités, les ultras sont beaucoup plus organisés, hiérarchisés, dans leur statut, actions, animations. Quasi du militantisme. Des associations avec un vrai local. A G.-Guichard, l’ambiance autrefois spontanée dépend d’eux.
Beaucoup dénoncent un caractère sectaire, une violence inhérente…
Un côté sectaire, oui, mais comme dans tout militantisme : religieux, associatif… On peut y faire « carrière », il y a une hiérarchie : responsable local, secrétaire, trésorier, président. La fonction de « méga » (parler dans le mégaphone dos au but) aussi. Prestigieuse mais que tout le monde ne peut pas assurer, réclamant un sacrifice et ne se confondant pas forcément avec celle de leader. Le bureau consulte, discute mais a le dernier mot. Quant à la violence, c’est une part d’eux oui, mais dans le cadre d’une rivalité entre ultras, en plus des animations. Ce qui n’est pas compris, c’est qu’il s’agit d’affrontements seulement entre eux, dans leur monde. Courir après un supporter non ultra n’a aucun intérêt, voire est déshonorant.
Quel est le profil des ultras stéphanois ?
De jeunes hommes, entre 15 et 30 ans issus de toutes les classes sociales même si les moyennes dominent. La plupart sont alors lycéens, étudiants, travailleurs précaires, intérimaires ou chômeurs. La « carrière » type s’arrête entre 25-30 ans quand viennent un emploi stable, une copine, un enfant. Ce qui n’empêche pas de rester au stade, en devenant membre « périphérique ». Une spécificité stéphanoise : des membres actifs de 40 ans. Et l’avis des anciens compte beaucoup ici. Les MF ont un fonctionnement plus rigide que les GA qui, eux, ne se considèrent plus responsables des actes des membres depuis leur auto-dissolution. D’où l’absence de fumigènes en Nord où des consignes sont imposées.
Combien sont-ils à Saint-Etienne ?
Qui est ultra ? Celui qui s’abonne par leur biais ? (Le club propose des abonnements avantageux via les groupes de supporters, donnant parfois une adhésion de facto, Ndlr). Ce mode de « recrutement » a varié dans le temps, les MF ont préféré à un moment donné accorder la carte de membre à part. J’ai des évaluations sur 2010/2011 : le nombre d’abonnés au stade était de 2 000 via les MF, 1 500 via les GA. Les « sympathisants » (cartés ou pas) 1 600 chez les MF et 1 200 chez les GA. Le nombre d’encartés : 300 pour les premiers, 150 pour les seconds. Le « noyau dur » variait, lui, respectivement de 80 à 100 et de 50 à 80.
Avec les derniers événements, est-ce la fin des ultras à Saint-Etienne et en France ?
Après PSG/Caen en 1993, il y a eu la loi Alliot-Marie. Puis la bâche sur les Ch’ti, la mort d’un supporter parisien, les affrontements avec les Marseillais ont précipité les choses avec une médiatisation à outrance, faisant du Parc des princes le moule « consommateurs sages » voulu par les propriétaires du PSG. Les interdictions de stade sont de plus en plus fréquentes et la perspective Euro 2016 aidant, on essaie de les effacer. Avec les événements à Nice, des Stéphanois se sont tirés une balle dans le pied. La judiciarisation, la désolidarisation des autres supporters, notamment à Sainté, attaquent le moral, la motivation d’en être. C’est clairement une période de déclin.
Comment en êtes-vous venue à réaliser cette thèse sur les ultras ?
Je suis passionnée de foot, je le pratique. J’ai été très jeune à G.-Guichard. Plus grande, dans les kops. Voir ce type avec un mégaphone dos au jeu, cet investissement, ça m’a captivée ! Je suis abonnée au kop sud et j’ai été sympathisante des Green Angels. J’ai évidemment lu Génération supporter de Philippe Broussard (1990, référence sur le sujet). Lancée dans des études de sociologie, je rêvais qu’un prof m’accorde de travailler sur ce sujet. Ce fut le cas. Ma thèse lancée en 2007 au sein du centre Max-Weber (université Lyon-Saint-Etienne) – Les Ultras. Sociologie de l’affrontement sportif et urbain – n’est pas une première mais a ses spécificités. Elle fait suite à mes mémoires d’étude. C’est un travail d’observatrice, ne jugeant ni les ultras, ni les décisions judiciaires à leur encontre. Et si Saint-Etienne est son terrain principal, l’objet, ce sont les ultras en général. J’ai beaucoup échangé avec d’autres groupes et aussi les services de sécurité stéphanois, lyonnais, parisiens et même suisses afin d’étudier « l’autre côté ». Chez ces derniers, les spécialisés ultras sont de plus en plus présents…
Etre un ultra, c’est quoi ?
C’est un déviant : vis-à-vis des normes, de son comportement agité par rapport aux spectateurs et autres supporters non ultras : il est debout, chante, sort des fumigènes… Le vrai investi fait de grands sacrifices – vies familiale, sentimentale, études, travail – afin d’animer son stade, organiser les déplacements. Même si à Sainté, il n’est pas le seul à se déplacer et le sait, les ultras se considèrent comme les plus fidèles et se doivent de soutenir l’équipe 90 min quoi qu’il se passe. Chaque groupe a sa particularité mais c’est un monde commun, sur ses codes, sa culture. En fait, être ultra, ce n’est être plus que supporter. Un phénomène à appréhender au-delà du match et même du foot. C’est sans doute le plus de cette thèse : analyser un monde social qui s’autonomise vis-à-vis du foot et des directions de club.
D’où vient le phénomène ? On le dit d’origine italienne ?
Oui, comme l’illustre son vocabulaire : « ultra » donc mais aussi « tifos » et « capo » (animations ; chef, Ndlr). On peut faire remonter sa naissance aux stades italiens des années 60 et le contexte politique alors agité du pays. Il est importé en France dans les années 80 : à Marseille en 1984 puis à Nice, Paris et Saint-Etienne qui connaît une première expérience avec les Fighters en 1988 avant les Magic Fans (MF) en 1991 et les Green Angels (GA) en 1992. Il faut différencier ultras et hooligans. Les seconds, de tradition anglaise, sont des bandes informelles avec des pubs pour QG. Ils se battent plus souvent et leurs chants au stade sont spontanés. Même agités, les ultras sont beaucoup plus organisés, hiérarchisés, dans leur statut, actions, animations. Quasi du militantisme. Des associations avec un vrai local. A G.-Guichard, l’ambiance autrefois spontanée dépend d’eux.
Beaucoup dénoncent un caractère sectaire, une violence inhérente…
Un côté sectaire, oui, mais comme dans tout militantisme : religieux, associatif… On peut y faire « carrière », il y a une hiérarchie : responsable local, secrétaire, trésorier, président. La fonction de « méga » (parler dans le mégaphone dos au but) aussi. Prestigieuse mais que tout le monde ne peut pas assurer, réclamant un sacrifice et ne se confondant pas forcément avec celle de leader. Le bureau consulte, discute mais a le dernier mot. Quant à la violence, c’est une part d’eux oui, mais dans le cadre d’une rivalité entre ultras, en plus des animations. Ce qui n’est pas compris, c’est qu’il s’agit d’affrontements seulement entre eux, dans leur monde. Courir après un supporter non ultra n’a aucun intérêt, voire est déshonorant.
Quel est le profil des ultras stéphanois ?
De jeunes hommes, entre 15 et 30 ans issus de toutes les classes sociales même si les moyennes dominent. La plupart sont alors lycéens, étudiants, travailleurs précaires, intérimaires ou chômeurs. La « carrière » type s’arrête entre 25-30 ans quand viennent un emploi stable, une copine, un enfant. Ce qui n’empêche pas de rester au stade, en devenant membre « périphérique ». Une spécificité stéphanoise : des membres actifs de 40 ans. Et l’avis des anciens compte beaucoup ici. Les MF ont un fonctionnement plus rigide que les GA qui, eux, ne se considèrent plus responsables des actes des membres depuis leur auto-dissolution. D’où l’absence de fumigènes en Nord où des consignes sont imposées.
Combien sont-ils à Saint-Etienne ?
Qui est ultra ? Celui qui s’abonne par leur biais ? (Le club propose des abonnements avantageux via les groupes de supporters, donnant parfois une adhésion de facto, Ndlr). Ce mode de « recrutement » a varié dans le temps, les MF ont préféré à un moment donné accorder la carte de membre à part. J’ai des évaluations sur 2010/2011 : le nombre d’abonnés au stade était de 2 000 via les MF, 1 500 via les GA. Les « sympathisants » (cartés ou pas) 1 600 chez les MF et 1 200 chez les GA. Le nombre d’encartés : 300 pour les premiers, 150 pour les seconds. Le « noyau dur » variait, lui, respectivement de 80 à 100 et de 50 à 80.
Avec les derniers événements, est-ce la fin des ultras à Saint-Etienne et en France ?
Après PSG/Caen en 1993, il y a eu la loi Alliot-Marie. Puis la bâche sur les Ch’ti, la mort d’un supporter parisien, les affrontements avec les Marseillais ont précipité les choses avec une médiatisation à outrance, faisant du Parc des princes le moule « consommateurs sages » voulu par les propriétaires du PSG. Les interdictions de stade sont de plus en plus fréquentes et la perspective Euro 2016 aidant, on essaie de les effacer. Avec les événements à Nice, des Stéphanois se sont tirés une balle dans le pied. La judiciarisation, la désolidarisation des autres supporters, notamment à Sainté, attaquent le moral, la motivation d’en être. C’est clairement une période de déclin.
Re: Commission de discipline LFP - supporters sur la sellette!
Bien entendu!Sempre Sainté wrote:Mais sérieusement qqn croit à ce genre d'articles ?
La majorité ne s'interesse pas plus que ça a la verité